La semaine du cinéma algérien se poursuit avec des moments forts comme la projection, mercredi dernier, à la maison de la culture Ibn Rachiq, du film '' Rachida '', en présence de sa réalisatrice, Yamina Bachir-Chouikh, et de l'ambassadeur d'Algérie en Tunisie. Les années de plomb algériennes durant la décennie 1990, dite noire, à Alger, au détour d'une rue, on risque à n'importe quel moment de se faire abattre par une balle. Pris par une folie meurtrière, le pays vit sous une tension soutenue et risque à tout instant d'éclater. La population panique et ne sait plus à quel saint se vouer. Et c'est la vague de l'exode d'une région à l'autre pour sauver sa peau de ce tourbillon de terreur. C'est cette réalité douloureuse que tente de raconter Yamina Bachir Chouikh. Il n'est pas question de faits divers mais d'actes de violence provoqués par des extrémistes qui sèment la terreur parmi les gens. Pour son premier long métrage, Yamina Bachir Chouikh, ex-scripte et monteuse au Centre National du Cinéma Algérien, primée dans de nombreux festivals (Festival du film arabe à Paris, Marrakech, Namur), se lance dans la réalisation par une tragédie. Rachida, jeune institutrice algéroise, est en proie aux menaces d'un groupe d'intégristes qui lui demande de poser une bombe dans son école. Son refus se solde par une balle dans le ventre tirée par l'un de ses élèves. Sauvée, elle se réfugie avec sa mère dans un village. Mais là aussi son calvaire se poursuit. Elle vit aux côtés d'habitants impuissants devant la violence. « Je voulais raconter la vie quotidienne des Algériens, victimes de toutes sortes de violence : chômage, misère, conditions de vie difficiles notamment de la femme… », a déclaré la réalisatrice. Autant de problèmes traités dans un souci pédagogique formel et sous deux formes d'écriture. L'une, d'aspect documentaire avec une caméra portée pour filmer les mouvements de foule, et l'autre, poétique avec une caméra fixe pour les moments d'intimité. « J'ai construit le film sur une quotidienneté vraie ,» a indiqué la cinéaste qui a affirmé d'autre part, n'avoir pas trouvé de difficultés à tourner dans les rues d'Alger. Porté par des acteurs sensibles à l'instar d'Ibtissem Jawadi, dont c'est pourtant la première apparition au cinéma, « Rachida » est, au-delà du simple témoignage sur une situation équivoque où tous les dérapages sont possibles, un formidable plaidoyer pour la paix déchirant de sincérité. Produit en 2002, il a été récompensé de plusieurs prix, et a fait partie de la sélection officielle du 55ème Festival de Cannes.