Le Temps-Agences - Les chefs religieux sunnites, chiites et les minarets des mosquées ont appelé hier les Irakiens, au dernier jour de la campagne, à participer en masse aux législatives de demain, qui seront entourées de mesures de sécurité exceptionnelles face aux attentats. Le vote a commencé jeudi pour les membres des forces de sécurité, les malades et les prisonniers mais a été ensanglanté par trois attentats à Bagdad qui ont fait 14 morts. Vendredi et samedi, ce sont les Irakiens vivant à l'étranger qui auront voté, notamment à Amman, Damas ou Londres. A moins de six mois du retrait des forces américaines de combat, les élections législatives sont cruciales pour l'avenir de l'Irak, qui sort de plusieurs années de conflits communautaires. Hier, jour de la grande prière du vendredi, les mosquées et les imams dans leur sermon ont appelé les Irakiens à participer en masse au vote, notamment dans les régions sunnites qui avaient largement boycotté le scrutin législatif de 2005. La participation des sunnites est un des enjeux majeurs de ce scrutin qui devrait marquer leur retour en force dans le jeu politique. A Baaqouba, une ville à majorité sunnite située à 60 km au nord de Bagdad, les haut-parleurs des minarets des mosquées ont résonné pour demander aux habitants de se rendre dans les bureaux de vote. "Vous devez aller dans les centres de vote et déposer votre bulletin dans l'urne car c'est votre devoir", a lancé devant les fidèles le cheikh Abdel Rahman al-Jourani, du haut de sa chaire dans une mosquée sunnite du centre de la ville. "Et même si vous ne voulez pas voter, allez-y tout de même ne serait-ce que pour déchirer votre bulletin et éviter qu'il soit utilisé dans des fraudes", a-t-il poursuivi. A Ramadi, la capitale d'al-Anbar qui fut le fief de l'insurrection sunnite après l'invasion de l'Irak menée par l'armée américaine en 2003, les imams ont aussi relayé les appels à la participation. La marjaïya de Najaf, la plus haute autorité religieuse et juridique du monde chiite, s'est inquiétée il y a quelques jours "de tentatives de fraudes" dans les bureaux de vote. Dans la ville de Kerbala aussi les imams chiites ont insisté auprès de leurs fidèles pour qu'ils effectuent leur devoir de citoyen. "Les hautes autorités religieuses insistent sur l'importance de voter aux élections", a affirmé Ahmed al-Safi, le représentant du Grand ayatollah Ali Sistani à Kerbala, qualifiant les élections de "question vitale". Environ 19 millions d'Irakiens doivent se rendre aux urnes demain dans les 18 provinces qui constituent autant de circonscriptions lors des deuxièmes élections législatives depuis le renversement de Saddam Hussein en 2003. A Bagdad, environ 200.000 membres des forces de sécurité seront mobilisés alors que la circulation sera interdite aux véhicules dans les villes. Les frontières du pays seront bouclées et les aéroports fermés de samedi soir à lundi matin, selon le commandement militaire de Bagdad. -------------------------------- La période de transition, «potentiellement dangereuse» Le Temps-Agences - Le processus de formation du gouvernement irakien après le scrutin législatif de demain risque de prendre "des mois", ont averti jeudi de hauts responsables de l'administration américaine, soulignant que la période de transition serait "potentiellement dangereuse". "Il est difficile d'établir un calendrier, mais nous parlons en mois, et non en semaines", a indiqué un haut responsable de l'administration sous le couvert de l'anonymat, rappelant que lors du précédent scrutin en 2005, "il avait fallu près de cinq mois pour former un gouvernement". Le responsable a indiqué que cette période de transition serait "surveillée étroitement, car cela risque d'être une période dangereuse". "Nous nous attendons à un processus difficile", a ajouté le responsable, qui a dit s'attendre à un grand nombre de contestations "car les enjeux sont si grands". "Cela ne serait pas surprenant d'assister à des violences au cours de cette période", a-t-il insisté, soulignant toutefois qu'"il y a des perspectives d'une transition de pouvoir pacifique et démocratique". "D'ici au 10 ou 11 mars, trois ou quatre jours après les élections, nous nous attendons à ce que des résultats préliminaires soient annoncés par la Commission électorale en Irak, en se basant sur les votes d'environ 30% des bureaux de votes dans toutes les provinces. Donc cela nous donnera une indication sur qui s'en est bien sorti", a expliqué le responsable. "Nous espérons un résultat final entériné par la Cour Suprême dans le mois qui suit l'élection", a-t-il précisé. Mais, "une fois ce résultat entériné, le processus peut prendre du temps pour former un gouvernement", a expliqué le responsable, précisant que le gouvernement actuel resterait aux commandes pendant la période de transition.