On assiste depuis quelques années à un accroissement remarquablement rapide des mécanismes et des structures pour encourager, favoriser et soutenir l'entrepreneuriat et la création d'entreprises en Tunisie. Cependant, l'entrepreneuriat, en tant que domaine d'enseignement n'a pas gagné de place au sein de nos universités. Ce qui se passe actuellement c'est que des spécialistes en finance, GRH, économie, etc. enseignent la culture entrepreneuriale dans nos instituts universitaires. Cette mauvaise affectation ne peut qu'influer la qualité de l'enseignement et par conséquent les « compétences » de nos futurs diplômés. L'année précédente, la création d'entreprise, en tant que spécialité, a été intégrée pour la première fois dans la liste des autres spécialités en Sciences de Gestion pour le concours d'assistanat. Une très bonne initiative de la part du Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour renforcer les orientations de notre pays qui sont principalement l'ouverture et l'encouragement de l'initiative privée. Toutefois, la liste des postes à pourvoir pour la session de recrutement des enseignants-chercheurs pour la prochaine année universitaire 2010/2011 ne comprend pas la spécialité « création d'entreprises ». Est-ce à dire qu' une seule session a comblé le déficit d'enseignants spécialistes en entrepreneuriat dans l'ensemble des universités du pays ? Beaucoup d'autres questions se posent mais la plus importante : pourquoi écarter une spécialité qui constitue un volet stratégique pour l'Etat ? Un volet stratégique, du fait que la création d'entreprises est considérée comme la formule « magique » permettant de parer d'énormes problèmes socioéconomiques, entre autre, l'emploi. La question de la mauvaise affectation des enseignants universitaires (voire du secondaire) ne concerne pas uniquement la culture d'entreprise mais elle touche presque toutes les autres spécialités. Des financiers enseignent la GRH, des comptables qui enseignent la statistique, des économistes qui enseignent le marketing, des gestionnaires qui enseignent l'informatique, etc. Qui sait ? Peut être des physiciens qui enseignent l'histoire. Pour quoi cette épidémie de mauvaise affectation qui a commencé à submerger l'enseignement en Tunisie ? Dans une telle situation, personne n'est satisfait : ni l'enseignant qui se trouve en dehors de son domaine, ni l'étudiant, autant dire que tout le système peut être affectée. Imaginer un footballeur qui chante, c'est pareil. Ce qui fait la différence entre les pays c'est cette ressource humaine qui, en trouvant les bonnes conditions, peut faire des miracles. Chacun a son domaine. Pour rehausser le niveau de l'enseignement et du monde du travail, il va falloir réviser le « qui fait quoi ».