La tension avec l'Occident persiste Le Temps-Agences - Le pouvoir iranien a accentué la pression contre les partisans de l'opposant Mir Hossein Moussavi et poursuivi hier ses accusations contre l'Occident, affirmant que la CIA américaine était impliquée dans les manifestations contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. Sur le terrain, la forte présence policière a dissuadé quelques centaines d'Iraniens présents à proximité du Parlement à Téhéran de se rassembler en cours d'après-midi, ont affirmé des témoins. Aucune manifestation n'a eu lieu dans la capitale depuis lundi, alors qu'elles étaient quasi-quotidiennes depuis l'annonce le 13 juin de la réélection du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, dans un mouvement de contestation populaire sans précédent depuis la révolution de 79. D'après les témoins, face aux policiers anti-émeutes, quelques centaines de personnes, visiblement venues pour manifester à proximité du Parlement, se sont contentées de déambuler sur les trottoirs sans lancer de slogans. Des rumeurs avaient circulé auparavant sur une nouvelle manifestation à 16H00 locales (12H30 HT). Le guide suprême Ali Khamenei a de son côté réaffirmé que le pouvoir islamique ne cèderait pas à la pression de la rue. "Lors des récents incidents concernant l'élection, j'ai insisté (sur la nécessité) d'appliquer la loi et je continuerai d'insister là-dessus. Ni le système, ni le peuple, ne cèderont à la force", a-t-il lancé. Les autorités ont maintenu la pression sur le camp Moussavi en procédant à l'interpellation de quelque 25 journalistes et membres du personnel du quotidien Kalemeh Sabz, lancé pour soutenir sa campagne puis interdit de paraître. "Il y a cinq ou six membres du personnel administratif et le reste sont des journalistes. Ils ont été arrêtés lundi", a déclaré Alireza Beheshti, membre de la rédaction en chef du journal. Cinq femmes faisant partie des personnes arrêtées ont été libérées. La police a annoncé avoir effectué une descente au "siège de campagne d'un des candidats", selon l'agence Irna. Ce lieu n'est autre que le journal de M. Moussavi, selon M. Beheshti. Selon la police, l'endroit servait à mener "des activités pour organiser les récentes manifestations et émeutes (...) et des actions contre la sécurité nationale". La presse ultraconservatrice s'en est violemment pris à M. Moussavi. "Vague populaire pour demander à Moussavi des comptes sur le sang versé", écrit en une le quotidien Kayhan, dont le directeur est nommé par le guide suprême. Durant les manifestations, au moins 17 personnes sont mortes et plus d'une centaine ont été blessées, selon un bilan officiel. M. Moussavi, dont les plus proches collaborateurs ont été arrêtés, s'est en outre retrouvé un peu plus isolé après qu'un autre candidat contestant la régularité du scrutin, Mohsen Rezaï, eut retiré sa plainte auprès du Conseil des gardiens de la Constitution, chargé de valider les élections en Iran. Cet organe doit désormais rendre sa décision d?ici lundi. Elle semble déjà acquise, son porte-parole ayant indiqué que rien ne semblait devoir invalider le scrutin. A l'international, le régime, qui fait face à des critiques grandissantes, a de nouveau formulé des accusations à l'encontre de pays occidentaux. "De nombreux émeutiers ont des liens avec les Etats-Unis, la CIA et les Monafequine (appellation des Moudjahidine du peuple, principal groupe de l'opposition iranienne en exil) et ont reçu une aide financière de leur part", a soutenu le ministre de l'Intérieur Sadegh Massouli, cité par l'agence Fars. La veille, le président américain Barack Obama avait durci le ton en évoquant de "sérieuses questions" sur la légitimité de la réélection de M. Ahmadinejad, mais réfuté toute ingérence dans la crise. Concernant Londres, le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki a affirmé que Téhéran envisageait de diminuer le niveau de ses relations bilatérales. Le porte-parole du Premier ministre britannique Gordon Brown s'est efforcé de calmer le jeu, assurant que Londres souhaitait une "relation constructive" avec l'Iran. La Roumanie et la Hongrie ont elles annoncé avoir convoqué l'ambassadeur d'Iran dans leur pays afin d'exprimer leur "préoccupation".