Lasse d'avoir bossé toute la journée, Fadhila s'est installée au petit salon, meublé de deux Banquettes et des matelas à même le sol. Elle suivait un feuilleton télévisé , elle ne voulait rater aucune émission. De temps en temps elle se mettait à réfléchir, sur son destin, sur son mari, sans travail et toujours malade. Elle avait la charge de toute la maison et surtout la responsabilité de ses trois enfants. Elle faisait le ménage chez des familles. Elle participait quelques fois au nettoyage dans les grandes surfaces. Vivre sur l'unique salaire de sa femme accentuait le caractère ombrageux du mari. Ce n'est pas tout. Le mari à cause d'une maladie chronique qui nécessitait une forte dose de médicaments à base de psychotropes a perdu totalement son énergie. Tout était prétexte à dispute. La soirée du 11 Décembre 2008 n'allait pas faire l'exception. Alors qu'elle regardait sa série, le mari venait la voir en lui montrant un linge sale appartenant à sa fille. Pourquoi tu ne fais pas la lessive au lieu de regarder la télé ? " lui demanda -il. C'était la goutte qui a fait déborder le vase et qui a engendré une scène de ménage bien houleuse. Celle-ci commença par des propos injurieux, de part et d'autre, jusqu'à en arriver à la violence physique . Soudain , Fadhila a saisi un couteau et montant sur une petite table pour se mettre à la même taille que son époux , elle a asséné à ce dernier un coup en plein cœur. A la vue du sang, elle a crié, de toutes ses forces , et a couru jusqu'à l'extérieur pour appeler du secours. Elle tomba alors sur Adel, venu comme d'habitude leur rendre visite. Adel est une connaissance de l'époux, qui a pris l'habitude de venir régulièrement à la maison rendre visite au couple qui profitait de sa présence lui demandant de donner des cours aux petits. Aussi Adel n'hésitait-il pas à les aider financièrement de temps à autre. Mais au fil des jours, une relation extra conjugale s'est tissée entre Adel et Fadhila. L'époux fermait les yeux en faisant semblant de ne s'apercevoir de rien. Ce qui, a peut-être, encouragé davantage sa femme. N'empêche qu'à chaque dispute, il traitait sa femme de tous les qualificatifs indécents en lui faisant des insinuations concernant cette relation coupable. Le jour du drame il la traita de tous les noms, ce qui a suscité sa colère, et l'incita à agir de la sorte , surtout qu'elle était vexée et touchée jusqu'au fond de l'âme. Puis réalisant son forfait, elle s'empressa d'appeler du secours à son mari,qui était sans connaissance et gisant dans son sang . L'énergique intervention de l'équipe médicale de l'hôpital, n'a pas suffi pour sauver le mari qui a été atteint d'un coup de couteau d'une profondeur de 20 cm qui lui transperça les poumons et le cœur . Il a rendu l'âme quelque temps après. L'enquête préliminaire a permis d'établir les liens de cause à effet. Elle a conclu au meurtre prémédité de Fadhila à l'encontre de son époux. Devant le substitut du ministère public, elle déclara qu'elle a vu brusquement son mari sortir de la cuisine, la main sur sa poitrine et le sang qui giclait abondamment, ajoutant qu'elle s'empressa alors, et avant de chercher les raisons pour lesquelles son était dans cet état, de lui appeler du secours. Cependant elle a été inculpée d'homicide volontaire avec préméditation, en vertu des articles 201 et 202 du code pénal. Devant le tribunal, elle déclara qu'elle s'était disputée avec son mari et qu'elle avait l'intention seulement de le menacer avec le couteau. Elle nia également avoir eu des relations avec Adel , dont les raisons de ses visites au domicile conjugal étaient dans le but de se faire soigner, par les médications à base d'herbe qu'elle lui préparait. La plaidoirie de l'avocat de la défense s'est basée sur l'absence de préméditation par l'accusée qui a agi sous l'emprise de la colère. `D'ailleurs, le fait d'avoir essayé de porter secours à son mari prouve bien sa bonne foi, affirma l'avocat. Pour toutes ces raisons, il plaida la requalification de l'infraction, les faits ne constituant que des violences graves ayant entraîné la mort sans l'intention par son auteur de la donner. Après délibérations le tribunal condamna , Fadhila a été condamnée à la prison à perpétuité.