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Les événements du 26 janvier 1978 tel que racontés par Taïeb Baccouche et Mohamed Sayah
Publié dans Le Temps le 26 - 01 - 2010

Le jeudi 26 janvier 1978, a été décrété par l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), jour de grève générale, la première du genre depuis l'indépendance. Dès le matin, des travailleurs, des chômeurs, des jeunes et même des enfants des banlieues investissent le centre de Tunis, dressent des barricades, brisent les vitres des magasins, brûlent des pneus.
L'affrontement avec les forces de l'ordre était inévitable. Le mot d'ordre de grève générale a dégénéré en émeute. Les dirigeants syndicalistes et à leur tête le secrétaire général Habib Achour, sont débordés. Sur ordre du président Habib Bourguiba, l'armée a été chargée de rétablir l'ordre.

De source officielle on avance le chiffre de 52 morts et 365 blessés, la majorité atteint par balle à la tête et ont moins de 20 ans. La Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH), affirme qu'il y avait au moins 500 morts, certains opposants au régime ont avancé le chiffre de 1000 morts.

Le siège de l'UGTT a été investi par les forces de l'ordre et des dizaines de syndicalistes, notamment Achour, ont été arrêtés. L'un d'eux, Taïeb Baccouche, ancien secrétaire général de l'UGTT et très proche, à l'époque, de Achour, nous a déclaré à l'occasion du 32ème anniversaire de cet événement : " Les causes de ces tragiques évènements sont objectivement complexes. Ayant été l'un des acteurs, en prenant du recul, trente-deux ans après, je vais essayer d'analyser les causes le plus objectivement possible. Je pense que le nœud de la crie réside dans la politisation excessive de la relation entre le gouvernement et son principal partenaire social. Cette relation aurait pu rester dans le cadre de la négociation sociale stricto sensu.

Si l'on considère le volet revendicatif, on doit rappeler que le gouvernement, après avoir négocié la révision des salaires, voulait lier l'UGTT par une paix sociale de cinq ans, sans grèves, ni revendications, en plaçant tout cela dans le cadre " d'un pacte social ".

Du côté syndical, on était conscient de l'impossibilité d'un blocage des salaires pendant cinq ans, alors que l'inflation et l'augmentation du coût de la vie ne s'arrêtent pas. Par ailleurs, les bénéfices de la croissance au cours de la première moitié des années soixante-dix n'ont pas été équitablement distribués, creusant ainsi le fossé entre les revenus des salariés et des non salariés.

Malgré cela, ce dossier restait à mon avis gérable et pouvait donc être plus ou moins bien géré, mais c'est le parasitage politique qui a faussé la donne (...).

Le secrétaire général de l'UGTT était d'office membre du bureau politique du PSD. Il se trouvait ainsi dans une situation délicate et contradictoire, car, il n'était pas facile de concilier les exigences politiques du parti-Etat et la satisfaction des revendications des travailleurs qui aspiraient à plus de justice sociale et à des conditions de travail et de vie meilleures. Cet amalgame structurel dont la responsabilité incombe au système politique pouvait favoriser facilement les conflits " !

A la question concernant qui étaient les responsables directs de la crise ? M. Baccouche a répondu : " Il faut faire la différence entre la responsabilité et la crise, qui relève comme je viens de le dire du système politique imposé, et celle des événements. A ce niveau, tous les observateurs étaient convaincus de l'innocence de l'UGTT et du caractère inique des procès et des lourdes condamnations ".

Brassard
Nous avons posé la question sur la responsabilité de la crise et surtout sur le rôle joué par les " milices " du PSD dans la répression à l'ancien directeur du parti de l'époque, M. Mohamed Sayah.
Il a répondu : " Il n'y a pas eu de milices au sens de force militaire ou paramilitaire. Mais, pour accréditer l'idée, on était parti, comme toujours, d'un fait sans rapport avec l'accusation. Le fait, dans ce cas précis, était ce qu'on appelait les " services d'ordre ". Il est vrai que l'université a été le théâtre d'échauffourées à propos desquelles on avait aussi accusé le parti. En réalité, c'est la fédération des dockers qui est intervenue, envoyée par Habib Achour, alors que je n'étais pas directeur du parti. Achour disait, en 1972, (et les textes existent), que l'UGTT était comme les " gardes rouges " de Mao, qu'elle défendait le gouvernement et le régime. Comme je l'ai expliqué, il existait un " service d'ordre " du parti, dont les membres fichés par la police portaient un brassard. Ils intervenaient uniquement lorsqu'il y avait des grandes manifestations dans le pays comme dans le cas de visites de chef d'Etat étrangers, parce qu'il n'y avait pas suffisamment de policiers (...). En 1981, la justice a établi que l'accusation à mon encontre, relative à l'existence de " milices " ne reposait sur aucun fondement. Pendant un mois, l'hebdomadaire " Erraï " a invité les personnes qui auraient eu à souffrir des milices à s'exprimer sur ses colonnes. J'attendais avec intérêt. La seule personne qui s'est présentée a fait état d'une agression en 1972, à Tunis, dans le quartier de Jebel Lahmar, sans être en mesure de dire qui étaient ses agresseurs ".


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