La traditionnelle photo de famille des dignitaires du G8 dégage des traits crispés malgré un sourire narquois de Madame Merkel. Il faut dire que le choix de la zone sinistrée de l'Aquila procède d'un singulier anti-symbolisme: c'est dans la zone actuellement la plus déshéritée d'Italie (l'Aquila) que se réunissent les chefs d'Etat des pays les plus industrialisés et, donc, les pays les plus riches. La vérité est que ce sommet rompt avec celui qui l'a précédé à Londres. En pleine crise, les patrons du G8 étaient à l'époque optimistes. Maintenant qu'on entrevoit le bout du tunnel, voilà qu'on verse dans le pessimisme. C'est que, pense-t-on, les conséquences de la crise seront plus lourdes que la crise elle-même. Sauf que le G8 n'a jamais été aussi divisé, aussi peu homogène. Et comme d'habitude, dans leur hypocrisie péremptoire, les riches se mettent à penser aux pauvres (ceux d'Afrique plus précisément) cobayes désignés pour les nouveaux laboratoires de la lutte contre le réchauffement de la planète. Stratégiquement, la Chine, nouveau grenier des Etats Unis, s'est arrangé pour être absente.