Le Temps-Agences- Le Premier ministre israélien s'est engagé hier une épreuve de force avec les plus extrémistes de ses adversaires au Likoud, à l'occasion d'un vote au sein du comité central du parti, un scrutin d'ordinaire "technique" qu'il considère comme un vote de confiance. En pratique, Benjamin Netanyahu espère faire voter un amendement à la charte de son parti de droite, qui permettrait de reporter de 20 mois la tenue d'élections internes aux postes clefs des institutions du parti, élections qui devaient se tenir initialement en mai. En procédant ainsi, Netanyahu espère éviter une montée en force du courant ultranationaliste pro-colonisation au sein du Likoud, incarné par Moshé Feiglin, ainsi que des "durs" parmi les ministres et les députés, qui le soupçonnent de vouloir faire des concessions aux Palestiniens sous la pression du président américain Barack Obama. Les résultats de ce scrutin doivent être rendus publics aujourd'hui. Pour l'emporter, Netanyahu a donné de sa personne en participant ces derniers jours à une demi-douzaine de meetings des membres du comité central du Likoud. Il a ainsi pris le risque de mettre tout son poids dans la balance dans une bataille qui s'annonce très serrée. Il doit en effet mobiliser les deux-tiers des voix pour l'emporter. "Obtenir une telle majorité lors d'un vote à bulletins secrets constitue une mission presque impossible, cela va être très, très dur", a-t-il lui même admis. Selon les médias, Netanyahu n'est pas certain de gagner. Pour un analyste de la télévision, "en s'engageant à fond sur ce vote, le Premier ministre s'est laissé aller à l'hystérie comme si son pouvoir était en jeu, ce qui n'est pas le cas. Il a ainsi offert un tremplin inespéré à Moshé Feiglin". Moshé Feiglin est devenu la "bête noire de Netanyahu. Ce colon religieux de 48 ans, ancien activiste d'extrême-droite, ayant purgé six mois de prison pour "rébellion contre l'Etat" et fervent partisan du Grand Israël, est entré au Likoud en vue de noyauter le parti. Il est parvenu à se faire élire il y a huit ans au sein du comité central avec 200 de ses partisans. Cette politique d'entrisme lui a réussi puisque, avec son "Mouvement pour un leadership juif", il a obtenu un quart des suffrages face à Benjamin Netanyahu lors des primaires du Likoud de 2006 pour désigner le chef du parti. Les "durs" critiquent Netanyahu pour avoir été le premier leader du Likoud à accepter l'idée d'un Etat palestinien et avoir décrété un gel provisoire de la construction de logements dans les colonies de Cisjordanie. Ils le soupçonnent notamment d'être prêt à faire un "geste" sur Al-Qods-Est pour complaire à Barack Obama sous la forme d'un coup de frein aux mises en chantiers dans la partie arabe de la Ville sainte, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de leur futur Etat.