* Ce qui freine l'évolution des centres de formation des jeunes Le football est un dossier complexe qu'on ne pourra que difficilement ouvrir, tellement il y'a des choses à dire et à faire. Des plans d'action et des tables rondes n'ont jamais été menés à terme, il suffit de se rappeler la petite prestation du onze national au mondial 2006 et tout ce que cela a suscité comme commentaires, déceptions et vives critiques. Depuis, rien n'a été fait pour se pencher sur les véritables maux de notre football, les conséquences furent fâcheuses entre le 14 novembre 2009 et le 21 janvier 2010 avec un double échec (élimination de la phase finale du mondial et du 1èr tour de la CAN) Il est permis de se demander, si vraiment la situation va changer en optant pour une nouvelle équipe fédérale, de directeur technique ou de sélectionneur. Depuis 2006, nous en sommes au troisième président de la FTF et ce n'est pas fini. Les maux de notre sport et du football sont plus profonds et concernent toutes les parties prenantes : départements de tutelle aussi bien des sports que de l'éducation (rythmes scolaires), FTF, direction technique, surtout les clubs ainsi que nous-mêmes medias. Les solutions figurent au programme présidentiel 2009-2014 Seul le vaste chantier et le plan d'action ambitieux figurant au programme présidentiel 2009-2014 sont en mesure d'apporter des solutions concrètes à la relance de notre sport et du football en particulier ( voir pages 41,42 70 du recueil Ensemble pour relever les défis , version en langue arabe) . Aujourd'hui, plusieurs observateurs constatent amèrement que le sport roi tarde à former de grands joueurs locaux depuis la disparition des terrains vagues et le football dans les quartiers. Pour en savoir plus sur la qualité de formation de nos jeunes footballeurs « Le Temps » a traité du fonctionnement du centre national de formation de Borj Cedria ainsi que ceux des régions à Beja, Le Kef, Gafsa, Gabes, Ben Guerdane et Sidi Bouzid. Des passerelles incontournables Rappelons que ces centres ne constituent que seulement deux passerelles parmi tant d'autres (structure de détection à la base dans les écoles primaires, centres scolaires de promotion, clubs, lycées sportifs et filières sports-études) figurant dans la pyramide et plan de carrière du footballeur tunisien. Chacune de ces passerelles constitue une étape incontournable et dépendante les unes des autres, elle peut à elle seule faire l'objet d'un dossier. On ne peut également évoquer le fonctionnement de ces centres sans se pencher sur le phénomène de dégradation de la pratique sportive dans nos écoles avec des jeunes qui se tournent de plus en plus vers d'autres loisirs et passions comme la TV ,les jeux vidéo et Internet , il y'a aussi l'absence des lycées sportifs pour les sports collectifs à l'instar de celui d'El Menzah (réservés désormais aux sports individuels), l'absence de modification des rythmes scolaires qui laissent peu de temps aux jeunes pour la pratique du sport , l'inefficacité du parrainage par les clubs des unités de promotion scolaires , l'inexistence des classes sports collectifs- études qui favorise la perdition à 17 ans et en cours de chemin des jeunes joueurs formés dans les centres régionaux et nationaux,sans oublier un secteur aussi fondamental que celui du bénévolat qui a atteint la cote d'alerte et que pour s'en sortir, l'heure est venue pour créer un véritable statut du bénévole. Nous y reviendrons. L'apport de la cellule de détection des jeunes talents Avec la mise en place du système national de détection et d'orientation des jeunes talents dans le cadre de la concrétisation du programme présidentiel 2004-2009, la prospection cible aujourd'hui des jeunes à l'âge de 6 à 8 ans avec le concours appréciable de la direction technique de la FTF qui veille et suit de prés le travail mené par la cellule nationale de détection mise en place par la tutelle depuis avril 2005. Une fois détectés, ces jeunes sont orientés vers les centres de promotion scolaires (9 à 12 ans) sous l'égide d'une autre structure (appareil administratif rigide) de l'éducation physique avant d'atterrir dans les clubs qui, très souvent, n'assument pas la continuité de la formation . D'ailleurs, c'est sur recommandations de cette cellule nationale de détection que la direction technique a concrétisé dans la pratique l'idée de création depuis septembre 2009 de deux nouveaux centres régionaux de formation des jeunes (13 à 15 ans) à Sidi Bouzid et Ben Guerdane devenus opérationnels depuis septembre 2009. Il semble, d'après ces experts de la détection, que le profil des jeunes issus de ces régions est bien prometteur. Rappelons que cette cellule nationale omnisports succède aux pionniers qui savaient si bien repérer les jeunes de valeur dans les années 60 et 70 et que le sport tunisien a perdu. Le paysage footballistique tunisien a connu depuis 2001 un grand changement avec la décision salutaire de création des centres de formation des jeunes à l'échelle régionale et nationale suite au constat alarmant de l'époque (qui persiste encore aujourd'hui) concernant l'incapacité des clubs d'assurer eux -mêmes la formation des jeunes. Le but de ces centres étant d'assurer l'apprentissage aux footballeurs à un âge de plus en plus précoce pour atteindre plus tard le haut niveau. Des centres perfectibles Les sept centres régionaux (13-14 ans) et nationaux (15 ans) de formation des jeunes footballeurs pour souligner qu'ils fonctionnent sur la base d'un programme technique et physique uniforme s'étalant sur 4 à 5 ans de 13 à 17 ans. Ces centres sont intégralement pris en charge par l'Etat pour un budget annuel d'environ 700000 dinars, ils offrent aux 190 joueurs dont 54 gardiens de but sélectionnés par les 13 conseillers techniques régionaux sur une base de 3000 jeunes à travers toutes les régions, l'hébergement, la nutrition, le suivi médical, l'encadrement scolaire, social et technique pour une période de deux saisons. Un staff composé de 26 personnes (conseillers techniques nationaux, régionaux, entraîneurs, préparateurs physiques, médecins, kinésithérapeutes et surveillants) figurant au sein de l'organigramme de la Direction technique nationale qui veille au quotidien sur le suivi de ces centres avec l'assistance d'un conseiller technique national rompu à cette délicate tache. Une question de temps L'expérience de l'unique centre national de Borj Cedria ne remonte qu'à 2003, cette structure accueille une sélection de 32 joueurs et 16 gardiens sélectionnés à travers les centres régionaux mais également les compétitions nationales des jeunes. Le centre de Borj Cedria a largement contribué à la formation de l'équipe des moins de 17 ans conduite avec brio par Maher Kanzari lors du mondial 2007 en Corée du Sud avec les Msakni, Hadhria ,Sassi ,El Ifa et Ayari. La question qui mérite d'être posée, qu'est devenu le reste du groupe des 21 qui ont vécu l'aventure sud coréenne ? En 2009, le centre de Borj Cedria a réussi à alimenter un groupe de 18 joueurs parmi les effectifs des clubs d'élite comme l'ESS ( 6 ), l'EST ( 5), le CSS( 3) , le CA (2) , l'USM (1) et le ST (1) ,comme quoi les centres régionaux et nationaux sont au service des clubs. Pourvu que la continuité de l'encadrement de ces jeunes soit assurée ,ce qui ne semble pas le cas aujourd'hui . Certains centres régionaux comme ceux de Gafsa (2004) ,Beja ( 2006) , Sidi Bouzid (2009) et Ben Guerdane (2009) ont démarré plus tard alors que celui du Kef qui reste le plus performant à l'échelle régionale fut le premier en activité dès 2001, suivi de Gafsa en 2003. Depuis leur démarrage respectif les centres régionaux sont parvenus à fournir 20% de leur effectif au centre de Borj Cedria et aux sélections nationales des jeunes, 35% aux clubs d'élite ,35% aux clubs de la région et 10% retrouvent leurs clubs d'origine. Ces pourcentages peuvent encore s'améliorer mais cela nécessite du temps et de la patience, un suivi à tout instant, il faut surtout optimiser leur fonctionnement (voir plus loin, les raisons qui entravent leur évolution) pour devenir plus rentables et former dans un proche avenir un bon réservoir de grands joueurs. Cellules spécifiques de formation des gardiens de but et attaquants En plus de la formation des jeunes footballeurs, la DTN assure par l'intermédiaire d'un second conseiller technique la formation et le recyclage à différents niveaux du staff technique encadrant les clubs, les centres de formation mais aussi les nombreux enseignants spécialisés en football et exerçant dans les 84 centres scolaires de promotion. La direction technique a pris également l'initiative de remédier à certaines lacunes constatées ces dernières années dans notre football en mettant en place deux cellules de formation des gardiens de but et des attaquants. Ainsi, il y' a actuellement 16 gardiens de buts pensionnaires du centre de Borj Cedria en plus des 36 dans les centres régionaux Le travail est supervisé par les entraîneurs Béchir Hajri, Khaled Azaiez et Chafik Dridi. Pour sa part, Hédi Bayari anime la cellule de formation des attaquants. C.B. ------------------------------------------------- Ce qui freine l'évolution des centres de formation des jeunes 1) L'aménagement des rythmes scolaires, une urgence Une reforme fondamentale qui n'est pas du ressort des fédérations nationales et des DTN devrait intervenir pour modifier les rythmes scolaires qui conditionnent tant de paramètres décisifs pour le développement du football et en général le sport tunisien. Notre système éducatif est difficilement conciliable avec la pratique du sport d'élite. Savez -vous que les jeunes footballeurs de 15-17 ans du centre national de Borj Cedria sont contraints à s'entraîner du lundi au vendredi de 19h à 20h30 avant d'enchaîner le dîner et la révision scolaires après une longue journée de 8h à 12h00 et de 14h00 à 16h00 ou 18 heures. La DTN a dû recourir à deux séances matinales supplémentaires de 5h30 à 7h00 pour renforcer le volume de travail de cette jeune élite. 2) Le manque de compétition Les joueurs des régions effectuent leur cycle de compétition de novembre à mai et ceux du centre de Borj Cedria de septembre à mai, soit respectivement six et quatre mois d'absence de compétition. La DTN essaie d'y remédier avec la multiplication des tournois inter- centres mais ceci reste bien en dessous des besoins compétitifs de nos jeunes footballeurs . 3) Une infrastructure insuffisante Le centre national des jeunes de Borj cedria ne compte que deux terrains de football rarement fonctionnels en même temps, pourtant on ne manque pas d'espace pour multiplier les terrains et développer la pratique du football. Autre carence, celle se rapportant à l'éclairage des terrains bien souvent défectueux, mais aussi de temps à autre les navettes de transport entre le centre et le lycée d'Ezzahra. 4) les clubs ne suivent pas Les centres scolaires de promotion de football se sont multipliés ces dernières années , passant de 54 à 84 unités Rappelons que le transport, l'indemnité servie à l'enseignant, les frais de compétitions et d'utilisation de l'infrastructure étant à la charge de l'Etat (de gros sacrifices consentis). Les opérations de parraînage ont touché environ 100 associations sur les 274 affiliées à la FTF avec l'objectif d'atteindre les 100 unités en 2010 et 150 en 2011. Ces unités offrent aux clubs une base de recrutement inéspérée qui atteint les 2500 jeunes footballeurs la plupart triés par la commission nationale de prospection et d'orientation des talents. Mais là où le bât blesse, c'est le laisser aller des clubs qui, dans 85% des cas, n'honorent pas leurs engagements par rapport à l'opération de parraînage stipulant la continuité au niveau de l'encadrement de jeunes recrues par leur propre enseignant (pourtant pris en charge par l'Etat). La passerelle entre les centres de promotion scolaire et les clubs n'est pas performante ,c'est pourquoi la tutelle ne doit accorder ses subventions et assistance qu'aux seuls clubs respectueux de l'opération de parrainage et faisant preuve d'un réelle volonté de formation des jeunes. 5) Pour un lycée sportif de sports collectifs La formation d'un footballeur ne se fait pas en quelques mois, elle est le fruit d'un système bien élaboré dans lequel chacun des maillons de la chaîne détection -formation et épanouissement ne doit pas être déficient. Le système actuel dispose de bons moyens de prospection et de détection mais les filières de lycée sportifs (l'espace ne manque pas à borj Cedria et du côté de la cité nationale sportive) et des classes sport- études font défaut dans le plan de carrière de nos footballeurs. Ceci freine les progrès de nos jeunes footballeurs d'élite ayant terminé leur apprentissage au centre national de Borj Cedria ainsi que dans les six centres régionaux qui se retrouvent délaissés dans les clubs à compter de 17 et 18ans . 6) Pour des centres régionaux au Cap Bon et au centre Pour compléter la carte footballistique tunisienne , il sera bien utile d'opter pour la création de deux nouveaux centres régionaux au Cap Bon et au centre qui ne fera que renforcer les pôles de formation de jeunes footballeurs. 7) Problèmes divers Les jeunes footballeurs sélectionnés à travers les régions et qui doivent passer par le centre de Borj Cedria pour compléter leur apprentissage connaissent des problèmes interminables pour se faire inscrire à l'établissement scolaire de la banlieue sud . Les navettes assurant le transport des joueurs entre le centre et le lycée d'Ezzahra connaissent bien souvent des perturbations .Enfin, le matériel assurant le suivi scientifique ,l'acquisition des chaussures et des tenues sportives fait défaut ! La FTF, par le biais d'un de ses sponsors, peut faire un petit geste en direction de ces jeunes et alléger la charge de l'Etat.