Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pas de souci, et ne vous faites surtout pas du mouron. La communauté humaine n'a jamais été aussi soudée, aussi solidaire, et les frontières tendent leurs bras pour étreindre fraternellement, tous ceux que l'infortune, le hasard, ou l'errance, auront mené jusqu'à leurs territoires accueillants, pour y déposer leurs bagages après une très longue fatigue. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes en Italie, où les immigrés de tout bords seront bientôt nantis de leur permis de séjour à points. Trente s'il vous plaît ! Ni plus, ni moins. C'est décidé ça sera fait. Au moindre faux-pas, fût-il le plus bénin, ils seront renvoyés chez eux. « Manu Militari » comme dirait l'autre. Pas de souci, c'est juste un détail. Un détail infime. Pas de quoi fouetter un chat. Et puis c'est dans l'ordre des choses. Comme ces ouvriers passés à tabac parce qu'ils étaient d'origine africaine. Et puis tant d'autres aussi. Et c'est le « Duce » qui doit se trémousser de bonheur dans sa tombe. Il a semé à tout vents et tout n'est pas perdu. Ces « belles idées » renaissent de leurs cendres. Plus vivantes que jamais. Qui a dit que le fascisme était mort, mort et enterré, dans la patrie de De Sica, Rossellini, Visconti et Fellini, ou encore Pasolini ? Car si c'était un film, ça serait une tragédie. Ni plus, ni moins… Dernière trouvaille en date dans le « berceau des Arts » : une application iPhone, dédiée à Benito Mussolini. Avec l'intégrale de ses discours en format texte, assortie d'enregistrements audio et d'extraits vidéo. En circulation depuis le 21 janvier, cette application aurait eu, déjà, un succès considérable. Une application purement « historique » selon son concepteur qui se défend de vouloir diffuser les idées fascistes du Duce. Voire… Simple curiosité, ou réminiscences insidieuses d'une époque noire, que l'on croyait définitivement révolue, qui s'en vient, titiller allègrement la nostalgie « poisseuse » de ceux pour qui le nationalisme ne peut se bâtir que sur la haine de l'autre, et bien entendu, sur le déni de son existence sur une terre, qui lui serait étrangère ? Les signes peuvent être trompeurs, certes, mais jusqu'à quel point ? Il paraît qu'aujourd'hui tout s'explique par la crise. Et la crise des valeurs ? Celles qui fondent l'humanité des hommes, semblent, en tous les cas, avoir mis la clé sous le paillasson, après avoir accroché une pancarte sur la porte : Faillite et banqueroute. Au revoir à jamais…