Durant le mois de Ramadan, l'animation est également nocturne au cœur de Tunis et principalement sur l'Avenue Habib Bourguiba. Depuis Bab B'har jusqu'à la station TGM, ça grouille de vie jusqu'à 1heure 30 du matin et certains noctambules s'y promènent encore après 2 heures. Cette année, la nouveauté réside dans la présence permanente et relativement massive de la police et des militaires tout autour du Ministère de l'intérieur, sur une partie du terre-plein de l'avenue, devant la Cathédrale et l'Ambassade de France et jusqu'à l'entrée de la Médina. Cette vigilante surveillance du centre de Tunis ne semble pas du tout perturber l'ambiance estivale et ramadanesque qui y règne. C'est à partir de 21 heures que l'Avenue commence à accueillir ses veilleurs qui affluent de partout et plus particulièrement à partir des deux grandes stations de métro de la capitale : celle de la Place de Barcelone et celle du Passage. A cette heure-là et même après, le transport sur les lignes de la Transtu est gratuit : depuis le premier jour du mois saint, nous avons-nous-mêmes bénéficié de cette « faveur », puisque les guichets des différentes stations sont fermés et qu'aucun agent convoyeur n'est visible à bord des véhicules. En rentrant chez eux, après minuit, les passagers du métro ne paient pas non plus leurs billets. C'est peut-être la saison de la « zaket » annuelle pour la Transtu qui en fait profiter ainsi les noctambules de toutes nos banlieues. Culture de cafés et de magasins En tout cas, c'est tant mieux pour l'Avenue Habib Bourguiba et pour les nombreux commerces qui y restent ouverts les nuits de Ramadan. Les cafés en premier, bien sûr : ils accueillent la majorité des noctambules du centre-ville. La plupart des terrasses sont mixtes, mais certains cafés sont comme boudés par la gent féminine. D'autres sont fréquentés presque exclusivement par les adultes. Mais ce sont surtout les jeunes (souvent en couples ou en bandes) qui s'attablent des deux côtés de l'Avenue Habib Bourguiba et qui y passent le plus de temps. Un seul grand magasin de prêt-à-porter est ouvert et il est pris d'assaut dès 21 heures par une foule toujours plus dense de femmes et de jeunes filles. Si par hasard, vous y croisez un mâle de 20 ou de 40 ans, sachez que dans 90 % des cas, il est là pour accompagner sa moitié ou pour en convoiter d'autres. La seule librairie du coin ne ferme pas non plus ses portes pendant les soirées ramadanesques et (miracle !), cette poche de résistance intellectuelle fait relativement recette. A tout le moins, sa vitrine, bien achalandée en titres récents et accrocheurs, retient l'attention de nombreux badauds dont quelques uns finissent par acheter un livre ou deux. Pour ce qui est des spectacles, on n'en avait pas encore programmé au Théâtre municipal et il n'y avait que quelques affiches de films ou de galas à regarder sur les murs et les façades. Question de « standing » ! Côté consommation, il y a un peu de tout : parfois vous avez l'impression d'être à la Marsa, à Sidi Bou Saïd ou à Hammamet, en sirotant votre thé aux amandes ou aux pignons (à 2 dinars 500), en grignotant une crêpe au chocolat (quasiment au même prix que le thé) ou encore en savourant une coupe de glace « spéciale » à 7 dinars ! A ce propos, les noms des variétés de glace qu'on vous sert font rêver les clients snobinards qui se croiraient sur la Côte d'Azur ou sur une plage des Caraïbes : Rafaello, Stracciatella, Amaréna, glace à la mangue, aux truffes, au kiwi et au cassis ! C'est entre 2 et 4 dinars le cornet ou le gobelet ! Si vous recherchez un coin beaucoup plus modeste au niveau de ses tarifs, allez dans un café de Bab Bhar : là-bas, un verre de thé à la menthe ne vous coûte que 350 millimes. Sinon, abstenez-vous de terrasses de cafés et déambulez de long en large sur l'Avenue en grignotant des glibettes ou quelques grains de pop corn. En cas de petit creux, vous pouvez vous sustenter chez le vendeur de figues de barbaries installés sur les trottoirs de l'avenue. Atention quand même : comparez les prix, parce que tandis que l'étal de Bab Bhar vend la pièce de « hindi » à cent millimes, celui (de luxe) qui s'implante en face du Colisée vous la propose à 200 millimes ! Question de standing, SVP ! En cas de plus grosse faim, vous avez à certains coins de rue ou devant l'arc de Bab B'har, des marchands de casse-croûte à la merguez. Vous pouvez manger votre sandwich en marchant et ensuite aller le digérer au pied de la grande horloge, aux côtés d'une foule de gens qui, tous les soirs, viennent en familles ou en solitaires, rechercher un peu de fraîcheur, papoter, draguer ou roupiller au bord de l'unique bassin du centre-ville.