Cela chauffe : la course au bâtonnat s'annonce donc, passionnée et, même lourde d'enjeux. Les candidats en lice - dont des candidats, disons "chroniques " - appellent, chacun à sa manière, à l'assainissement de la profession. Couverture sociale, retraite, le rapport à l'appareil judiciaire, la protection de la profession et, bien entendu, l'institut des avocats, dont les uns disent que c'est une machine à fabriquer des carrières et, d'autres, une sorte de filtre, une espèce d'entonnoir, minutieusement sélectif. Sommes-nous, dès lors, dans un contexte exclusivement corporatiste ? En d'autres termes, les enjeux autour de l'élection du Bâtonnier tiennent-ils, tous, aux doléances de la profession et à elles seules ? Grâce à une évolution impressionnante, l'avocature en Tunisie dépasse, désormais, la charte fondatrice dans sa vocation de défense de la veuve et de l'orphelin. Sauf, que nous comptons, en Tunisie, près de 7000 avocats dont des centaines, sinon des milliers, ont des préoccupations existentielles. Quant au gratin, fortement politisé, eh bien, ses soucis sont autres, même si la plate-forme des doléances et des " leitmotive " électoraux partent, tous, de la condition sociale des femmes et hommes du barreau... Les corps de métier sont au centre de la recomposition toujours régénérée et toujours renouvelée de la société civile. De part la nature de leurs études, les avocats ne sont pas insensibles aux gradations doctrinaires et aux feux croisés idéologiques. Mais, dans les conditions actuelles, en cette ère de turbulences de la profession, les candidats au bâtonnat gagneraient à moraliser un débat qui ne peut être que contradictoire ; à se mettre à l'écoute de ceux - très nombreux - qui n'ont que des miettes dans la masse des affaires en justice. Car, il n'est pas sûr que la veuve et l'orphelin ne sont toujours que de l'autre côté du " barreau ", ou de la barrière...