L'Afghanistan, pays parmi les plus pauvres de la planète, peuplé de tribus appartenant à des ethnies opposées les unes aux autres, mais ayant ceci en commun : le refus de se soumettre à une quelconque volonté étrangère. En dépit de leur rivalité séculaire qui peut facilement basculer dans la violence, ces tribus et ces ethnies oublient - du moins pour un temps - leurs querelles pour combattre l'envahisseur. Les Britanniques l'avaient vérifié à leurs dépens et ont payé un lourd tribut humain où en janvier 1842 une colonne anglaise en retraite depuis Kaboul fut totalement massacrée. Au total seize mille britanniques (hommes, femmes et enfants) ont péri dans cette tragédie ! Les Britanniques ont fini par laisser le pays et ses habitants à l'issue de la guerre de 1919, date de l'indépendance de l'Afghanistan qui a toujours attisé les convoitises des puissances étrangères voisines ou lointaines (Russie, G.B. URSS USA) notamment. Mais aucune d'entre-elles n'est parvenue à faire main basse sur ce pays au relief et climat inhospitaliers et dont la rudesse de ses peuples ne fait que compléter ce décor fait de plateaux et de montagnes arides. Cette nature est pour l'essentiel dans le façonnement de l'homme afghan qu'il soit pachtoune, Ouzbek, Tadjick, Chiite ou Sunnite. Car dans ce pays il y a de tout cela. Mais la constante et le dénominateur commun de ce brossage humain demeurent l'insoumission à toute force étrangère en dehors du clan ou de la tribu. Ceci explique d'ailleurs l'échec de toutes les tentatives visant la création d'un Etat au sens moderne du terme et les assassinats dont furent victimes tous ceux ayant dirigé pour un temps le pays où ayant cru à un moment ou à un autre de l'histoire pouvoir asseoir un pouvoir central capable de le diriger. Cette réalité a échappé à tous ceux qui ont cherché à occuper l'Afghanistan et ceux dont les troupes sont sur place pour combattre le terrorisme. Les Soviétiques qui avaient envahi, ce pays en décembre 1979, durent se rendre à l'évidence pour négocier leur retrait en 1989, laissant derrière eux plus de 26.000 tués parmi les soldats engagés alors que le nombre de blessés dépassait les 50.000. Cette guerre menée contre les troupes de Moscou, était soutenue par les Etats-Unis, les pays du golfe et le Pakistan, et avait mobilisé plus de trente milliards de dollars pour venir en aide aux résistants afghans enchaînés par les Pakistanais et armés par les Américains, eux-mêmes, puis aujourd'hui au piège avec leurs alliés dans une véritable bourbier dont ils ne voient pas le bout du tunnel. La situation sur le terrain n'incite guère à l'optimisme après plus de huit ans d'occupation et de combats menés contre les talibans et leurs alliés d'Al Qaïda. Les Américains et leurs alliés qui totalisent plus de 150.000 hommes dans ce pays, ont sans doute oublié au moment d'envahir l'Afghansitan de consulter les manuels d'histoire, autrement ils ne se seraient jamais hasardés dans une aventure aux risques incalculables. Aujourd'hui, ils font face à une résistance de plus en plus farouche avec une guérilla qui s'affirme jour après jour sur le terrain, allant jusqu'à narguer les troupes alliées et les forces du pouvoir en place à Kaboul même. Pourtant la capitale est supposée être imprenable de par la présence de milliers de soldats dont la mission est de protéger un pouvoir local qui n'a au fait aucune prise sur la situation et aucune légitimité à faire valoir. L'Afghanistan et ses peuples ne changent pas, ils ne peuvent s'accommoder d'aucune présence étrangère. Et c'est là où réside le nœud du problème. Une fois ses contours sont saisis, l'issue sera trouvée. Une issue qui épargnera à tout le monde des pertes en vies humaines en matériel et permettra inéluctablement aux Afghans de voir autrement leur avenir et celui de leurs enfants qui ont besoin de paix et de liberté.