Par: Soufiane BEN FARHAT IL n'y a pas que des nouvelles alarmistes qui viennent du Nord. Hier à Oslo, en Norvège, les représentants de 52 pays étaient rassemblés. Objectif, tenter de mettre en œuvre un programme de lutte contre la déforestation. Lutter contre la déforestation n'est en fait pas un luxe de pays riches. Parce que, précisément, les déforestations sont à l'origine d'une part considérable des émissions de dioxyde de carbone. C'est-à-dire de la déstructuration lente mais ravageuse de l'écosystème mondial. D'ailleurs, les pays pauvres sont particulièrement visés par cette rencontre. A preuve, le projet de création d'une agence chargée de contrôler l'assistance financière apportée à des pays pauvres pour les aider à protéger leurs forêts. Cela relève du Programme de réduction des émissions provenant de la déforestation et de la dégradation des forêts en développement. Le Premier ministre norvégien a d'ailleurs souligné le paradoxe. "Les forêts ont plus de valeur" quand elles sont "mortes" et exploitées plutôt que lorsqu'elles sont "en vie", a-t-il dit. Cela génère des problématiques environnementales, sociales et politiques. Les déforestations sauvages, sourdes et mues par le seul goût du lucre sont catastrophiques. Elles contribuent à près du tiers des émissions de dioxyde de carbone. Ce qui accuse le réchauffement global (augmentation de plus de deux degrés) ainsi que ses effets pervers. Comme l'a souligné une dépêche relative à la rencontre d'Oslo, "l'abattage, la combustion et la décomposition des arbres représentent jusqu'à 20% du dioxyde de carbone (CO2) rejeté dans l'atmosphère, soit autant que les émissions provenant de tous les camions, voitures, trains, et bateaux sur la planète". En vérité, il y a une dimension sociale, voire politique, aux aspects pas forcément manifestes ou soulignés, liée à cette question. La question des redoutables pirates somaliens en est témoin. En effet, selon des sources concordantes, ce serait une réaction contre les pratiques éhontées de certains pays nantis. Profitant de la déchéance de l'Etat et des structures de régulation et de contrôle à la faveur du désastre politique somalien, certains pays n'hésitent pas à déverser des produits toxiques et autres déchets nucléaires dans les eaux somaliennes. D'ailleurs, du moins à l'origine, le noyau dur des pirates somaliens serait composé d'anciens gardes-côtes outrés de voir leurs côtes utilisées comme déversoir des déchets toxiques et nucléaires. Des nuées d'anciens pêcheurs lésés par ce scandale s'y sont joints. La où la nature ou le naturel cours des choses sont altérés, des manifestations et dynamiques vicieusement aberrantes s'installent. Cela se vérifie partout et nul pays n'en est à l'abri. Fait révélateur, la rencontre d'Oslo intervient un peu moins de six mois après la conférence sur le climat de Copenhague. Cette dernière, c'est un secret de polichinelle, s'est soldée par un fiasco en bonne et due forme. Oslo aboutira-t-il là où Copenhague a échoué ? Trop tôt pour le savoir en fait. Seulement, deux faits saillants s'imposent à l'observation attentive. En premier lieu, les intérêts sordides des Etats et des puissances économiques qui les motivent dans l'ombre sont toujours de mise. Par-delà des professions de foi généreuses et autres slogans à l'emporte-pièce. En second lieu, il est plus qu'urgent d'inscrire la question environnementale au cœur de la chose publique internationale. Autrement, la navrante question des pirates somaliens ne serait qu'une face visible d'un iceberg plus que ravageur. Les contrecoups du laxisme, du laisser-aller et des manipulations en sourdine se feront autrement ressentir. Plus tragiquement encore et un peu partout à travers la planète. Pour l'heure, la conférence d'Oslo semble bien être la dernière avant le prochain sommet sur le climat prévu à Cancun, au Mexique, à la fin de l'année. D'ici là, combien de forêts auront été détruites et combien de futurs drames auront germé dans l'ombre du désespoir et du ressentiment ?