Le Temps-Agences- La France se prononce pour l'interdiction du commerce international du thon rouge, une espèce menacée de disparition en Méditerranée, mais après un délai de 18 mois pour évaluer l'état de la ressource. Paris, vivement critiqué par les écologistes pour cette position qui reporte l'interdiction, pose en outre deux autres conditions, la poursuite de la pêche côtière artisanale destinée au marché intérieur et des garanties de l'Union européenne sur des aides à la reconversion. La France prône, comme l'avait proposé Monaco, de protéger le thon rouge en l'inscrivant à l'annexe I de la Convention internationale sur les espèces sauvages (Cites), ce qui reviendrait à interdire sa commercialisation internationale, les pêcheurs restant libres d'en vendre sur leur marché national. La décision a été arbitrée avant hier soir, le dossier faisant l'objet de divergences entre Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, favorable à l'interdiction totale, et le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire, partisan d'une mesure moins radicale. L'Italie s'était déjà engagée à soutenir la proposition d'interdiction mais la France, premier pays pêcheur avec 20% des captures déclarées, tardait à s'exprimer. Un conseiller du gouvernement a expliqué que le moratoire sur l'interdiction débuterait le 25 mars, après la réunion de Doha (Qatar), où l'Assemblée générale des 175 Etats parties à la Cites doit se prononcer sur la prohibition de commercialisation. Greenpeace a vivement critiqué cette décision dans un communiqué qui souligne qu'il reste moins de 15% de la population de thon rouge en Méditerranée. Le commerce du thon rouge concerne essentiellement les exportations de la Méditerranée et de l'Atlantique vers le Japon, où le "thunnus thynnus" est très prisé, pour les sushis notamment, et y atteint des prix astronomiques. Les scientifiques estiment que l'espèce est mise en danger par la surexploitation. La Commission européenne a entamé à plusieurs reprises des procédures d'infraction contre les pays européens, dont la France, qui selon elle ne contrôlent pas suffisamment les captures de leurs pêcheurs.