Dans les plans de Sharon, en 2005, la guerre devait s'installer à Gaza et la paix à Ramallah. Ceux qui y ont vu une renonciation de la part de l'ex-Premier ministre israélien, à toute forme d'expansionnisme ont fait preuve de myopie politique. Et surtout de la part du Quartette. Car, si Gaza peut être définie aujourd'hui comme le legs de Sharon, on s'était trop vite fondu en louanges, en 2005, à l'adresse d'un stratège sanguinaire dont on croyait que c'était la conversion à l'idée d'un Etat palestinien indépendant et viable. " Nous ne sommes jamais entourés que d'ennemis ", répétait-il, pourtant. Et c'est avec le désengagement israélien de Gaza que furent accélérées la construction du mur, l'arrivée de colons et la poussée démographique israélienne dans Jérusalem-Est. Du coup, " la feuille de route " se perdait dans les sentiers impraticables d'une paix impossible. Et, du coup aussi, le Quartette se retrouvait dans l'impossibilité de négocier quoi que ce fût avec le Hamas, alors même que celui-ci proposait, en un premier temps à Tel Aviv, une " trêve de longue durée " et, ensuite, il proposait carrément une " trêve " illimitée. Il était même question de traiter avec Mahmoud Abbas, mais le rapprochement entre le Fatah et le Hamas fut, tout bonnement, noyauté par les Occidentaux, les Russes, l'Egypte et la Jordanie. Devait-on juger le Hamas sur son idéologie ou son comportement ? Or la guerre civile entre Palestiniens se préparait. Elle chauffait. Elle eût lieu, puis elle s'arrêta. Les Gazaouis croyaient à tort que ce dernier calvaire (la guerre) était le pire... Car il y a pire encore : ce blocus, et un million et demi de Palestiniens bloqués depuis quatre ans. La population de Gaza est enfermée dans un territoire exigu, une monstrueuse prison à ciel ouvert, et, finalement, un mini-Etat, " l'un des plus désespérants territoires du globe ". Or c'est une bombe à retardement. Otages du Hamas, les Gazaouis ? Possible. En tous les cas, le blocus aura cultivé en eux le célèbre syndrome de Stockholm. On a réussi à leur faire aimer le Hamas. Car un peuple désespéré, opprimé, affamé et empoisonné est un peuple capable de tout.