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Les gros sous du " petit " football tunisien
SONDAGE
Publié dans Le Temps le 22 - 06 - 2009


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Mahmoud Hammami (FTF) : « Une affaire employeur-employé »
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Mongi Bhar (Pdt CSHL) : « surpayés pour 2h de travail par jour »
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Fethi Laâbidi (CSHL) : « Smigard oui, mais j'aspire à mieux »
Mrad Mahjoub (JSK) : « une pression continue »
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Mohamed Achab (ex Pdt ST) : « 200D par mois, c'est à la limite de l'acceptable »
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Abdelmagid Ben Mrad (Ancien joueur EST) : "Préserver et fructufier les gains"
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Arbi Mejri (EST) : « Un rythme à la limite du supportable »
Il n'y a pas très longtemps, questionner un gosse sur sa destinée future était une approche maladroite et pratiquement des plus superflues ; la réponse immuable et quasi unanime était "médecin". Amusez-vous pour l'heure à poser la même question aux gamins même en âge préscolaire et vous serez sidérés par les répliques fusant instantanément de la totalité des enfants : sur dix demandes, sept optent pour footballeur et les trois restants se voient en entraîneurs. Ils vous riraient au nez si d'aventure vous leur proposiez une autre filière ; et la TV, et les journaux, et la notoriété, et les hôtels, et les voyages, et les voitures, et les cafés à chicha, et l'argent, qui nous les garantirait ? qu'ils vous rétorqueraient en chœur !
Pour corroborer cette nouvelle tendance, un petite virée du coté du fief des grosses écuries lors de la période des recrutements des jeunes est on ne peut plus édifiante, des files interminables de parents accompagnant le petit dernier souhaitant ardemment qu'il passe avec brio le test avec un avenir assuré à la clé.
Des salaires faramineux, des montants à la signature du contrat à vous faire dresser les cheveux sur la tête, primes de victoires et de consécrations conséquentes, voiture, logement, frais de téléphone, bons de carburant, de boulangerie, d'épicier, du charcutier, etc.
Même le monumental Platini, patron du football européen (UEFA) a fini récemment par s'offusquer quant aux sommes colossales, extravagantes brassées lors des transferts des joueurs. Criant haut et fort à l'inflation, à la surévaluation et proposant de mettre un terme à pareilles manœuvres jugées exorbitantes par lui.
Mais les premiers bénéficiaires jugent que ce qu'ils perçoivent ne couvre pas comme il se doit leurs sacrifices et privations. Vacances ? Point ! Vie de famille ? Point ! Alimentation libre et normale? Point et strictement surveillée, à base de crudités, pâtes (sucre à dégradation lente), viandes blanches ou poissons et fruits. Même les voyages avec l'équipe se résument en avions, escales interminables, bus, hôtel, terrain, retour au pays. Sans parler du stress et de la pression. Les insultes et attaques verbales font partie de la rubrique pertes et profits pour eux et ils s'en sont largement acclimatés depuis le temps où ils les endurent avec une régularité de métronome.
La part de vérité dans cet inextricable écheveau ? Nos joueurs jouissent-ils d'avantages matériels nettement supérieurs à leurs dus ? Les sacrifices qu'ils consentent justifient-ils pareilles démesures ? Nos entraîneurs, méritent-ils vraiment ces gros paquets qu'ils perçoivent pour deux petites heures par jour de travail selon certains ? Nos instances finiraient-elles par emboîter le pas à l'UEFA en exigeant de la retenue dans ces transactions ?
Des interrogations que nous avons portées à la connaissance de personnes rompues à ce genre de situations et impliquées de près dans le sujet.

Mahmoud Hammami (FTF) : «Une affaire employeur-employé»
Toutes les parties prenantes sont impliquées par ce dossier : clubs, présidents, joueurs et leurs agents, instances décisionnelles, médias, etc.
En ce qui nous concerne, la Tunisie est dans les normes et la fourchette internationale ; plus de la moitié des budgets de nos clubs est allouée aux recrutements, alors que dans le concert mondial, la barre oscille aux alentours de 60%.
Le marché est régi par la loi immuable et individuelle offre demande. C'est la valeur marchande qui règne en maîtresse absolue. S'agissant d'un contrat de travail, et donc de négociations entre employeur et employé, l'article 242 du code des obligations et des contrats ( COC) ne nous permet d'intervenir que dans le cas où une procédure est jugée contraire à l'ordre publique.
Platini prône un plafonnement des budgets de recrutement avec une masse salariale globale n'excédant point un certain pourcentage.
Maîtriser pareils paramètres n'est pas aisé car certains avantages sont octroyés mais non déclarés.
La solution réside à mon avis dans une charte créée par les présidents où tous s'engagent à normaliser le marché, ne plus avoir recours à la surenchère en ne se conformant qu'à la valeur et aux potentialités réelles des sujets de leur convoitise.
Pour conclure, je pense que la démesure n'a pas lieu d'être citée car les joueurs et les entraîneurs font un travail énorme, colossal avec comme corollaire une vie privée grandement perturbée. Sans oublier l'équipe nationale qui tire un grand profit du travail foncier qu'ils effectuent au sein de leur club.

Mongi Bhar (Pdt CSHL) : « surpayés pour 2h de travail par jour »
Bien sûr qu'ils sont surpayés tous autant qu'ils sont. Quel est leur degré d'instruction je vous le demande ? Citez-moi un bac plus 4, voire un bachelier parmi eux ! Très rares parmi eux, ceux pouvant se targuer d'un niveau acceptable. Oui il s'agit bel est bien d'une inflation galopante et nocive. La vie sportive du joueur étant par trop courte, ce dernier tente par tous les moyens d'en tirer le plus grand profit en assurant goulûment son avenir avant de tourner définitivement la page ; et c'est à la limite légitime et compréhensible de sa part. N'oubliez pas que toute sa carrière pourrait être compromise, brisée suite à un tacle appuyé, à une entorse maligne, voire à une rupture ligamentaire.
Volet entraîneurs, un Arthur Georges qui exige 500 mille dinars pour débarquer à Sfax, ou des coaches chez nous percevant entre 8 et 20 millions me laissent rêveur. Pour deux petites heures au maximum par jour passées sur le rectangle vert, je ne vois nullement comment mes collègues se permettent pareilles extravagances criardes à leur endroit.
Concernant mon entraîneur que votre journal a qualifié du smigard de la compétition, je vous signale que je l'ai augmenté en dépit de ma fibre djerbienne réticente, et que l'entente règne parfaitement entre nous deux !

Fethi Laâbidi (CSHL) : « Smigard oui, mais j'aspire à mieux »
Si vous êtes à la quête d'un métier ingrat, ne cherchez pas trop loin car celui de l'entraîneur répond parfaitement à vos doléances. En cas de victoire, ce sont les joueurs d'être encensés par les qualificatifs les plus laudateurs. Côté cour, la défaite est systématiquement imputé au technicien qui aurait mal négocié son affaire. Deux revers de suite, et c'est la sortie par la petite porte avec souvent une attitude inélégante dans la foulée. Un licenciement qu'il apprend par les médias par exemple. L'entraîneur est tenu par assurer le rendement de ses poulains. Il est constamment sous pression et sur la brèche la saison durant. Il se doit de garder son calme et son self-contrôle pour mieux analyser et disséquer les séquences du jeu et prendre les décisions qui s'imposent, ce que vous appelez communément coaching gagnant vous autres.
Chemin faisant, il communique et transmet son stress à sa famille, à son entourage conférant au quotidien, même en dehors des deux petites heures passées sur le terrain, un aspect d'enfer. Pour conclure, je dirai que l'entraîneur est toujours seul. Et ce ne sont point les compensations financières qui risquent de le sortir de sa pénible solitude. Oui je suis le smigard par excellence de la compétition, mais j'aspire grandement à m'améliorer sous peu...

Mrad Mahjoub (JSK) : « une pression continue »
Comparés à nos collègues du khalij, nous sommes extrêmement très mal payés. Cela étant dit, si nous déclinons les offres faramineuses émanant des pays frères, c'est uniquement dans le dessein de réaliser nos aspirations et contribuer à l'essor de notre sport, de nos clubs. L'argent pour moi n'entre pas en ligne de compte comparé à mon désir de laisser mon empreinte là où je passe dans mon pays. Pour preuve je suis à Kairouan alors que les offres mirobolantes sont sur mon bureau du Maroc et d'autres pays arabes. Je veux redorer le blason de la JSK et je ferai tout mon possible pour y parvenir avec la collaboration de la grande famille aghlabite.
La pression nous la vivons à tous les instants avec une épée de Damoclès suspendue sur nos têtes. Nous sommes conscients de la précarité de notre situation, assis entre deux chaises et présentant le fusible de choix pour les présidents. Ces derniers dans le dessein de sauver leur tête du lynchage, procèdent au licenciement de l'entraîneur à la recherche soi disant du fameux choc psychologique. Mais ce faisant, ils ne trompent personne et ne font que protéger leurs arrières de l'onde de choc grondant dans la rue.

Mohamed Achab (ex Pdt ST) : « 200D par mois, c'est à la limite de l'acceptable »
Concernant les joueurs, ce qu'ils perçoivent pourrait être considéré comme étant à la limite supérieure de l'acceptable, du raisonnable. Des garçons vivant pratiquement en reclus loin de leur entourage familial durant pratiquement toute leur vie active sportivement parlant. Mises au vert la veille des matches, stage estival de remise en condition, déplacements fréquents, matches successifs à un rythme souvent soutenu, risque de blessures, brièveté voire absence de repos aux intersaisons pour certains, troubles familiaux et turbulences fréquentes à cause de leurs absences quasi constantes du gîte familial, etc. Vous pensez qu'avec ces 2000 dinars comme salaire en moyenne vous pouvez leur restituer et compenser toutes ces pertes, tous ces aléas ?
En plus la prime de rendement sur tranches ne leur est servie que lorsqu'ils foulent la pelouse en match officiel même durant une poignée de secondes. S'ils sont sur les travées, ou portés sur la feuille du match mais gardant le banc sans faire leur entrée, ils en sont privés. C'est une prime qui se calcule sur la base des participations effectives et réelles aux matches. Un remplaçant qui ne joue pas ne peut y postuler.
Les entraîneurs, même payés grassement contribuent à renflouer les caisses grâce aux titres qu'ils glanent. Les clubs jouant les consécrations ne sont point perdants dans l'affaire car l'affluence du public est telle, que ce qu'ils payent à leur technicien est rapidement épongé avec des gains substantiels dans les caisses.
Par ailleurs ce sont des formateurs et ils contribuent à l'amélioration du niveau de nos jeunes. Que voulez-vous, qu'ont les paye selon le SMIG du code de travail ?

Abdelmagid Ben Mrad (Ancien joueur EST) : "Préserver et fructufier les gains"
Ce n'est plus le même contexte qu'avant. Tout a changé depuis. Avant, on se faisait plaisir en jouant sans penser aucunement à l'argent. Il m'est arrivé de percevoir un (1) dinar comme prime de match mais je m'en formalisais peu. L'essentiel était pour nous de jouer et d'épater le public. Nos stages de l'équipe nationale se déroulaient à la Maison de Jeune du Belvédère. Ceux de l'Espérance à l'auberge des jeunes de Radès. Un match international gagné équivalait à 30dinars comme récompense. On ne s'entraînait que les mardi, mercredi et vendredi pour une durée de 75'. Le meilleur entraîneur de la place percevait 200 dinars par mois.
Actuellement tout le système a changé et je suis heureux pour les bénéficiaires. Pourvu qu'ils gardent une bonne hygiène de vie et sachent comment préserver et fructifier leurs gains car la vie du sportif est très courte et ils doivent se prémunir contre le revers de la médaille.

Arbi Mejri (EST) : « Un rythme à la limite du supportable »
Ceux qui nous lancent des critiques, je voudrais bien les voir à notre place. En été alors que tout le monde jouit des bienfaits de la farnienté, nous autres sommes soumis en stage à trois séances quotidiennes d'entraînement 6h, 10h et 16h. Pour regagner la chambre juste après exténués en quête d'un repos salvateur. Des hôtels de luxe qu'on nous envie, nous ne connaissons que la réception, la chambre, la salle de réunions, le restaurant. Nous y sommes en travailleurs et non en vacanciers. Pareil pour les pays que nous visitons, seuls les terrains et les aéroports figurent dans notre programme. Notre nourriture est des plus restreintes et à la limite lassante en dépit des efforts manifestes pour la diversifier. Nous devons faire constamment attention à notre courbe de poids, aux apports énergétiques superflus, à certains mets qui nous sont déconseillés. Une hygiène de vie rigoureuse avec interdiction absolue de veiller tard.
La fatigue, le stress, la pression, l'ingratitude de certains, les critiques acerbes orchestrées sciemment ou pas et très souvent injustifiées, l'éloignement de la famille, etc finissent qu'on le veuille ou non par lourdement peser sur le mental du joueur. Mais heureusement, que l'entourage proche au club nous protège et nous soutient grandement.


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