Une population à l'abri de la pénurie se situe aux alentours de 1000m3 par an. En Tunisie, nous en sommes à 450m3. Le secteur de l'eau en Tunisie a toujours revêtu un aspect stratégique chez le politique, le planificateur ou les usagers. La Tunisie est considérée par plusieurs instances internationales comme l'un des pays les plus avancés en matière de gestion des ressources en eau, dans des conditions d'aridité, de pénurie en eau ou d'événements extrêmes tels que les crues et inondations ou la sécheresse. L'eau devient de plus en plus précieuse et elle revêt des aspects à la fois environnementaux, géopolitiques et économiques. C'est dans ce cadre que s'inscrit le colloque international sur le thème « Eau, lien social et dynamiques locales » organisé actuellement à Hammamet. A l'initiative de l' Association Internationale de Sociologie en langue française, le laboratoire « Régions et Ressources Patrimoniales de Tunisie », l'Association Tunisienne de Sociologie, l'IFC, L'IRMC, CEMAT, Groupe Chimique Tunisien, et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en Tunisie ce colloque a réuni des experts de l'Afrique du Nord et d'Europe venus partager des expériences sur la gouvernance de l'eau. Son objectif est d'échanger des expériences et bonnes pratiques de gestion de l'eau. A cet effet, quarte axes sont discutés : L'eau, les territoires et l'environnement, les modes de gouvernance de l'eau et la gestion adaptive, les inégalités d'accès à l'eau potable en milieux urbain et rural, les cultures de l'eau face à des ressources fluctuantes en qualité et en quantité : l'eau dans les différentes régions du monde. « Ce colloque, comme nous l'a précisé M. Gilles Ferréol professeur de sociologie à l'université de Besançon, nous a permis de faire le point sur la gestion sociale de l'eau avec une réflexion sur une dynamique locale et tout ce qui a trait au lien social. Ce rendez-vous se tient dans une perspective pluridisciplinaire. Des sociologues, des historiens, des géographes, des économistes des pays du Nord et du Sud ont essayé de faire un état de lieu et une synthèse de la manière dont on traite les problèmes de l'eau de point de vue socio-économique dans différents pays. En tant que sociologue, je m'intéresse à la question des inégalités, la gestion équitable, les conflits, les rapports sociaux. Montrer les principes qui permettent une meilleure gestion comme le principe de précaution, de responsabilité pour anticiper et bien évaluer les richesses et en même temps de repérer dans le constat les éléments qui permettent de faire des suggestions intéressantes. L'urgence est au Sud plus qu'au Nord. Mais des deux côtés, il y a plus d'acteurs qui interviennent et là, le rôle des usagers est important. La gouvernance de l'eau c'est d'impliquer tous les acteurs ». Une approche technique et sociale de l'eau Hassen Mouri sociologue et consultant en eau nous explique que « ce colloque s'est intéressé essentiellement à la gestion participative et intégrée de l'eau et a fait le lien entre l'approche technique et sociale. Comment comprendre les formes traditionnelles de gestion et comment contribuer à résoudre les problèmes de pénurie d'eau. La moyenne mondiale d'une population dite épargnée de la pénurie d'eau est de 1000 m3 encore par an. En Tunisie nous sommes à 450 m3 c'est-à-dire au-dessous de la moyenne donc nous sommes un pays à ressources hydriques très limitées surtout que la demande en eau est croissante notamment en agriculture et en tourisme. Notre seule issue c'est comment rationaliser la gestion de l'eau. Cela passe par deux perspectives. La première comment organiser la population et la sensibiliser. La deuxième comment peut –on s'inspirer des traditions de mobilisation et de gestion de l'eau ancestrale en Tunisie, au Maroc, en Egypte et d'autres pays méditerranéens pour tirer des leçons et les adapter à notre contexte actuel trop demandeur d'eau. Ce sont des questions problématiques œuvres des débats entre les chercheurs et les ONG. Ainsi les études et les expériences présentées lors de ce colloque pourront servir d'indicateurs. Elles devraient servir à élargir la réflexion et introduire de nouvelles perspectives d'action au Sud et au Nord ». Pour une bonne gestion des ressources en eau Le programme des Nations Unis pour le développement appuie la Tunisie dans un projet sur la bonne gestion de l'eau potable en milieu rural. C'est une composante d'un projet régional intitulé « le programme régional de la gouvernance de l'eau dans les pays arabes». En effet, nous explique le Pr Noureddine Nasr, Chargé du Programme Environnement et genre au PNUD : « La région arabe représente 5% de la population mondiale et 1% des ressources en eau. Environ les 2/3 des ressources en eau renouvelable de cette région ont leur origine à l'extérieur de la région. Le nombre de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté en eau (1000 m3/hab./an) va doubler en 2025 par rapport à 2005. Nous constatons en outre que la qualité des eaux se dégrade par la surexploitation et la pollution des nappes. L'impact des changements climatiques sur les ressources en eau va affecter l'agriculture, l'environnement, la biodiversité, la santé, le tourisme et le bien être des populations. 1,8 million d'enfants meurent chaque année à cause d'une eau impropre à la consommation ou à cause de problèmes d'hygiène liés à l'assainissement. Même si les objectifs (OMD) liés à l'eau et à l'assainissement sont atteints, plus de 800 millions de personnes n'auront quand même pas accès à l'eau et 1,8 Milliard n'auront pas accès à des services sanitaires en 2015. Pour surmonter les défis, les pays arabes ont besoin de concentrer leurs efforts pour améliorer la gouvernance de l'eau. Le PNUD appuie les pays de la région Arabe pour trouver et partager les solutions pour la réduction de la pauvreté afin d'atteindre les Objectifs du millénaire pour le Développement (OMD), le développement durable, etc. Le WGP- AS apporte l'appui pour une meilleure gestion des ressources en eau à partir d'une perspective gouvernance de l'eau : Faciliter l'accès à l'eau et à l'assainissement pour les populations les plus vulnérables pour assurer l'atteinte des OMD. Le programme « Gouvernance de l'eau dans les pays Arabes » (WGP-AS) favorise la participation, la transparence, le partage des connaissances pour renforcer les capacités des acteurs. De bonnes pratiques de gestion intégrée des ressources en eau (IWRM) sont développées pour surmonter les défis et prévenir les risques. Aussi le projet se penchera sur l'adaptation aux changements climatiques, à la gestion des ressources en eau transfrontalières, l'intégration du genre et la sensibilisation ».