Au constat de la situation actuelle du football tunisien, l'honnêteté intellectuelle nous oblige à reconnaître que, plus que le surplace qu'on déplorait il y a peu, c'est une dégradation pernicieuse qui est en train de ronger notre Sport-Roi. Au classement FIFA, nous étions 20ième il y a moins de 10 ans. Nous sommes actuellement 54ième et la Tunisie n'est plus dans le premier chapeau pour les prochains tirages au sort. Notre qualification pour les prochaines coupes du monde n'en sera que plus difficile. Il est donc naturel, que tous ceux qui se sentent concernés, s'émeuvent et réagissent selon leurs fonctions présentes ou passées. L'émotion passée, ils doivent se mobiliser afin de contribuer peu ou prou au redressement de ce sport qui, par sa nature, se pose en rassembleur et en vecteur de cohésion de toute une nation. C'est pour cette raison que j'ai cru devoir y contribuer par ces modestes suggestions, fruits d'une expérience à tous les nivaux, et pour rappeler qu'à la tête de la FTF, j'ai procédé à une analyse exhaustive du football tunisien avec des perspectives qui voulaient ? justement, être à même de prévenir ce dont nous souffrons malheureusement actuellement. Quelques réussites passées, dont nous pouvons effectivement être fiers : Les trois qualifications successives à la coupe du monde, la médaille d'or des jeux méditerranéens et la coupe d'Afrique des Nations 2004, nous ont donné le faux sentiment d'être arrivés. Mon travail d'analyse à fait l'objet en septembre 2001 d'un rapport* remis à l'autorité de tutelle dont l'objectif était d'éviter que les réussites précitées ne voilent la réalité. Celle-ci , faute d'avoir été négligée dans l'euphorie des succès éphémères, nous met devant l'impératif de tout mettre en question et de reprendre, à partir de zéro ,l'effort nécessaire pour remettre notre football sur les rails qui mènent au succès. Il est particulièrement mentionné dans mon rapport : 1 - L'imprécieuse nécessité d'élargir la base des pratiquants, limitée depuis des dizaines d'années à 27500 licenciés. Comparée à certains pays voisins elle est, rapportée à la population, 20 fois moins importante. 2 - L'insuffisance des infrastructures : nous avons adossé notre analyse à des données comparatives chiffrées. 3 - L'insuffisance de la formation dispensée en Tunisie. Depuis plus de 15 ans aucun joueur tunisien n'est titulaire dans aucun grand club européen. Nous avons, entre autres, préconisé la création d'un centre fédéral pilote pour la formation des jeunes. Cela fut heureusement réalisé mais la qualité de la formation qui y est dispensée n'a pas donné les résultats espérés. 4 - Les moyens financiers des clubs et le contrôle sérieux, par la FTF, de leurs bonnes gestions. 5 - etc.... Notre conviction est que les résultats des équipes nationales sont le fruit des tous les facteurs qui y concourent : - La formation des joueurs : Des présidents de club qui négligent cette formation parce qu'ils ne sont intéressés que par les résultats immédiats. - La formation des entraineurs - La formation des arbitres - La formation des dirigeants - La tenue morale et professionnelle des médias - Une autorité de tutelle qui ne doit exercer son pouvoir que là où elle doit le faire. A titre d'exemple, sur les 15 dernières années il y a eu dix présidents de la FTF, soit 1 an et demi de mandat en moyenne par président. Or la stabilité dans cette fonction est un facteur essentiel de réussite, elle permet de mener à terme les programmes élaborés. - etc.... Q'un maillon de cette chaîne ne fasse pas convenablement son travail et la sanction est immédiate. Aujourd'hui ? force est de constater que les défaillances se trouvent au niveau de tous les maillons. Tout se tient et nous ne gagnerons notre pari que si tous les problèmes sont abordés. La suite donnée aux précédentes initiatives ne doit pas nous décourager. Il y a même un avantage à s'en inspirer pour éviter les négligences dont on a fait preuve naguère. Le temps est passé mais les problèmes sont plus que jamais d'actualité. Je reste optimiste malgré tout car j'ai confiance dans les ressources humaines compétentes de mon pays. Ces ressources existent. Il faudra aller les chercher et surtout les mettre dans les conditions qui seront à même de leur faciliter la lourde tache qui les attend.
* Ce rapport est à la disposition de tous ceux qui voudraient en avoir une copie. ** M Khaled SANCHOU est un ingénieur de l'Ecole Centrale du Paris. C'est un homme d'affaires qui a été : - Président du stade tunisien. - Président de la ligue professionnelle de football. - Président de la FTF. - Actuellement membre de la Confédération Africaine de Football.