Dar Sebastian continue à créer l'événement avec cette fois-ci l'opéra Didon et Enée, présenté samedi par le Chœur de la ville de Tunis sous la direction d'Andrea Saddam, l'ensemble de Tango « Fuego Y Passion » sous la direction d'Amel Afsa et la troupe Moussai. Sa programmation témoigne d'un équilibre judicieux entre différentes formes de spectacle : opéra, danse, théâtre et musique. La pluralité des manifestations proposées lui permet de bénéficier d'une large audience auprès de tous les publics. Cet opéra d'Henry Purcell prend un coup de jeune. Enée, héros vaincu à Troie, échoue après une tempête sur les rives de Carthage où vit la jeune reine Didon. Elle l'aime, il l'aime. Mais les Dieux veulent pour ce héros un autre destin. Dar Sebastian a réservé un accueil enthousiaste à ces jeunes acteurs. Plaisir des yeux et des oreilles. Salle comble pour la première représentation. Didon et Enée revisités. La mise en scène est convaincante, les décors et les costumes conçus dans l'esprit de l'opéra. Le public s'est laissé charmer par le spectacle et par le jeu du pianiste Miroslav Haffouzov. Les images sont une succession de coups de cœurs. Mais on est surtout frappé par le bonheur de jouer et de chanter qui anime l'ensemble des interprètes. Rien n'a manqué à cette représentation pour créer la magie pour un public ébloui par la prestation des sopranos Salma Fékih, Josette Chabbi, Amina Drira, Amel Afsa, Douha Bokri, Haifa Fersi, Yosra Tammar et les altos Ruth Rohr, Mouna Ben Chaabane, Anne Marie El Katib, Yosra Hassine. Les ténors Walid Trabelsi et Wael Ellouze se révèlent sous un grand jour. Didon et Enée qui mêlait théâtre, danse et chanson s'inspire ici de l'opéra italien. Loin d'être réduite à un divertissement gratuit, la musique sert l'action dramatique et traduit les sentiments des personnages. Cet opéra de drame et de passion, est une oeuvre vivante, pure et émouvante où l'amour de Didon et Enée affronte la magie des fameuses sorcières. Le spectacle était plein de vie grâce à l'engagement des danseurs de tango qui jouaient leurs parties avec conviction et talent. Les danseurs bénéficiaient, il est vrai, d'un soutien musical d'une exceptionnelle qualité, le pianiste Miroslav Haffouzov totalement investi dans un échange passionné avec les danseurs Amel Afsa - Makram Kssouma et Youssef Samandi-Amira Kssouma. Dans un mouvement mêlé de rythme soutenu, les jambes et les corps s'entortillent et se désenchevêtrent. Ce sont toutes ces contradictions, entre mélancolie et énergie, sensualité et rigueur, tristesse et grande joie que ces artistes ont essayé d'exprimer à travers le tango. (*) Rendez-vous renouvelé pour le samedi prochain 29 mai à la même heure à Dar Sebastian