C'est Godard qui disait que lorsqu'on est au cinéma, on lève la tête, et qu'on la baisse pour regarder la télé. Si ce n'est pas toujours vrai, il faut avouer que l'engagement du cinéma à côté du réel, dans son implication avec l'histoire immédiate, n'est pas un luxe inutile. Ce serait même plutôt une nécessité, voire une urgence, quand le pire prend du terrain pour régner en maître absolu, et que la parole en devient problématique. Le cinéma vient à cet effet, se superposer de plus en plus, -avec la pleine conscience que cette tâche aussi lui est assignée-, à la mémoire vive, quand celle-ci fait défaut. Fut-ce à son corps défendant. Histoire de s'emparer, dans l'immédiat, sans pour autant sacrifier au passage sa vocation première, qui est de faire justement du cinéma, à un réel qui semble poser véritablement problème. En levant le voile, sur des secrets inavoués, parce qu'indignes, en dénonçant des horreurs, des injustices, et des abominations, en fixant sans tourner la tête, un quotidien qui dérape, des vies saccagées et des vérités trafiquées, le cinéma participe de la vie, en s'inscrivant de plain-pied dans son histoire. Constituant bien souvent, à défaut d'un véritable rempart contre l'inhumanité des hommes, une manière de conscience, aiguisant les regards, pour qu'ils apprennent à voir, ce qui est bien souvent à leur portée, et dont l'aveugle indifférence, jusque-là a fait obstacle. Entre le regard et le monde, il faut d'abord qu'il y ait la volonté de ne pas s'en laisser conter. Et c'est ce qui fait la différence… A partir d'aujourd'hui, et jusqu'au 21 mars courant, la Fédération Tunisienne des Ciné-Clubs organise, à la Maison de culture Ibn-Khaldoun, une nouvelle édition de sa manifestation « Cinéma de la paix », qui comprendra, outre la projection de films à thème, des débats, des ateliers de formation sur le cinéma, de la peinture, de la musique, afin de contribuer à faire de ce rendez-vous, un moment chaleureux et convivial, susceptible de réunir des cinéphiles de tous bords autour de l'idée de l'engagement mais aussi de l'Art, toutes tendances confondues. Avec une ouverture sur le monde, pour ne pas demeurer en marge, abolissant ainsi les frontières des territorialités quand elles se muent en enfermement, pour entendre la parole de l'Autre. Celui-là qui vous ressemble, et qui n'est pas si loin qu'il faille l'oublier. La manifestation « Cinéma de la paix ? », avec un point d'interrogation qui signifie l'absence de toute certitude, face à une paix toujours improbable, à l'échéance sans cesse reculée, proposera au public, six films sur des thématiques diverses : (le droit à la vie) « Sam, je suis Sam » de Jessie Nelson, USA -2001-, (la résistance) « Hunger » de Steve McQueen, Angleterre- 2008-, (la femme) « Princesas » de Fernando Leon de Aranoa, Espagne-2OO5-, (l'Afrique) The constant Gardener » de Fernando Meirelles, USA-2004-, (le fanatisme) « Recycle » de Mahmoud Al Massad, Jordanie-2007-, et (l'écologie) « Food Inc. » de Robert Kenner, USA-2008-. Les films seront projetés à 15 heures et seront suivis d'un débat. Cela étant, au programme des activités parallèles, il y aura le mercredi 17 mars à partir de 10 h, une « Action painting » : dessinons la paix…, et les 18 et 19 de 10h30 à 13h, des ateliers de formation : un atelier consacré au scénario, qui sera animé par Sonia Chamkhi, et un atelier d'analyse filmique animé par Mohamed Ben Tabibe. Le dimanche 21 mars à partir de 16heures, un concert de clôture : Real GROOVE Movement », avec « Jazz Oil » (jazz, reggae, world music), et « Dub Mil'Kabba » (rap, hip-hop), se tiendra à la mémoire de Asma Fenni… Elle ne sera pas là cette année pour présenter les films…