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Femme au foyer (FAF) : Enfermement, corvées et mélancolie
FAMILLE
Publié dans Le Temps le 07 - 12 - 2009

Leur titre officieux se résume à trois lettres : FAF, ce qui signifie Femmes Au Foyer... Quant à leur carte d'identité, elle porte à la case « métier » une inscription, incongrue voire humiliante : « néant » ! Pour des femmes qui travaillent du matin au soir, c'est presque une offense, une injure... Tour d'horizon dans le monde discret des maîtresses de maison...
Une remarque qui en dit long sur la mentalité qui sévit encore chez les FAF. D'abord, la majorité de ces femmes n'ont accepté de nous parler qu'en présence de leur époux, ou avec leur accord ! Il y a ensuite la définition de ces femmes que donnent diverses dictionnaires et qui est pour le moins réductrice : « une femme au foyer est une personne sans activité rémunérée régulièrement et qui réalise la majeure partie des tâches du foyer : entretien domestique, achats, préparation des repas, surveillance et éducation des enfants. »

Travail non reconnu
Les indicateurs économiques n'intègrent pas les activités de la FAF dans leurs calculs, car elle n'est pas concernée par un échange monétaire et ses activités ne peuvent être mesurées. Elle est classée comme faisant partie des inactifs, ce qui signifie qu'elle ne participe pas au marché du travail. De ce fait, une FAF devient financièrement dépendante de son époux.
Elle est donc obligée d'être une bonne épouse, une bonne mère, une bonne ménagère. Un manque d'autonomie qui va, entre autres, freiner la possibilité de quitter le conjoint, pouvant amener les femmes au foyer à tolérer davantage un mari violent, comme nous le verrons plus loin.
Ces témoignages confirment cette situation complexe...
Faten, 27 ans, est en plein désarroi depuis qu'elle a accepté un mariage arrangé. Elle a l'impression de perdre son temps et sa vie : « Avoir une licence en lettres et rester à la maison... Je me sens nulle ! Mais n'ayant pas trouvé de travail, j'ai accepté ce mariage pour sortir du cocon familial. Mon mari est aussi despote que mon père l'était. Et puis j'ai l'impression que mon niveau baisse. Je vis dans une lassitude permanente. Je ne la voyais pas comme ça, ma vie ! »
D'autres comme Samia, 29 ans, reconnaissent qu'elles vivent un sentiment d'isolement : « je travaillais, mais mon mari a exigé que je m'occupe de la maison et de mes deux enfants, ce que j'ai accepté à contre cœur. Depuis je vis en spectatrice de la vie des autres. Je vois mon mari partir au travail, avoir une vie sociale, déjeuner avec ses collègues, tandis que moi je reste à la maison avec mes enfants en bas âge et je finis par m'ennuyer, par me sentir prisonnière... »
Elle se souvient alors de copines qui ont continué leurs carrières, qui sortent, qui sont actives. « Au début, certaines me téléphonaient, puis les centres d'intérêts ont changé et elles ne m'ont plus appelée... » Depuis elle se sent prisonnière de cette situation et elle s'est enfermée dans une vie qui ne correspond pas à son caractère, à sa soif de vivre. « Je ne sais plus quoi faire pour trouver une harmonie entre mon bonheur et celui de ma famille et je n'ai personne pour m'aider, pour m'écouter... »
Mais il y a aussi des femmes qui ont fait ce choix délibérément. Saïda, 36 ans est mariée depuis 15 ans et elle vit bien sa situation : « C'est moi qui ai décidé d'être femme au foyer, puisque mon mari gagne bien sa vie. Bon nombre de mes amies me l'ont déconseillé et des parentes bien attentionnées ont essayé de me faire changer d'avis, mais c'était ma conviction et mon désir le plus cher... »

Jalousie et concessions
Amel, la trentaine, mariée depuis dix ans, évoque un autre aspect du problème, plutôt inattendu : « j'ai toujours peur de ne plus pouvoir séduire mon mari. Je sens une pointe de jalousie chaque fois qu'il me parle de ses collègues femmes. » Elle a beau mijoter de petits plats à son cher époux, repasser ses chemises, lui éviter les tracasseries des factures à payer, sa crainte reste vive...
De son côté, Zeineb, 41 ans et trois grands enfants, vit repliée sur elle-même et elle reconnaît avoir fait « de nombreuses concessions » pour réussir sa vie de femme au foyer. Elle vit depuis une vingtaine d'années dans un état de passivité totale, et son mari s'est permis à plusieurs reprises de la violenter pour des raisons futiles. Résignée, elle confie : « il est trop tard maintenant pour me révolter. Je me suis résignée à cet enfermement et à cette violence conjugale pour éviter de briser mon ménage et faire souffrir mes enfants. »
Ce qui dérange le plus cette autre dame d'un certain âge qui vit les mêmes problèmes, c'est le regard des autres, voisins, parents et amis, qui ne comprennent pas ses choix. « Je suis corvéable à merci et en même temps reléguée au rang d'anonyme, sans revenus propres, sans retraite, sans autre ressource que le salaire de mon mari. » Pour l'épanouissement personnel et la joie de vivre, adressez-vous ailleurs !

Dépréciation
Un psychologue interrogé sur cette épineuse question affirme que « le premier problème c'est la perte de la confiance en soi. Une femme qui vit recluse dans son foyer n'ose pas aller vers les autres ou donner son avis, car elle a l'impression que les autres sont plus cultivés ou plus intelligents qu'elle. Elle cache également à son entourage sa lassitude face à la routine, à l'ennui, à son sentiment de vide sidéral... »
C'est pour cela qu'il propose que ces femmes « pensent à se reconstruire en échangeant leurs points de vues avec d'autres femmes qui sont dans la même situation. Il faut qu'elles trouvent des objectifs, des centres d'intérêt artistiques ou sportifs, mais en tous cas elles ne doivent pas se résigner et se laisser aller aux sentiments négatifs... Et la première chose à faire, c'est de sortir. Pas simple car c'est un tour de force que peu de femmes peuvent accomplir. »
Reste que la société doit trouver des solutions pour que les femmes au foyer aient une meilleure vie, que l'on n'inscrive plus sur leur carte d'identité profession : « Néant », que l'on reconnaisse la masse de travail qu'elles effectuent chaque jour et qu'elles cessent de se retrouver sous la dictature de leurs maris qui en outre, seraient perdus sans elles...


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