Le Temps-Agences - Iyad Allaoui, dont la liste laïque talonne celle du Premier ministre sortant Nouri al Maliki aux élections législatives du 7 mars en Irak, prévient qu'il n'acceptera pas le "règne d'un seul homme". Ces propos confirment la perspective de longues tractations pour aboutir à la formation d'un gouvernement d'alliance. Selon les derniers résultats en date, après dépouillement de 90% des bulletins, l'alliance l'Etat de droit (EDD) de Maliki dispose de 40.000 voix d'avance sur la liste Irakia d'Allaoui, sur 12 millions d'électeurs inscrits. "Notre vrai souci est le bien-être de la population, quelle que soit la forme que prendra le gouvernement ou le temps qu'il faudra pour le constituer", a déclaré Allaoui à Beyrouth. "Nous n'accepterons pas de former très vite un gouvernement, un arrangement à la va-vite qui apporterait à l'Irak les mêmes désastres qu'au cours des quatre dernières années. Le règne d'un seul parti, d'un seul homme, nous ne l'accepterons pas." Le bon score d'Allaoui, notamment parmi la minorité sunnite qui déplore la domination chiite depuis la chute de Saddam Hussein en 2003, pèsera de tout son poids lors des discussions sur la formation du prochain gouvernement et sur l'organisation de la sécurité une fois que les troupes américaines se seront retirées du pays, dans leur totalité à la fin 2011. Iyad Allaoui, qui fut Premier ministre en 2004 et 2005, se dit ouvert à des alliances, y compris avec Maliki, à condition que ce dernier se démarque de tout sectarisme et approuve la réconciliation entre communautés. Le soutien de Maliki à la décision d'interdire à des centaines de candidats de se présenter aux législatives en raison de leurs liens présumés avec l'ancien Parti Baath de Saddam Hussein a valu au Premier ministre sortant de nombreuses critiques de la part des sunnites. "Jusqu'ici, il s'est montré inflexible non seulement dans sa défense de la cause d'une seule communauté (...) mais il a nommé aux plus hauts postes gouvernementaux des responsables qui appartiennent non seulement à sa communauté mais à son parti, ce que nous considérons comme très dangereux", a poursuivi Allaoui qui bien que chiite, a défendu une liste intercommunautaire. "Si (Maliki) change d'attitude, en paroles mais aussi en actes (...), nous serons évidemment très heureux de coopérer avec lui. La dynamique a changé. Peut-être que cela lui fera comprendre qu'il n'a aucun avenir s'il persiste dans tout ce qu'il a fait." Allaoui s'est plaint de manipulations électorales et il a indiqué que son parti avait déposé des recours devant la commission électorale, les Nations unies et la Ligue arabe. L'alliance de Maliki a elle aussi dénoncé des fraudes. Prié de dire s'il envisageait de rejeter les résultats, Iyad Allaoui a assuré que toutes les options étaient sur la table, tout en confiant qu'il se résignerait probablement à accepter l'issue définitive du scrutin telle qu'elle sera annoncée, sans doute pas avant plusieurs semaines.