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Le (vrai) cinéma à l'honneur
Palmarès du festival de Cannes
Publié dans Le Temps le 25 - 05 - 2010

Un palmarès intelligent et courageux. L'événement est plutôt rare à Cannes pour être salué. Tim Burton et ses jurés ont primé un cinéma en prise sur le présent et tourné vers le futur. Weerasethakul, le thaïlandais (Palme d'or), Beauvois (Grand prix du jury), Amalric (Prix de la mise en scène et Harun, le tchadien (Prix du jury). Tous quarantenaires et à leur quatrième long-métrage. La palme d'or attribuée à Weerasethakul traduit l'éclectisme d'un jury qui n'a pas cédé à une doxa qui voyait en Mike Leigh ou Innaritu, des candidats naturellement « palmables ».
C'est au cinéma dans ce qu'il a de plus radical esthétiquement que la prestigieuse récompense est revenue. Un cinéma fragile dans son économie, indépendant, plutôt confidentiel, mais s'assumant en tant que tel ; un cinéma pour qui la mise en scène constitue l'enjeu principal. « Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures », est un film de fantômes aux antipodes du film de genre, où le cinéaste thaïlandais explore par des moyens très simples la frontière ténue entre les vivants et les fantômes des proches qui leurs sont liés. La nature est au commencement et à la fin du voyage entrepris qui mènera Boonmie de la vie à la mort. Aérien, méditatif, comique par moments, « Oncle Boonmie, …», est un film où la littéralité, la planéité du rythme et l'apparente désarticulation sont mises au service d'un film qui entreprend de penser dans un même mouvement l'au-delà (ici présent grâce aux fantômes qui font irruption dans la vie de Boonmie) et le cinéma.
Avec «Des hommes et des dieux», Xavier Beauvois Grand prix du jury), réalise une épure cinématographique sur la tolérance et le pardon, en faisant de la question du choix, de la décision individuelle et collective (Celle des moines de Thibérine de partir ou de rester tout en étant conscients des implications d'une telle décision sur leurs vies) le moteur de son film. Beauvois transcende le fait divers politique ; l'assassinat des sept moines, pour nous donner à ressentir la peur, le doute, la difficulté du choix, cette oscillation entre l'attachement à la vie et le don de soi que connaît cette communauté de moines trappistes. Un film grave, sobre, touché par la grâce et d'une justesse qui en dit long sur le talent de son réalisateur désormais dans le Panthéon des grands cinéastes français. Tout aussi français, Mathieu Amalric (Prix de la mise en scène) avec « Tournée » filme avec ses tripes et un immense amour pour ses personnages, les actes manqués, la désillusion, le temps qui passe et la chaleur d'une communauté (Joachim et ses actrices du néo-burlesque). Le bonheur est là par intermittence, fugace mais si précieux. « Tournée » est un film troué, aux béances salutaires, chaleureux et mélancolique, fait de moments de communion d'une rare intensité et de blocs où le temps est comme suspendu au surgissement inattendu. Un film libre, qui rend plus tenables nos défaites et désenchantements.
«L'homme qui crie» de Haroun n'est probablement pas son meilleur film, mais il se tient ne serait-ce que par l'ambition et l'amplitude de sa réflexion. En nouant intelligemment, l'anthropologique, le politique, l'historique et l'intime, le cinéaste tchadien nous donne à voir un cinéma qui s'origine dans les douleurs du continent africain. Prenant ses distances avec le naturalisme (qui mine le cinéma africain contemporain), Haroun dans une mise en scène sobre et frontale entreprend de penser la possibilité du rachat d'un père. La force de l'homme qui crie réside dans cette faculté qu'il a d'accéder à l'universalité et de faire du drame d'un père dans le Tchad d'aujourd'hui, une histoire qui aurait pu se passer ici ou ailleurs.
Merci Monsieur Burton et compagnie, le cinéma, le vrai, vous en sait gré.


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