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Le Temps fait parler Armand Jammot : «J'ai fait les dossier les dossiers de l'écran pour pouvoir parler au public» Flash back : Le 7 janvier 1979 on lisait sur le Temps
Je pense toujours au dossier sur le Président Bourguiba Tous les mardis soir, en direct ou en différé les téléspectateurs tunisiens « attendent » une émission considérée comme la meilleure de son genre : « les dossiers de l'écran ». Que ce soit Alain Jérôme au sourire innocent ou Joseph Pasteur au regard dur, qui introduit le sujet, c'est toujours une autre personne derrière eux qui décide du sujet, pense au choix du film pour l'illustration, parfois c'est cette même personne qui écrit le scénario, contacte les invités pour monter le « Dossier » hebdomadaire. Cette personne est Armand Jammot. De passage à Tunis Armand Jammot a accepté de répondre à nos questions - questions que les téléspectateurs tunisiens veulent lui poser supposons-nous. Armand Jammot est depuis 1964 producteur d'émissions radiophoniques et télévisées, après 18 ans de journalisme à la presse écrite. Il est aussi directeur des programmes à Antenne 2 et dirige une collection de livres de jeux chez « Laffont ». Le téléspectateur tunisien ne lui connaît que « les dossiers de l'écran », mais ses deux autres émissions hebdomadaires « Aujourd'hui madame » et « lettres et chiffres » il dit qu'il est content que cette dernière soit copiée par la télévision tunisienne font de lui l'un des plus importants producteurs de la télévision française. Armand Jammot, pour les Tunisiens, c'est d'abord « Les dossiers de l'écran »... - C'est une chose qui me fait énormément plaisir. J'ai su il y a quatre ou cinq ans que « Les dossiers de l'écran » passaient régulièrement en Tunisie. L'administration de l'ORTF à l'époque avait oublié de me le dire. L'idée des dossiers de l'écran est de vous. Qu'est ce qui vous a poussé à créer cette émission ? - On fait l'idée de vouloir réaliser les émissions qu'on aurait envie de voir si on était téléspectateur. Disons que j'ai un certain goût pour la discussion des problèmes, pour poser des questions, recevoir des réponses, essayer de comprendre les choses en ne me contentant pas d'explications superficielles. J'ai écrit des films qui correspondent à cette idée. Avant, « Les dossiers » j'ai fait une série d'émissions d'abord à la radio ensuite à la Télévision qui s'appelle « Verdict ». J'y racontais une série de « cas de conscience » et je demandais l'avis de spécialistes sur ce cas, déjà les téléspectateurs pouvaient participer à l'émission par S.V.P. Je suis ensuite arrivé à écrire moi-même les films qui illustrent les « dossiers de l'écran », une moyenne de trois films par an, en tout une douzaine de films. Il y a deux ans, pendant le démarrage de la seconde chaîne de TV, un certain nombre de producteurs ont été appelés à présenter des projets d'émissions hebdomadaires. « Verdict » ne pouvait pas être produite une fois par semaine parce qu'il n'était pas question que j'écrive un film par semaine. Et je me suis aperçu que le cinéma, pas seulement français, a produit beaucoup d'œuvres intéressantes qui posent des problèmes, qui peignent des situations sociales morales ou politiques et qu'on pouvait acheter ces films pour organiser autour du problème qu'ils soulèvent des débats avec des personnes compétentes, des témoins. C'est ainsi que sont nés « les dossiers de l'écran » dont on va fêter le dixième anniversaire dans trois mois. La principale originalité des dossiers de l'écran c'est la possibilité que présente cette émission aux téléspectateurs d'intervenir en direct... C'est là en effet la principale originalité des dossiers. Le travail que fait Guy Darbois et qui consiste à synthétiser les différentes interventions du public, c'est de les analyser et les transmettre. Il est évident que l'intervention du public par un instrument qui demeure assez grossier, a imposé au débat à la télévision un ton assez nouveau en France et a amené les participants à sortir de leur jargon professionnel, de leur spécialité et à parler pour le plus grand nombre. C'est essentiel, parce que je pense que la télévision est un instrument pour le plus grand nombre et que en dépit du courant actuel, quand on a la chance de travailler à la T.V, il ne faut jamais oublier qu'on travaille pour le grand public. On accuse « les dossiers de l'écran » d'être atteint de sénilité ? Oui, on a commencé à dire déjà en 1968, que les Dossiers s'essoufflaient alors qu'ils ont été créés en avril 1967. Les journalistes ont ainsi parlé pendant trois ou quatre ans, maintenant on en parle plus. L'émission a un peu changé. Le public aussi, parce que pendant dix ans, une émission contribue tout doucement à modifier les mentalités du public, à le rendre exigent, et c'est tant mieux. Plus exigeant à l'égard des participants ; et c'est nous qui sommes exigeants à l'égard des Dossiers, parce que les ayant menés pendant dix ans, je voudrais bien les mener encore pendant quelques années. On a fait cette année des dossiers qu'on avait pas faits il y a plusieurs années. Le dossier où nous avons présenté « l'Aveu », je sais qu'il n'a pas été retransmis en Tunisie à cause de difficultés pour l'achat du film, a permis d'établir une discussion qui était impossible il y a deux ou trois ans en France, puisque le PC français n'admettait pas encore la réalité de ce qui s'est passé dans les pays de l'Est à l'époque de Staline et même après. Cette fois-ci pour la première fois un membre du PC français a accepté de venir discuter avec des gens qui avaient vécu cette aventure. Nous avons également fait l'Affaire Pétain et c'est la première fois qu'on parle en France de Pétain depuis la libération, ce problème étant douloureux pour les Français et étant donné qu'il a fallu une trentaine d'années pour pouvoir en parler. « Les dossiers » ont également traité le problème du chômage qui est quand même un problème récent pour les Français, le problème des rapatriés d'Algérie dont il a fallu attendre quatorze ans pour pouvoir en parler, par ce que c'est un problème qui soulevait des passions, et à propos duquel les Français risquaient de s'affronter. Nous avons donc fait cette année un certain nombre de dossiers de cette dimension là, et cela justifie que l'émission continue. Maintenant dire que « Les dossiers » n'ont pas toutes les semaines la même dimension le même intérêt, je suis d'accord. N'oublions pas qu'on a fait un dossier Soljenitsyne, un dossier Golda Meir, un dossier Portugal, un dossier Espagne... Ça fait déjà un bon nombre de bons dossiers. Vous étiez décidé à faire une émission sur le Président Bourguiba. Où en est le projet ? Le projet s'est effiloché. La dernière fois que je suis venu en Tunisie, en novembre 75,... nous avions envisagé de faire à l'occasion du 20ème anniversaire de la fête de l'indépendance un dossier sur le Président Bourguiba. Et puis, il y a eu des problèmes d'heures, de temps. J'aurais souhaité la faire en direct et ça n'était pas possible. Il s'est trouvé aussi qu'en cette période le Président Bourguiba était relativement souffrant et que ça aurait été une épreuve assez importante que de lui imposer trois heures de télévision sous les projecteurs. C'est un projet que je souhaite pouvoir faire si c'était possible. Quelle serait l'émission idéale pour vous ? Je ne crois pas qu'il aurait d'émission idéale parce qu'il n'y a pas de public idéal. Un public idéal serait composé de plusieurs millions de téléspectateurs qui auraient tous les mêmes goûts, penseraient rigoureusement les mêmes choses et qui riraient, s'intéresseraient aux mêmes choses. Et si par malheur on devait avoir un jour affaire avec un tel public, je ne ferais plus du tout de télévision. Il ne peut pas y avoir d'émission idéale dans la mesure où on s'adresse à un public qui n'est intéressant qu'à cause de sa diversité, et la pluralité de ses opinions, de ses comportements Entretien conduit par A.Kabous et Anissa Barrak