En passant devant une école, on a remarqué la présence d'un avis collé sur le mur, à côté de la porte d'entrée, s'adressant aux parents les informant que l'uniforme proposé a été annulé, il était signé par la directrice. Il était précisé dans cet avis que la décision a été prise suite à l'opposition de quelques parents à cette proposition; les prix du tablier également y étaient inscrits: 9 et 10 dinars. Comme l'initiative était originale et d'un effet salutaire pour l'école, on était allé voir la directrice pour lui demander d'amples informations à propos de la mesure prise, pour déceler les raisons qui l'ont amenée à l'adopter. " C'était pour rechercher une cohérence entre le signe est la qualité des vêtements. Le vêtement uniforme a l'avantage de discipliner les élèves, de leur permettre de se concentrer sur leurs études, il leur apprend que la seule différence qui puisse exister entre eux à l'école se situe au niveau du rendement scolaire. Cela permettrait également de mettre fin à cette anarchie qui sévit dans l'établissement transformé en stade de football par ces tenues des clubs portées par les élèves. J'ajouterais une autre raison d'ordre sécuritaire, cet uniforme a le mérite d'identifier tous les intrus, ceux qui n'appartiennent pas à notre école, c'est un problème qu'on vit au quotidien et qui nous cause beaucoup de perturbations. " Manque de rigueur Nous avons ensuite voulu nous renseigner sur les prix des tabliers, et là, notre surprise fut grande. Elle nous a présenté un devis en nous disant que " les prix que vous avez vus affichés sont les moins chers qu'on peut trouver sur le marché, c'est une bénévole, une propriétaire d'une usine de confection qui nous a fait ce cadeau. Elle était même prête à en fournir une centaine gratuitement aux élèves appartenant à des familles nécessiteuses, des parents aisés ont exprimé leur volonté de faire de même. " Nous lui avons alors demandé pourquoi a-t-elle renoncé à ce projet, puisqu'elle avait l'assentiment des parents. " Il y en avait quelques uns qui n'étaient pas d'accord, rétorqua-t-elle. " Mais ce n'est pas parce que quelques uns s'y sont opposés qu'elle y renonce, nous lui avons répondu, il faudrait appliquer la volonté générale, celle de la majorité, c'est la loi de la démocratie. " Si j'ai pris cette décision c'est parce que, à mon sens, j'ai commis une erreur de procédure, répliqua-t-elle. La proposition, je l'ai envoyée avec le bulletin après avoir recueilli l'avis favorable de la majorité des parents, j'aurai dû tenir des réunions avec tout le monde. En tout cas ce n'est que partie remise, je n'abandonnerai pas le projet, l'année prochaine, je le ferai dans les normes. " L'effet disciplinaire L'uniforme devrait également être prescrit aux lycéens conformément à l'esprit de l'arrêté ministériel numéro 93/47 paru le 05/05/1993 qui demande aux enseignants d'être vigilants et intransigeants quant à l'inobservance par les élèves des règles de décence au niveau de l'habillement. En effet, cet arrêté interdit la tenue vestimentaire débraillée, le port des vêtements courts, des décolletés et les coupes de cheveux saugrenues. Le but de telles recommandations que les enseignants reçoivent à chaque rentrée scolaire est bien évidemment de faire de l'école un endroit sain, puisqu'un élève mal éduqué ne pourrait pas assimiler les connaissances qui lui sont prodiguées : l'éducation passe nécessairement avant le savoir. Par ricochet, cette discipline sur le plan vestimentaire amène les élèves à observer un comportement digne de l'établissement scolaire auquel ils appartiennent, cela permettrait les écarts de conduite, étant donné que la discipline est un tout indissociable revêtant plusieurs aspects : celui qui s'habille d'une manière décente ne se permettrait pas d'enfreindre les autres règlements relatives à la bonne marche de l'école. Un arrêté sans effet En dépit de ses nobles buts, ledit arrêté reste lettre morte, sans effet sur le terrain, puisque tous les interdits sont tacitement autorisés. Il se peut que son ancienneté l'ait rendu caduque, dans ce cas, il nous en faudrait un autre qui soit à la mode. Lorsque vous vous promenez à l'école c'est comme si vous étiez dans un carnaval masqué ou dans un stade de football où même les parents seraient incapables de reconnaître leurs propres enfants tellement ils sont déguisés. Donc toutes les bonnes volontés du ministère et des chefs d'établissements tels que la directrice, notre interlocutrice, restent vaines tant qu'il n'y a pas l'exigence de l'uniforme scolaire qui, en plus de ses bienfaits disciplinaires, cache les différences sociales entre les élèves et permettrait une meilleure conduite et un meilleur rendement de leur part.