Un peu moins de six mois après la conférence sur le climat de Copenhague, les représentants de 52 pays étaient rassemblés hier à Oslo pour tenter de mettre en œuvre un programme de lutte contre la déforestation, à l'origine d'une part importante des émissions de dioxyde de carbone. L'objectif est de créer une agence chargée de contrôler l'assistance financière apportée à des pays pauvres pour les aider à protéger leurs forêts, dans le cadre du programme baptisé REDD+ (réduction des émissions provenant de la déforestation et de la dégradation des forêts en développement). "Les forêts ont plus de valeur" quand elles sont "mortes" et exploitées plutôt que lorsqu'elles sont "en vie. Aujourd'hui, nous nous engageons à modifier cette équation", a lancé le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg en ouverture de la réunion. La protection des forêts pourrait représenter un tiers des réductions d'émissions permettant d'empêcher le mercure de monter de plus de deux degrés Celsius au-dessus des niveaux pré-industriels d'ici à 2020. La disparition des forêts pèse en effet dans la balance climatique. L'abattage, la combustion et la décomposition des arbres représentent jusqu'à 20% du dioxyde de carbone (CO2) rejeté dans l'atmosphère, soit autant que les émissions provenant de tous les camions, voitures, trains, et bateaux sur la planète. La conférence d'une journée qui se tient à Oslo rassemble les chefs d'Etat de huit pays dont le Danemark, l'Indonésie et le Kenya, ainsi que les représentants de 44 autres pays. Parmi eux, des Etats donateurs et des pays en développement ayant besoin d'une aide étrangère pour réduire les niveaux de déforestation. Le programme REDD prévoit de réduire de moitié la destruction des forêts des pays pauvres à l'horizon 2020, et d'y mettre fin entièrement d'ici 2030. Il vise à encourager les pays riches à financer des projets de protection des forêts dans les Etats pauvres. L'agence de contrôle centrale qui doit être créée est destinée à assurer la transparence de cette aide, ainsi que sa coordination, pour rationaliser la distribution de l'assistance et éviter toute redondance. A la veille de la conférence, M. Stoltenberg a fait savoir mercredi que l'Allemagne s'engageait à hauteur de 500 millions de dollars (406 millions d'euros), ce qui portera le financement actuel de REDD+ à quatre milliards de dollars (3,2 milliards d'euros) jusqu'en 2012, la France, la Norvège et quatre autres pays s'étant précédemment engagés à hauteur de 3,5 milliards de dollars (2,8 milliards d'euros). La Norvège a également précisé qu'elle verserait un milliard de dollars (816 millions d'euros) supplémentaires pour aider l'Indonésie à lutter contre la déforestation. Un phénomène qui fait du pays asiatique le troisième pays responsable des émissions de carbone dans le monde devant le Brésil, les deux plus gros émetteurs de CO2 étant la Chine et les Etats-Unis. Le président français Nicolas Sarkozy avait appelé à la tenue d'une réunion sur la mise en place d'une stratégie mondiale de lutte contre la déforestation, à l'issue de la conférence sur le climat de Copenhague, en décembre dernier. La conférence de jeudi est la dernière prévue sur le programme REDD+ avant le prochain sommet sur le climat qui doit se tenir à Cancun au Mexique à la fin de l'année.