Deux clubs nés dans la ferveur patriotique. Deux mouvements plutôt, pour rester dans le champ sémantique approprié... Bab Souika et à quelques encablures Bab Jedid... Et chacun avec ses quartiers vassalisés. Et déjà, à l'aube du XXe siècle, les deux clubs nés « l'un à l'intérieur de l'autre », représentaient le prototype socio-politique de ce qu'il convient d'appeler, aujourd'hui, un éclatement chromosomique. La force commune au Club Africain et à l'Espérance, c'est d'avoir libéré la citadinité tunisienne, d'y avoir impulsé un effet centrifuge. Bab Souika et Bab Jedid s'avéraient exigus. La passion se propageait. Elle devenait une espèce de code à barres. Le « modèle Mkachekh » opposé au modèle clubiste... ! La politique s'en saisit très tôt : Espérance et Club Africain ont en commun le monde de fonctionnement en aval de mouvements légaux. En amont ils fonctionnent dans les schémas des partis politiques classiques. Notre « derbissimo » est classé parmi les derbies les plus passionnés de la planète. La passion, toutes proportions gardées, est celle du derby milanais... Moins folklorique, que celui du Caire, mais plus authentique. Moins chaud que celui de Casa, mais plus enflammé. Et, aujourd'hui, les supporters clubistes et espérantistes sont partout, avec la même logique : L'éternel affrontement de deux types d' « ADN »... Deux cultures parallèles transmises de génération en génération... Mais à bien y réfléchir, en près de quatre-vingts ans d'existence, ces deux écoles doivent s'être découvert bien plus de similitudes que de différences.