A l'heure où les économies du monde se préparent à la reprise, certaines autres, celles du Maghreb en l'occurrence, font face à un maintien du seuil de croissance habituel de leurs économies sinon un léger recul. Entre la Tunisie, l'Algérie et le Maroc, les niveaux de croissance économique avoisinent une moyenne de 5%. C'en est une baisse pour la Tunisie et l'Algérie et un maintien pour le Maroc. Coup de projecteur sur la situation économique du trio maghrébin.
Tunisie, c'est parti pour un recul de la croissance Vers la mi-avril, le ministre des finances, M. Rachid Kechiche avait annoncé une révision à la baisse du taux de croissance économique de la Tunisie à 4,5%, soit un recul de 0,5%. Nous restons, cela dit, dans les normes. Ce n'est pas une baisse spectaculaire comme cela est le cas pour certaines économies européennes dangereusement ébranlées par la crise mondiale. Ce recul engendre, par conséquent, et toujours selon le ministre, une diminution des ressources fiscales ainsi qu'une aggravation du déficit budgétaire. Toutefois, le trou dans les ressources fiscales pourrait être bouché par une baisse de la subvention des prix des hydrocarbures et ce dans le cas où les prix du pétrole se stabilisent au niveau actuel. Rappelons à ce titre que, selon la politique de la Tunisie, le prix à la pompe ne subira aucune réduction pour les consommateurs. Par ailleurs, les cotisations patronales des entreprises en difficultés seront prises en charge par l'Etat. L'objectif étant de stimuler l'économie à travers la consommation sans pour autant toucher aux salaires des employés. La croissance économique de la Tunisie a, par le passé, subi un fléchissement : en 2007, elle était de 6,3% et elle est passée à 5,1% en 2008. Sachant qu'à la même époque, le Maroc et l'Algérie ont affiché un taux de croissance en évolution, de quoi pencher sur une sérieuse théorie qui préconise le Maghreb comme opportunité d'affaire davantage intéressante que l'Europe.
Le Maroc, la grâce de l'agriculture et des services A l'instar de la Tunisie, la croissance économique marocaine est sujette à une réduction de l'ordre de 0,9% passant ainsi de 6,3% courant le second trimestre de l'année 2008 à 5,4% pour la même période en 2009, selon le Haut commissariat au plan (HCP). Le secteur agricole est au cœur de la croissance économique au Maroc. La valeur ajoutée agricole en volume a progressé de façon considérable de 11,2% la mobilisant ainsi de 16,6% en 2008 à 27,8% en 2008. Cette progression à permis le maintien d'un de croissance d'environ 5%. En revanche, le PIB hors agriculture a subi une augmentation moindre que celle réalisée au titre de l'année 2008 qui était de 5%, courant le trimestre de l'année 2009, elle n'a évolué que de 2,1%. Par ailleurs, sur le plan des industries de transformation ont subi un fléchissement de 0,3% pendant le second trimestre de l'année en cours contre une augmentation de 4,2% en 2008. Quant au secteur des bâtiments et travaux publics, il a de même enregistré une augmentation plutôt réduite de l'ordre de 1% seulement contre 9,1% en 2008. Dans le même ordre d'idées, les services ont subi une croissance de 3,5%, limitée par rapport à l'année précédente, qui a été de 5,3%. En outre, d'autres progressions ont été enregistrées au titre de l'année 2009 en comparaison à l'année 2008 et ce au niveau, notamment, des postes et télécommunications (2,6% contre 12,7%), des activités financières (4,1% contre 4,7%), et des services rendus aux entreprises et services personnels (2,9% contre 1,8%).
L'Algérie, plutôt sur la bonne voie La croissance économique algérienne a subi un fléchissement sensible induisant un recul de son PIB réel passant de 3% en 2008 à 2,1% en 2009. Ce chiffre a été annoncé, en effet, par le FMI dans son dernier rapport sur les perspectives économiques régionales pour le Maghreb et le Moyen-Orient. Par contre, il est prévu pour l'année 2010, une reprise graduelle accompagnée d'une croissance du PIB réel algérien atteignant les 3,9%. En fait, cette configuration s'explique surtout par la restriction des rapports des pays émergents tels que l'Algérie avec le système financier mondial ainsi que l'absence des actifs toxiques. Toutefois, l'Algérie, en tant que pays producteur de pétrole, n'a pas été épargnée par les impacts indirects de la crise économique mondiale. Ainsi, les exportations ont-elles été marquées par un recul, suivi par celui des cours des produits de base, à savoir le pétrole en plus de la régression des Investissements Directs Etrangers et le resserrement du financement extérieur. Par ailleurs, en Algérie, le chômage risque d'augmenter puisque il ne peut être rabaissé qu'avec un taux de croissance aux alentours de 6%, un taux duquel l'Algérie demeure loin. Le nombre des emplois à créer dans une conjoncture pareille est annoncé à 300 000 postes tous les ans. Un défi dur à relever. La Tunisie, le Maroc et l'Algérie s'en sortent plutôt bien dans un contexte économique morose. Même si l'on prépare la reprise, pour les économies maghrébines, il est surtout question du maintien d'un certain seuil acceptable de croissance économique.