Les femmes non voyantes de Tunisie ne cessent de bouger depuis quelques années au sein de leur organisation, l'Union Nationale des Non voyantes de Tunisie (UNAT) et ce, en vue de renforcer leur situation et leur rôle dans la société. La cécité est considérée aujourd'hui comme un handicap surmontable, elle ne doit pas être une pierre d'achoppement devant la femme non voyante tunisienne qui jouit des mêmes droits que ceux d'une femme voyante (droits civils, éducation, santé, emploi…) A l'occasion de la Journée annuelle de la femme, l'UNAT, toujours fidèle à ce rendez-vous, a organisé des festivités pour célébrer cette journée destinée aux femmes du monde entier sans aucune distinction. Cette manifestation consistait en une journée d'études sur différentes questions relatives à la femme tunisienne et en particulier le rôle de la femme non-voyante dans le développement du pays ; par la même occasion, une caravane de solidarité est partie de Tunis le 5 mars à destination du sud dans le cadre de la consolidation du flux humanitaire qui caractérise les actions de l'UNAT. Une approche solidaire a été adoptée par l'Etat ces dernières décennies en vue d'améliorer les conditions de vie des catégories à besoins spécifiques, celle des non-voyants en particulier, en leur assurant l'encadrement nécessaire. Depuis sa création, le 25 juillet 1956, l'Unat assure, à longueur d'année, surtout grâce à la nouvelle loi 52/89, des programmes de formation et de qualification qui ont favorisé l'accès au marché du travail aux non-voyants. Les personnes non voyantes qui représentent environ 14% de la population des handicapés en Tunisie, dont un bon nombre de femmes, font l'objet d'attention et de soins appropriés de la part de l'Etat et jouissent d'un statut enviable par rapport à d'autres pays arabes et africains où les non-voyants, surtout les femmes, souffrent encore de leur handicap et d'une attitude souvent insouciante, voire dégradante de la société. La femme non voyante en Tunisie a certainement devancé ses consœurs en matière de droits dans ces pays arabes et africains où elles sont souvent laissées pour compte, trouvant encore des difficultés d'insertion sociale et s'exposant souvent à des obstacles énormes quant à leur éducation, leur formation professionnelle et leur intégration dans le marché de l'emploi, leur capacité à travailler étant encore sous-estimée. La femme non voyante en Tunisie, tout comme les autres handicapés, garde l'œil ouvert sur la vie sociale, économique et politique dans le pays et, après avoir acquis ses droits essentiels (éducation, santé, transport, travail…), elle aspire aujourd'hui à des rôles plus importants dans la société. En effet, les femmes non voyantes devraient pouvoir passer du rôle de simples travailleuses à des postes de responsables dynamiques. Telles du moins étaient les recommandations de la dernière conférence organisée en décembre 2009 à Tunis par l'Union nationale des non voyantes de Tunisie (UNAT) sous le haut patronage de Madame Leila Ben Ali, Présidente de l'Organisation de la Femme Arabe. Les participants et chercheurs réunis lors de cette conférence, tenue sous le thème « Rêves de leadership », ont appelé à l'implication des femmes non voyantes dans des postes à responsabilité. « Notre rêve a évolué, passant d'une simple participation sociale à des aspirations à participer aux postes de responsabilité. », a déclaré lors de cette conférence Mounia Ben Abess, responsable de l'UNAT. Pour la première fois de son histoire, cette conférence s'est penchée sur les préoccupations des personnes handicapées de la vue, notamment les femmes non-voyantes. Tenna Tabib, une chercheuse qui s'intéresse aux femmes handicapées dans la société tunisienne, a déclaré aux participants que « les femmes non voyantes sont souvent exclues des processus décisionnels des entreprises, et même au sein des organismes travaillant sur les handicaps de la vue. » Imededdine Shaker, président de l'UNAT, a de sa part souligné que « la société devait être plus encourageante envers les femmes non voyantes, de manière à ce qu'elles puissent devenir des participantes actives et interactives de la société. » Cependant, l'Unat devrait se pencher sur les problèmes que certaines mères non voyantes affrontent quotidiennement. Ces mères non voyantes ont certainement des besoins très spécifiques qui demandent un peu plus d'attention et de soins (adaptation à la vie conjugale, éducation des enfants, assistance médicale et sociale)