Le Temps-Agences - Le chef de la contestation en Iran Mir Hossein Moussavi s'est dit hier la cible de pressions du pouvoir pour renoncer à sa demande d'annulation de la présidentielle remportée par Mahmoud Ahmadinejad, mais a réitéré son appel à poursuivre les manifestations dans le calme. M. Ahmadinejad, pour sa part, a demandé au président américain Barack Obama de ne plus s'ingérer dans les affaires iraniennes. Entre-temps, le grand ayatollah dissident Hossein Ali Montazeri a mis en garde contre la répression des protestations après la réélection controversée de M. Ahmadinejad le 12 juin, qui a fait au moins 17 morts, selon un bilan des médias officiels. Le candidat réformateur à la présidentielle, Mehdi Karoubi, qui comme M. Moussavi accuse le gouvernement de fraude électorale, a renoncé à organiser une cérémonie de deuil en mémoire des manifestants tués, faute d'autorisation. Des manifestations sporadiques spontanées ne peuvent être cependant exclues. M. Moussavi, soutenu par le camp réformateur, s'est dit soumis à des "pressions (qui) visent à (le) faire renoncer à (sa) demande d'annulation de l'élection", selon son site Kalemeh. Il a expliqué que son "accès à la population est complètement limité" par les autorités. "Nos deux sites Internet ont beaucoup de problèmes. La publication de (son journal de campagne) Kalameh Sabz a été interdite et les membres de la rédaction ont été arrêtés. D'autres journaux (réformateurs) sont aussi confrontés à de sévères restrictions". Selon lui, ce musellement est dangereux et pourrait "conduire la nation à plus de violence". Mais il a ajouté que "rien ne pourra (l') empêcher d'obtenir des droits pour le peuple iranien à cause (...) de la peur des menaces" et a réitéré son appel à la poursuite du mouvement de contestation dans le calme. "La principale stratégie qui permettra d'atteindre vos objectifs est de poursuivre la contestation dans le cadre de la loi et du respect des principes de la révolution islamique", a-t-il dit. Même son de cloche chez le dissident Montazeri, dont le rang est le plus élevé dans le clergé chiite en Iran. "Si le peuple ne peut pas revendiquer ses droits légitimes dans des manifestations pacifiques et est réprimé, la montée de la frustration pourrait détruire les fondations de n'importe quel gouvernement, aussi fort soit-il", a-t-il dit, en appelant à poursuivre la contestation dans le calme. Selon des médias, 140 universitaires, journalistes, intellectuels et étudiants ont été arrêtés, dont 70 membres d'associations islamiques d'étudiants ayant rencontré M. Moussavi. La répression ayant été critiquée à l'étranger, M. Ahmadinejad a demandé à M. Obama de cesser de "s'ingérer" dans les affaires de l'Iran, selon l'agence Fars. A Bruxelles, l'ambassadeur d'Iran Ali Asghar Khaji a protesté contre "l'attitude orientée et partiale" de l'Union européenne, l'appelant à "ne pas s'ingérer dans les affaires" de son pays. Le Conseil des gardiens, chargé de valider les résultats, s'est donné jusqu'à lundi pour examiner les plaintes mais a clairement indiqué que cela ne remettrait pas en cause le résultat final.