« Il faut tout changer pour que rien ne change… ». Mais nous ne sommes pas dans un film de Visconti ; et le prince de Lampedusa ne trouvera pas son chemin, dans ces dédales, sinueux, que nous n'avons de cesse de creuser jour après jour, en croyant dévider le fil d'Ariane qui ne nous mènera nulle part, de toute façon, si l'on continue d'arpenter, et de surcroît, à reculons, ce tunnel obscur qui s'enfonce, à perte, dans des abimes, insondables, jusqu'à ce que l'on en arrive à ne plus reconnaître notre propre reflet, dans le miroir trafiqué de nos illusions, perdues. Liberté d'expression ? Ne vous faites plus de mouron, il n'y a rien à dire : tout va pour le mieux, dans le meilleur des mondes. Personne ne censure plus personne, aucun journal ne sera plus jamais interdit sous nos latitudes, et nos créateurs, enfin ceux qui en ont pris le pli, n'auront à faire allégeance à personne, pour pouvoir subsister. Bref, le paradis sur terre, un cran'sup. Y a d'la joie. Enfin, il faut attendre pour voir venir ; paraît-il. Justement, on voit venir, et ça n'augure rien de bon. La troïka par-ci, la troïka par-là, et les chats et les chiens seront bien gardés. Pauvre Guépard… !