Depuis quelques années, le phénomène de délocalisation des firmes multinationales et plus particulièrement celles françaises en Tunisie a pris de plus en plus de l'ampleur. Entre aubaines pour les uns, malheurs pour les autres, la délocalisation d'une partie ou de la totalité des activités de production des entreprises étrangères continue de brasser une économie mondiale sans frontières. Indépendamment des limites, des conflits d'intérêt entre pays d'accueil et pays émetteurs, des abus sociaux pratiqués par certaines firmes délocalisées, des pertes d'emplois pour les firmes d'origine, la mondialisation de l'industrie fait ravage. La Tunisie demeure le site d'accueil de prédilection pour les entreprises françaises, à moins que celles-ci parviennent à gagner leur bataille contre le camp des anti-mondialistes et les ayants droit.
Ainsi et après avoir annoncé sa décision de délocaliser le reste de son activité de production en Tunisie, la justice française vient de geler le projet de délocalisation totale de la production du groupe français Aubade spécialisé dans la lingerie féminine. Une suspension provisoire ou irrévocable : rien n'est encore joué. Mais pour l'heure, la direction d'Aubade est tenue de rendre au tribunal le rapport d'expertise prouvant la situation d'alerte déclarée par celle-ci. Il s'agit du deuxième plan social pour le groupe qui prévoit la suppression de 104 emplois après la perte de 140 emplois en 2007 (date de la première phase de délocalisation). Au total et selon le quotidien français l'Humanité : le site de production situé dans la Vienne aurait perdu 78% de son effectif. D'où le droit à une information financière transparente et sans retouches sur la situation financière du groupe. La course derrière les profits ne doit pas empiéter sur les droits et les acquis sociaux des employés. En fait, et pour légitimer leur plan social, les entreprises qui choisissent de délocaliser une partie ou la totalité de leur activité de production dans les pays du Sud de la Méditerranée ou dans les pays du dragon jaune avancent comme arguments : baisse du chiffre d'affaires, recherche des avantages fiscaux et parafiscaux, perte de vitesse, concurrence asiatique et recherche de compétitivité, main-d'œuvre bon-marché... Ce sont les quelques avantages de la délocalisation déclarés par les firmes multinationales qui cherchent à avoir le beurre et l'argent du beurre. Plus de recettes, plus de profits, moins de charges, fuite des pressions fiscales, moins de pesanteurs sociales... Qui renoncerait à de tesl profits ?. Il faut dire que pour nous autres pays du Sud de la Méditerranée, la délocalisation représente une aubaine. Il s'agit d'une source de création d'emplois, de transfert de technologie, de savoir et de savoir-faire, une source d'investissement et de valeur-ajoutée et ce, en dépit des abus sociaux pratiqués par certains. Mais en cas où une ouvrière qui travaille dans une usine de fabrication des maillots de bain installée à Ras el Jabel touche mensuellement 350 euros, soit près de 700 dinars par mois, comme l'a déclaré un chef d'entreprise français dans l'émission Capital diffusée la semaine dernière sur M6, « ça sera une autre paire de manche ! ».