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Un homme à tout prix… !
Le mariage « Orfi »
Publié dans Le Temps le 24 - 12 - 2009

Se mettre à la place des autres c'est un exercice de haute- voltige, mais qui est recommandé. Surtout pour essayer de comprendre pourquoi tel phénomène de société, prend de l'ampleur, et fait tache d'huile, lors même qu'on le pensait astreint à une petite catégorie de gens, limité à une seule sphère,
et qu'il finira par disparaître un jour tout comme il est apparu, dans la discrétion la plus totale, et sans faire de casse.
Sauf que dans la réalité des choses, il semble qu'il n'en n'est rien. Il semble aussi que ce qui se vivait caché, il y a un temps, commence à émerger à la face du jour, en suivant une orientation nouvelle. Et revêtu d'atours qui n'ont rien à voir avec la manière avec laquelle tout cela était envisagé auparavant, puisqu'il est un fait qu'aujourd'hui, la « deuxième femme… », qui n'est pas l'épouse mais la concubine, se réclame d'un « statut », qui n'est pas nouveau dans certaines sociétés arabes, -celles-ci le reconnaissant, l'ayant, de surcroît intégré dans leurs mœurs depuis longtemps-, contrairement à d'autres, pour qui il demeure cet intrus qui ne vous veut pas que du bien.
C'est le cas de la Tunisie où le CSP (Code du statut personnel), établi depuis 1956 par le président Bourguiba, relève du domaine de l'intouchable. Ou, doit-on déjà exprimer cela au passé, puisqu'aujourd'hui, des voix s'élèvent, même si elles ne sont pas (encore) légion, pour réclamer purement et simplement sa suppression. Et c'est là où réside le danger. Qui donne à réfléchir, pour ce que cela relève d'une certain état d'esprit qui n'avait pas cours, ou qui concernait surtout, une frange masculine de la société, qui aurait vu d'un très bon œil, le retour à des pratiques ancestrales, lesquelles avantagent, indubitablement, et d'une manière arbitraire, les hommes, au détriment de la femme, et contraire à tout sens d'équité et de justice, sachant que ces voix qui s'étaient élevés un jour, ont dû déchanter très vite après l'amendement qui a été apporté en 1993 au CSP par le président Ben Ali, pour le renforcer.
La deuxième femme…
Toujours est-il qu'on observe aujourd'hui, sous nos latitudes, la recrudescence du phénomène de la « deuxième épouse », qu'elle accepte de contracter un mariage « Orfi», dans l'illégalité cela va de soi, puisque la polygamie est strictement interdite dans nos murs, ou qu'elle gère sa situation de « maîtresse », avec tout ce que cela suppose évidemment, de frustrations, d'attente et de manques. En attendant des jours meilleurs…
Reste que ce qui fait peur dans tout cela, c'est que la demande, -car demande il y a- de l'abolition de tout ce qui constitue le Code du Statut Personnel, est formulée de plus en plus par des femmes, qui se font donc les « ardents défenseurs » d'un retour à la polygamie, juste pour avoir plus de chance de se marier un jour. Mais le fond du problème n'est pas là. Il est dans la façon avec laquelle la relation homme- femme est vécue, hors les liens du mariage.
Pour aboutir à ces situations inextricables, qui sont, à l'arrivée, une porte ouverte à toutes les dérives. Et ce sont surtout les enfants, nés de ces unions illégitimes, qui paient les pots cassés et en souffrent. Pour le reste de leur vie. Sans oublier que ces femmes, dans leur majorité, sont loin d'être heureuses, et d'y trouver leur compte. S'il s'agit vraiment pour elles d'une affaire de cœurs.
K.M a connu deux mariages. Malheureux. Et s'était décidé à faire son deuil des hommes. Définitivement.
La cinquantaine, l'œil bleu et l'allure très jeune, romantique comme une fillette de quinze ans, quand elle rencontra son « mari devant Dieu », elle se rendit compte qu'à la vérité, elle avait fait son deuil des hommes, mais pas de l'amour. « J'ai toujours été amoureuse de l'amour, et cet homme, bien que marié et père de cinq enfants, était tellement gentil avec moi, tellement doux, tellement attentif, que je n'ai pas résisté longtemps. Vous savez à mon âge, on a plus besoin de tendresse, que de passion. Et j'avais l'impression que pour la première fois de ma vie, quelqu'un me prenait par la main pour me dire : repose- toi, je suis là pour m'occuper de toi. Ça n'a rien de matériel, même si cet homme, qui est fondamentalement croyant comme moi, tient à s'occuper de moi comme il le fait avec sa femme légitime. Je veux dire qu'il contribue aux dépenses de la maison, et qu'il cherche à être équitable sur ce plan-là. Au début, pour lui tout cela était nouveau. Il s'était marié avec sa cousine, promise à lui depuis l'enfance, pour ne pas peiner sa famille. Il a eu des enfants, qu'il a élevés en bon père de famille, mais il a découvert l'amour avec moi. Au fond, il se sentait très seul car sa femme n'avait jamais des gestes tendres envers lui, oubliait une fois sur deux de lui laisser son repas, et ne s'occupait que des enfants. Est-ce que je suis heureuse au bout du compte ? Au bout de quatre ans de vie, disons, partagée, car il rentre chez lui évidemment pour la nuit, j'ai compris que « Orfi » ou pas, passée l'euphorie des premiers temps, j'ai tous les négatifs du mariage, sans la sécurité. Car je suis obligée de me cacher puisque nos mœurs ne s'accommodent pas de ce mariage arrangé selon la loi islamique. Et moi je suis pour qu'on suive tous les préceptes de l'Islam, y compris pour le mariage. Sauf que du fait d'être obligée de vivre dans la clandestinité, à mon âge de surcroît, c'est pesant à la longue. Même si j'ai eu une vraie preuve d'amour de la part de mon compagnon, le jour où il a eu le courage d'affronter sa femme, et même de me la présenter. C'était peut-être plus facile pour elle puisqu'elle ne sait pas que la polygamie n'existe pas sous nos latitudes. Et elle ne connaît du CSP que le nom. Donc elle a supplié son mari de cacher cela à sa famille, pour qu'elle ne devienne pas la risée de tout le monde. Pour ma part, il y a la solidarité féminine qui entre en jeu là-dedans. Après tout, elle doit souffrir aussi en tant que femme. Sauf qu'elle est sa femme, devant la société, et qu'elle ne se retrouve pas toute seule la nuit entre quatre murs, même si je suis sûre que ça ne lui fait ni chaud, ni froid. A moi si. Je suis comme lui, en quête de tendresse… ».
Amour et mensonges
Pour I.B, les choses diffèrent dans les détails. Egalement divorcée mais avec deux enfants, son histoire à elle c'est celle d'une femme, la quarantaine aujourd'hui, très belle, très raffinée, qui est tombée amoureuse d'un homme, très aisée, et cultivé, marié à une étrangère mais qui n'avait pas d'enfants, qui a eu le coup de foudre pour elle, et qui lui promit le mariage dès le premier soir de leur rencontre. Au bout de huit années de passion tumultueuses, où il n'arrêtait pas de lui promettre de se séparer de sa femme, et pendant lesquelles il a quasiment vécu avec elle, chouchoutant ses enfants comme s'ils étaient les siens, et exigeant d'être présenté à toute sa famille, elle se rendit compte qu'il lui avait menti. Sur tous les fronts. Quand il lui avait annoncé qu'il faisait chambre à part avec sa femme, et que celle-ci était au courant de leur liaison, et était donc préparée pour le divorce, I.B le crût sur parole. Elle lui avait proposé de se marier selon le mode « Orfi » mais il refusa parce que ça allait à l'encontre de ses principes, et lui assura qu'il tiendrait sa promesse. Sauf qu'elle eût un doute, forcément après tant d'années d'attente, et elle décida de passer à l'action : « Je suis allée frapper à la porte de sa maison, et c'est sa femme qui m'a ouvert la porte. Elle avait un bébé dans les bras. Elle a été très compréhensive. Au bout de quatorze ans de mariage, elle avait enfin réussi à avoir un enfant. Mais elle soupçonnait ses infidélités et lui a demandé de la quitter. C'est lui qui avait refusé… ».
I.B est très amère aujourd'hui. Elle y avait cru à son histoire d'amour. Et elle regrette aujourd'hui de ne pas lui avoir forcé la main pour contracter un mariage selon la religion. « Au moins, je ne me sentirais pas coupable devant mon créateur ».
Si pour certaines, une histoire de couple, hors- mariage, c'est avant tout une histoire de sentiments, pour d'autres, surtout parmi la tranche d'âge des vingt, trente ans, c'est des alliances d'intérêt. Se faire entretenir, en offrant en contre- partie leur jeunesse. Et le « contrat » tombera de lui-même. Mais toutes ne le vivent pas de la même façon, et avec la même désinvolture. « R.H en a fait l'expérience, pendant dix ans, au bout desquelles elle se rendit compte que son concubin, qui lui avait certes financé ses études, et l'achat de son appartement, avait réussi à l'isoler de tout le monde. Elle n'avait plus d'ami(es), et aucune relation sérieuse, puisqu'elle avait vécue sur l'air d'une même rengaine : celle d'un amour maladif, jaloux… et égoïste, qui se foutait comme d'une guigne, de sa solitude. Mais elle avait fait un choix, et devait l'assumer ».
Il y a toujours pire quand les enfants sont les otages de ces arrangements entre adultes, puisqu'ils les vouent à la bâtardise, même si la loi, a pris en compte ce genre de situation, en donnant la possibilité à la mère, d'offrir son nom à son enfant, si elle est mère célibataire. Car la société n'est pas prête à intégrer cette donne, et continue d'acculer à la solitude et à la marginalité, ces enfants nés hors le cadre reconnu du mariage. Du coup, ce sont eux qui portent le chapeau. Plus que ces femmes, lesquelles ont fait pour la plupart leur choix, mais qui n'en souffrent pas moins. C'est peut-être pour cela que certaines préfèrent se raccrocher à n'importe quelle illusion, en devenant vindicatives, au point de réclamer la polygamie à cor et à cris, plutôt que de se résigner à vivre seules. Sans en mesurer le danger…
Un homme à tout prix. A n'importe quel prix ?


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