BAGDAD (Reuters) — Près de deux mois après le scrutin, un recomptage des suffrages exprimés à Bagdad lors des législatives a débuté hier et pourrait durer onze ou douze jours, a déclaré un responsable de la commission électorale. L'Irak est plongé dans l'incertitude depuis le scrutin du 7 mars qui n'a pas dégagé de majorité claire. La liste laïque Irakia de l'ancien Premier ministre Iyad Alloui a remporté 91 des 325 sièges parlementaires, soit deux de plus que l'Etat de droit (EDD) du chef du gouvernement sortant, Nouri Al Maliki. Ce dernier a exigé et obtenu un nouveau décompte des suffrages à Bagdad, opération qui pourrait modifier les résultats du scrutin. Mais l'EDD a d'ores et déja demandé l'arrêt du recomptage, estimant que celui-ci n'était pas fait selon les règles et que ses résultats ne seraient pas exacts. Outre les deux millions et demi de bulletins à recompter dans la capitale, où cinq sièges parlementaires étaient en jeu, le nouveau dépouillement portera sur les suffrages exprimés à l'étranger et sur le vote des militaires, des policiers, des détenus et des malades. Kassim Al Aboudi, membre de la commission électorale, a indiqué que cette dernière allait recompter les bulletins dans 11.000 bureaux de vote de la capitale au rythme d'environ 800 à 1.000 par jour. Ajoutant à la confusion, les suffrages exprimés en faveur de 52 candidats ont été invalidés lundi dernier par la commission de révision électorale en raison de leurs liens supposés avec le parti Baâth, aujourd'hui interdit, de Saddam Hussein. Un seul de ces candidats, membre de la liste laïque Irakia, a été élu le 7 mars, mais l'invalidation de sa victoire pourrait modifier l'issue du scrutin. Par ailleurs, une décision est toujours attendue sur le sort de neuf députés élus, dont huit d'Irakia. Tout revers parlementaire d'Irakia risque de raviver la colère de la minorité sunnite, qui l'a largement soutenue. Le gouvernement de Maliki expédie les affaires courantes en attendant la formation d'une nouvelle équipe mais ses pouvoirs sont limités. Le processus a pris cinq mois après les élections de 2005. Ce vide à la tête de l'Etat avait favorisé un déchaînement de violences intercommunautaires.