Des députés du nord et du sud de la Méditerranée ont discuté, pendant deux jours, à l'invitation de la Fondation Konrad Adenauer, les moyens de relancer l'Euromed. Organisé en marge de la 3ème session de l'Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne (APEM), réunie en séance plénière à Tunis les 16 et 18 mars, sous la présidence de M. Foued Mebazaa, président en exercice de l'APEM et président de la Chambre tunisienne des députés, et M. Hans-gert Pöttering, président du Parlement européen, une conférence internationale a réuni dans un hôtel de Gammarth des parlementaires du nord et du sud de la Méditerranée autour du thème «Vers une région euro-méditerranéenne pleine de chances: zone EuroMed de libre échange 2010 et stratégie commune de migration», organisée par la fondation Konrad Adenaouer Stiftung, qui vient de fêter le 25ème anniversaire de son établissement en Tunisie. Au terme de deux jours de discussion, qui ont réuni des membres du Groupe EPP-ED (Groupe du Parti Populaire Européen et Démocrates Européens) au Parlement Européen, à leurs homologues du sud de la Méditerranée, représentant notamment la Tunisie, l'Algérie, le Maroc, la Turquie, l'Egypte, la Palestine et Israël (c'est le député Majalli Whbee, du parti Kadima, qui a représenté la Knesset, parlement israélien, à ce conclave), une conférence de presse a été donnée, hier, en vue de faire le point des travaux de la conférence.
Relancer le projet de Banque euro-méditerranéenne de développement «C'est la seconde réunion de ce type. Ses résultats ont été importants, car nous avons pu approfondir certains thèmes essentiels pour l'avenir de l'APEM. Nous avons ainsi suggéré quelques modifications dans les méthodes de travail de cette instance», a déclaré l'Italien Vito Bonsignore, vice-président du Groupe EPP-ED au Parlement Européen. Qui a ajouté: «Nous avons aussi parlé d'une date importante pour notre avenir commun: 2010, qui verra la mise en place d'une zone de libre échange euro-méditerranéenne. Nous avons relevé les limites et les carences du travail accompli en ce sens dans nos pays respectifs. Nous avons constaté aussi que tous les pays ne se sont pas également préparés à cette échéance. Il y a eu - et qu'il y aura - un retard dans la mise en place de l'Accord de Barcelone. Nous avons demandé à nos pays respectifs, mais aussi à l'Union européenne dans son ensemble, de faire un plus grand effort, surtout financier, en vue d'accélérer le processus [de mise en place de la zone de libre échange]. Nous avons parlé de la nécessité de relancer le projet de Banque euro-méditerranéenne de développement et de répondre aux besoins des pays sud-méditerranéens en matières d'investissement direct étranger». Autre sujet d'intérêt commun évoqué au cours des travaux : l'immigration. «Il existe aujourd'hui un grand problème, qui est l'immigration du sud vers le sud», a admis Vito Bonsignore. Qui a ajouté: «Nous allons créer des ateliers pour travailler sur ce sujet au sein de nos parlements respectifs. Nous avons décidé aussi de nous revoir avant la fin de 2007 pour confronter nos idées et propositions pour régler ce problème. Nous devons rester en contact, tracer des lignes de travail et développer des projets communs susceptibles d'être mis en route et concrétisés». «La migration au sud de la Méditerranée a plusieurs aspects. Celle en provenance de l'Ouest et du Centre de l'Afrique est une migration de transit qui regarde vers l'Europe. Ses causes sont la croissance démographique, les carences de développement, le déficit démocratique, la mauvaise gouvernance... Celle en provenance de l'Est, notamment du Moyen-Orient, a pour cause les conflits armés», a expliqué, pour sa part, Michael Gahler. Qui a ajouté : «Les réponses doivent donc être adaptées selon les situations». Le vice-président des Affaires étrangères du Parlement européen a estimé lui aussi que l'établissement d'une zone de libre échange euro-méditerranéenne «est un objectif qu'on n'est pas sûr de pouvoir réaliser», en tout cas dans les délais impartis. Et pour cause: on doit d'abord régler certains problèmes en suspens, à commencer par le conflit israélo-palestinien. «Cela ne doit pas être un obstacle sur la voie de la zone de libre échange», a cependant précisé l'orateur. Et d'argumenter: «Entre Israël et l'Autorité palestinienne, il y a un accord-cadre de coopération qui peut constituer un noyau pour une zone de libre échange». Traduire: malgré les blocages souvent constatés, et qui sont liés à la centralité de la question palestinienne pour les Sud-méditerranéens, l'espoir n'est pas totalement perdu de voir le nord et le sud de la Méditerranée travailler ensemble.
L'immigration en question
«A l'immigration, il n'y a pas une seule solution, mais plusieurs. Car ce phénomène est multiforme et ne se pose pas de la même manière au nord et au sud», a expliqué Me Habib Aouida, membre du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) et député tunisien. «Le Sud ne peut pas jouer le rôle de garde-frontières pour le Nord. Pour mettre fin à l'immigration, qui pose problème aux pays sud-méditerranéens autant qu'à ceux du nord de la Méditerranée, il convient donc de contribuer au développement des régions du sud et d'y améliorer les conditions de vie, de manière à fixer les populations dans leurs pays et à leur éviter les souffrances liées à l'immigration non organisée». La solution du problème de l'immigration passe donc, selon Me Habib Aouida, par «un partenariat actif, et plus efficace qu'il n'a été jusque là, entre le nord et le sud de la Méditerranée». Elle passe aussi par «des investissements directs de l'Europe dans les pays sud-méditerranéens». Elle passe, enfin, par un voisinage, un vrai, où les voisins dialoguent, œuvrent ensemble pour la prospérité et la paix, et s'entraident mutuellement, sans égoïsme ni partis pris, dans le respect des intérêts et des spécificités réciproques.