« Zones humides en Tunisie : un habitat pour l'homme et la nature » est un projet en cours de mise en œuvre sur une période de trois ans (2009-2011) en vue de promouvoir les zones humides tunisiennes, et d'améliorer l'approche de conservation de ces milieux naturels et le développement socio-économique des populations locales. Réalisé par la direction générale des forêts (DGF) relevant du ministère de l'Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, en collaboration avec le bureau du WWF en Tunisie, le projet porte, également, sur l'élaboration de trois programmes de gestion d'une façon participative intégrant tous les besoins de la conservation et du développement durable, l'inscription d'une vingtaine des nouveaux sites sur la liste de la convention RAMSAR ((traité international pour la conservation et l'utilisation durable des zones humides) et la mise en place d'un comité national RAMSAR Tunisie. Un grand apport hydrique Ce projet, cofinancé par le Fonds WWF et la fondation suisse d'éducation pour l'environnement (MAVA), permettra de développer les zones humides en Tunisie et dynamiser leur contribution dans le processus économique. La Tunisie renferme 237 zones humides dont les principales 54 Sebkhas, 31 lacs intérieurs d'eau douce «Garaets», 7 Chotts, 1 tourbière, 28 barrages et 64 oueds. Ces zones humides abritent près de 260 variétés végétales terrestres et 50 variétés végétales aquatiques, selon les données de la direction générale des forêts (DGF). Elles accueillent, également, 140 espèces d'oiseaux (canards, foulques, flamants roses,...) dont la plupart sont des oiseaux migrateurs et sont d'un grand apport du point de vue hydrique et socio-économique mais, aussi, dans la préservation de la biodiversité. M. Faouzi Maamouri, le président du WWF en Tunisie a indiqué que le pays est parvenu dans une première étape à enregistrer 20 zones humides sur la liste de la convention de RAMSAR. Le premier étant le Lac Ichkeul en 1980. Il a ajouté, lors d'un séminaire sur le thème « Prendre soin des zones humides en Tunisie: une réponse aux changements climatiques », organisé début février à Korba (gouvernorat de Nabeul) à l'occasion de la célébration de la journée mondiale des zones humides (2 février de chaque année), qu'environ 21 zones humides tunisiennes supplémentaires seront classées sur la liste de la convention de RAMSAR, et ce, au cours du mois de mars 2010. Tourisme écologique Parmi les sites tunisiens inscrits sur la liste de la convention de RAMSAR figure le site protégé de la lagune de Korba, considéré comme la plus importante région aquatique des zones humides en Tunisie. Il représente l'un des milieux naturels d'une grande importance aux plans hydrique, de la biodiversité et socio-économique, accueillant environ 4000 espèces d'oiseaux. Dans la délégation de Menzel Temime, le barrage collinaire Mlaabi, qui s'étend sur une superficie de 5500 millions m3, est proposé pour être inscrit sur la liste de la convention de RAMSAR d'ici mars 2010. Selon un recensement des oiseaux effectué, le 13 janvier 2010, par la DGF, le site abrite 1680 oiseaux appartenant à 18 espèces dont la foulque, le colvert, la sarcelle marbrée et l'erismature à tête blanche. Les changements climatiques constituent une menace permanente pour le développement durable, expliquant que le déséquilibre écologique et la pollution grandissante peuvent causer, à court terme, la disparition de nombreuses espèces végétales et animales. A cet égard, les participants à cette manifestation ont appelé à la création de nouveaux parcs naturels et à promouvoir le tourisme écologique particulièrement après la proclamation de l'année 2010, année internationale de la biodiversité. Ils ont souligné l'importance de sensibiliser davantage le public à la protection de ces milieux naturels qui revêtent un grand apport sur les plans écologique, socioéconomique, culturel et récréatif ainsi qu'à l'exploitation rationnelle de ces zones afin d'atténuer les effets négatifs et destructifs des changements climatiques. Ils ont également recommandé de redoubler d'efforts pour préserver la biodiversité, combattre la pollution industrielle, le réchauffement climatique, la désertification et l'érosion, recommandant, notamment, de hâter l'élaboration d'un code de l'environnement. Il est question aussi d'encourager le secteur privé et les composantes de la société civile à adhérer à l'effort national de protection de l'environnement, à travers l'enracinement de la culture de la citoyenneté écologique, en particulier chez les jeunes, la promotion de l'exploitation des énergies propres et renouvelables, la mise à niveau environnementale des entreprises industrielles et le recyclage des déchets. La convention RAMSAR est un traité intergouvernemental qui sert de cadre à l'action locale, régionale, nationale et à la coopération internationale pour la conservation et l'utilisation rationnelle et durable des zones humides et de leurs ressources. Négocié, tout au long des années 1960 par des pays et des organisations non gouvernementales préoccupés par la perte et la dégradation croissante des zones humides qui servaient d'habitat aux oiseaux migrateurs, le traité a été adopté dans la ville iranienne de RAMSAR, en 1971, et entré en vigueur en 1975. C'est le seul traité mondial du domaine de l'environnement qui porte sur un écosystème particulier et les pays membres de la convention couvrent toutes les régions géographiques de la planète. La Convention adopte une optique large pour définir les zones humides qui relèvent de sa mission, à savoir marais et marécages, lacs et cours d'eau, prairies humides et tourbières, oasis, estuaires, deltas et étendues à marée, zones marines proches du rivage, mangroves et récifs coralliens, sans oublier les sites artificiels tels que les bassins de pisciculture, les rizières, les réservoirs et les marais salants. La Tunisie compte parmi les premiers pays signataires de cette convention (1980) qui porte sur la conservation et la rationalisation de l'exploitation des zones humides grâce à la mise en place de programmes nationaux et régionaux en la matière.