Il est indéniable qu'il ne passe pas de jour voire d'instant sans que la recherche scientifique, les découvertes pharmaceutiques, la médecine en général n'enregistrent des progrès faramineux et des thérapeutiques d'appoint que personne n'osait espérer auparavant. Du coup, certaines maladies qui nous terrifiaient par un passé pas très lointain par leur pronostic sombre, se trouvent banalisées car, bien traitées et surtout précocement prises en charge, on parvient désormais pour l'heure à en éradiquer définitivement la gravité, à les vaincre. Il y a ceux qui s'apitoient et se lamentent sur leur sort pour un bobo insignifiant ; d'autres au contraire affrontent avec courage la réalité, prennent les devants et font tout ce qui leur est indiqué par les professionnels de la santé sans rechigner. La troisième catégorie de malades constitue le contingent le plus difficile à traiter car adepte de la fuite en avant, de la recherche des petites excuses et autres faux-fuyants, bref ils pratiquent avec un brio époustouflant de réussite la politique de l'autruche. Les hypochondriaques férus de médicaments Les alarmistes ou hypochondriaques eux, inspectent avec minutie à longueur de journée leur corps, s'interrogent, scrutent et s'oublient des éternités devant leur miroir, ne descendent pratiquement jamais de leur pèse-personnes, ameutent toute la famille, font le tour des médecins, et autres charlatans de la place, se gavent de médicaments, de lénifiants en gardant longuement le lit pour une banale gorge sèche, un simple refroidissement, une anodine colique abdominale suite à un solide bol de " lablabi " richement assaisonné. Ils aiment se sentir au centre de l'univers et focaliser l'attention de toute la confrérie leur rendant visite et se précipitant à leur chevet. A noter que cette catégorie de malades est redoutée comme la peste par les médecins. Jamais contents, toujours accrochés au bout du fil en quête de renseignements souvent superflus, et à des heures indues et vraiment impossibles, bref des éternels geignards se morfondant sur leur sort avec des jérémiades sans cesse renouvelées et nullement fondées ou justifiées. La pire réponse à leur faire justement de la part des médecins est la suivante : " Vous n'avez rien de grave ! " Suffisant pour que le toubib soit qualifié d'incompétent ne comprenant rien à leur maladie.... Les meilleurs malades : les conscients Les pragmatiques constituent une frange à part. Ce sont des malades qui prennent le taureau par les cornes, se font soigner quand il le faut sans autre forme de procès. Savent exactement quand il faut consulter sans toutefois verser abusivement dans l'automédication. Ils reconnaissent leurs limites et s'ils tardent à avoir recours aux praticiens c'est uniquement dans le dessein de ne point les déranger en pleine nuit. Mais ils sont au cabinet le lendemain dès la première heure. Ils appliquent à la lettre les recommandations de leur médecin de famille en qui ils ont une confiance aveugle et ne s'amuseront jamais à aller voir ailleurs. Ils ne sont pas enclins à faire part de leur pathologie à autrui, mais se soignent correctement, font les analyses et les bilans radiologiques en temps et heures indiqués, reviennent aux RDV sans le moindre retard. Ils représentent de loin les patients dont chaque médecin rêve d'avoir exclusivement. Quel que soit le degré de la gravité de l'atteinte dont ils souffrent, ils en sont conscients et en supportent stoïquement les retombées les affrontant avec lucidité sans dramatiser outre mesure leur situation. Les fuyards C'est la catégorie la plus difficile à aborder par le corps médical toutes spécialités confondues. Avant d'énumérer les caractéristiques essentielles et communes de ces patients, empressons-nous de dire qu'ils sont pratiquement tous dotés d'un niveau intellectuel très élevé. Ils appartiennent si l'on veut au gotha de la société où ils occupent généralement de gros postes de responsabilité. Très intelligents, au fait exactement du moindre menu détail de leur pathologie en se documentant à fond la caisse sur la question, et allant jusqu'à rivaliser voire dépasser les professionnels de la santé par l'étendue de leurs connaissances sur le problème les touchant. Seulement voilà, ils ne se prennent jamais au sérieux et tentent par tous les subterfuges possibles et imaginables à leurrer leur médecin qu'ils ne consultent jamais du reste que par téléphone. Ce dernier a beau leur recommander expressément de faire telles ou telles analyses, la réponse est toujours la même " Oui demain sans faute ! " autant dire jamais à vrai dire. Pourtant un sujet sédentaire, présentant une élévation de son cholestérol, de ses triglycérides non contrôlés et non traités depuis bientôt deux ans voire plus, tabagique, soumis sans discontinuer à une pression étouffante au travail de par sa grosse responsabilité dans la boîte, se sustentant sur le pouce en expédients nullement équilibrés et fort nocifs pour sa pathologie (biscuits et des litres de café), sait pertinemment à quoi il s'expose en continuant à emprunter ce chemin. Un accident vasculaire cérébral, un infarctus du myocarde, une insuffisance rénale, une atteinte sévère de la vision, voire une artérite des membres inférieures. Vous pensez qu'il se soucie particulièrement de ces périls et dangers ? Absolument pas ! Une dame découvrant une petite induration au niveau de son sein en se palpant mais refuse de suivre les directives de son gynéco lui conseillant au téléphone une mammographie et une échographie mammaire. Un patient présentant tous les signes d'un problème au niveau de la prostate avec des douleurs mictionnelles et des envies itératives d'uriner toutes les cinq minutes, laisse traîner les choses et n'explorera jamais sa prostate par une échographie et un prélèvement sanguin spécifique (PSA) selon les souhaits de son urologue. Une descendante d'une famille de diabétiques maigrissant ostensiblement ces derniers temps à vue d'œil en dépit d'un appétit vorace inhabituel (polyphagie), accusant une fatigue générale inexpliquée ( asthénie) avec un sommeil mouvementé entrecoupé par moult réveils pour une soif tenace ( polydipsie) et des besoins fréquents de miction ( polyurie), ne se prend jamais au sérieux occultant allègrement cette batterie pourtant fort parlante de signes cliniques d'appel et répondant avec désinvolture à son proche entourage inquiet à juste titre de la dégradation de sa santé que le stress en est la cause. Rien que des promesses … Et on peut broder indéfiniment avec cette catégorie à part, avec des exemples tirés de la réalité, de notre quotidien à tous. Malheureusement, personne n'y peut rien, car ils sont tellement obnubilés par leur travail que tout le reste passe au second plan. Et quand bien même, quand on les accule dans leurs derniers retranchements au téléphone, on ne peut en arracher qu'un laconique et non moins évasif " Vous avez raison, je dois me prendre en charge, prendre des vacances, le proprio de la boîte doit comprendre ma situation précaire et l'urgence pour moi de m'occuper de ma santé avec un bilan complet. Je passerai demain en fin de matinée à votre consultation après avoir effectué les analyses nécessaires très tôt le matin ". Mais en fait de RDV, le médecin devrait attendre leur futur appel téléphonique un mois plus tard avec toujours les mêmes recommandations du toubib et les mêmes promesses non tenues du patient. Du copier coller en quelque sorte et personne n'y peut rien dans cette affaire jusqu'à ce que les tuiles se mettent à tomber imparablement. Mais ce serait bien trop tard alors pour y remédier, le mal ayant eu largement le temps matériel pour accomplir son œuvre destructrice ! Mohamed Sahbi RAMMAH ------------------------------------------------ La CNAM nous écrit Suite à l'article intitulé " La CNAM n'éternue pas " publié dans le Journal Le Temps, du mercredi 06 janvier 2010, la CNAM apporte les précisions suivantes : Contrairement à ce qui a été rapporté par l'auteur de cet article, la CNAM prend en charge les " produits spécifiques ", de lutte contre la grippe A (H1N1), d'ailleurs la liste des médicaments couverts par la CNAM, publiée sur son site WEB, a été mise à jour depuis, le 1er décembre 2009, pour inclure l'Adiflu et le Saiflu. Pour ce qui est des vaccins, il faut rappeler qu'un programme national de lutte contre la grippe A (H1N1) a été très tôt, mis en place par le ministère de la Santé publique, ce programme inclut entre autres mesures, la vaccination, systématique et gratuite des populations cibles.