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Dépérissement du corail : Vers une catastrophe écologique !
CAMPUS
Publié dans Le Temps le 18 - 01 - 2010

* "Il est impossible de former une stratégie d'exploitation du corail tunisien par manque des données statistiques en l'absence de donnéesscientifiques (croissance, mortalité,…)"
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Le corail, " l'or rouge de la Méditerranée " exploité depuis l'antiquité est classé parmi les rares richesses des fonds marins de la Tunisie. Les zones où l'on pêchait et où l'on continue à pêcher davantage sont pratiquement les mêmes, celles de Tabarka et de Bizerte. Ce trésor connaît depuis quelques années une surexploitation.
On admet que sa collecte, comme toute activité de pêche, entraîne une dégradation des stocks qui peut aboutir à une déstabilisation de l'équilibre écologique. Le développement de cette activité serait-il incontrôlé et irrationnel ? Qu'est-ce que cela peut engendrer ? Porte-t-il préjudice à l'environnement ? Incite-t-il à rayer les lois de protection ? Entrave-t-il les recherches ?
Les apports de corail débarqués dans le port de Tabarka par bateau, par jour et par saison, sont toujours inférieurs à ceux qui sont exportés. D'après des chiffres officiels, la Tunisie a produit 14 tonnes de corail (1993-2002) et a exporté 27,3 tonnes, " c'est du braconnage ", comme l'indiquent les intéressés de cette activité. Il est très difficile de savoir la vraie quantité pêchée par les armateurs.
" La demande étrangère est particulièrement forte surtout lorsqu'il s'agit du corail rouge qui sert à la joaillerie. On l'utilise également en médecine réparatrice, ce qui explique qu'il soit aussi recherché ", affirme un agent d'affaire rencontré au port de Tabarka.
La pêche au corail était une industrie florissante en Tunisie, elle fut convoitée par plusieurs puissances étrangères à Tabarka. Les Génois qui y ont construit un fort au XVIe siècle, développèrent la pêche et le travail du corail.
Le corail dilapidé
Après séchage, le corail est mis en caisse, il est revendu en produit semi-fini. Son écoulement se fait soit directement du producteur (le pêcheur corailleur) à l'acheteur, soit par l'intermédiaire des maquignons appelés " acheteur du corail " entre l'exportateur industriel, d'une part et les pêcheurs d'autre part.
Il est à signaler que la commercialisation du corail n'est pas contrôlée par l'Etat tunisien. Il faut noter que le gasoil est subventionné par l'Etat jusqu'à 30% de sa valeur. " C'est sans TVA, sans impôts vendu approximativement entre 750 et 1500 dinars tunisien, les prix de vente varient d'une catégorie à une autre (selon la densité, la forme, la couleur...), " déclarent des sources officielles, de la direction de la pêche marine.
" C'est cette situation qui incite les assoiffés de richesse à surexploiter notre corail " s'indigne le jeune étudiant rencontré au club nautique de Tabarka et il dénonce le fait que plusieurs gens ont fait fortune grâce à cette activité non contrôlée, " mais le pays lui, est largement perdant ".
Il est intéressant que la législation tunisienne tient compte de la sécurité des plongeurs et de l'organisation de l'effort de pêche, " mais ce n'est suffisant ". On se demande si la législation ne doit pas être révisée pour une meilleure conservation de l'espèce ".
Lacunes législatives
Autre préjudice porté à l'environnement et à l'écosystème corallien, c'est l'utilisation des méthodes de pêche dévastatrices. Les jeunes colonies de corail sont détruites par les lourds madriers utilisés par les pêcheurs frauduleux. " C'est la croix de Saint-André, interdite depuis 1985, et cette interdiction visait la préservation de cette ressource et l'orientation des pêcheurs vers la pêche du poisson ", indique Nourdine Shemsi, responsable à la direction de la pêche marine.
Très fragile, le corail, qui ne pousse que d'un à deux mm par an, n'arrive plus à se régénérer . " C'est un véritable massacre qui s'opère ces dernières années, déplore M. Moncef professeur à l'Ecole de pêche de Tabarka. Pour permettre au corail de se régénérer (une période de 22 ans), il faut le cueillir avec un marteau effilé que les plongeurs corailleurs utilisaient autrefois.
" La qualité du corail en Tunisie se détériore d'année en année, l'écosystème est déstabilisé, si on parle de la biodiversité " déclare M. Salah Bjeoui, plongeur-corailleur à Tabarka, d'un ton très alarmant. Il demande le renforcement de la surveillance, avec la mise sur pied d'une police de mer. Reste à convaincre les autorités compétentes.
Les trafiquants ont plus d'un tour dans leur sac, précise un garde-côte : " ils utilisent des méthodes de plus en plus sophistiquées, particulièrement pour localiser les bouées qu'ils lancent à la mer quand ils aperçoivent les vedettes de surveillance. Lestées des fameuses croix de Saint-André, où sont accrochés les filets portant le corail, les bouées sont, une fois le danger passé, repérées par le système GPS dont les bateaux sont dotés ". Si, en mer calme, les gardes-côtes peuvent espérer apercevoir ces bouées et saisir ainsi le corail et le matériel utilisé, les bouées sont quasiment invisibles en mer agitée. " C'est comme rechercher une aiguille dans une botte de foin ". La production est sous estimée compte tenu des pertes au cours de la collecte et de la pratique du stockage.
Ce trafic, qui prend de l'ampleur, la facilité des trafiquants à faire passer le corail vers d'autres destinations, soulèvent le voile sur les lacunes législatives et surtout sur les faibles sanctions. Gardes-côtes, gendarmes et plongeurs corailleurs (honnêtes) proposent de procéder au retrait des fascicules de navigation des pêcheurs pris en flagrant délit et de considérer cet acte comme " Crime écologique ".
Actuellement, nous assistons, impuissants, à la mise à mort de cette richesse.
" Tout le monde est perdant " crie Ferid Romdhane, patron de pêche.
Les scientifiques élèvent la voix
Partout où le corail est présent, les scientifiques essaient aujourd'hui d'éduquer au respect de l'environnement et donc du corail. Dans leurs études, ils soulignent que les gisements corallifères s'épuisent, que la ressource devient excessivement rare et que les pêcheurs sont obligés d'aller explorer les gisements profonds (au delà de 100 m) pour récolter le corail.
Ainsi l'exploitation de ce patrimoine halieutique commence à prendre des proportions alarmantes. " A ce jour nous faisons face à des questions liées à la gestion de cette ressource " constate M. Karim Ben Mustapha, chercheur à l'Institut National des Sciences et Technologies de la Mer (INSTM). Il explique que l'écosystème marin doit être géré de manière à assurer la durabilité des stocks d'espèces natives.
" Mais il est impossible de former une stratégie d'exploitation du corail tunisien par manque des données statistiques et en l'absence de données scientifiques (croissance, mortalité,...) " se plaint ce chercheur en biodiversité. Il démontre que le manque de données fiables sur la production est essentiellement dû à la valeur élevée de la ressource et au braconnage induit.
Une pêche doit être de manière à éviter la surexploitation des ressources, et assurer un rétablissement de stocks surexploités et la diversité biologique de l'écosystème. La pêche au corail doit se conformer aux principes du développement durable, un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre les besoins des générations futures.
Difficile de savoir " quelle richesse nous tenons ? Quelle zone protégeons-nous ? Avec quelle technique procédons-nous ? " Si nous souhaitons faire perdurer cette activité, si nous voulons continuer à bénéficier de son exploitation et nous assurer la conservation de la ressource, il faut penser à la mise en place d'un aménagement raisonnable ", propose le scientifique écologiste.
" Je ne veux pas qu'on parle du corail comme un patrimoine Karim Ben Mustapha soutenu par le plongeur corailleur Salah Bejaoui.
L'aménagement de cette pêcherie ne peut donc être basé que sur la connaissance scientifique, écologique, biologique et sur des données statistiques fiables.
On se demande comment est-on arrivé à cette situation malgré une politique d'aménagement des pêcheries ? (loi n°94-13 du 31 janvier 1994, relative à l'exercice de la pêche).
La situation actuelle permet d'observer que les récifs coralliens sont des écosystèmes menacés et il est judicieux de suggérer des mesures visant à éviter la détérioration irrémédiable de cette ressource.
Louhichi Radhia


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