La Pologne a récemment perdu son gouvernement dans un crash d'avion survenu quelque part dans La Russie profonde. La Grande Histoire retiendra que le drame a eu lieu en raison de nuages épais et de brume mauvaise que l'équipage avait ignorés, en dépit des mises en garde. Les dirigeants polonais s'étaient pourtant déplacés pour une commémoration devant dissiper les nuages accumulés dans les relations entre les deux pays. On connait la suite. En réalité, on ne connait pas toute la suite. Au milieu des débris de l'avion et des corps calcinés, trainaient des cartes de crédit bancaire, de celles qui servent à agrémenter les séjours en ramenant des voyages des souvenirs forcément indélébiles. Ces objets auraient dû servir à identifier les corps sans vie. Ils serviront au final à permettre d'arrondir la fin du mois d'un policier indélicat. Celui-ci devait être en panne de liquidités et a voulu boucler son mois en tapant l'un des morts. De l'argent a donc bien été retiré à l'aide des cartes, pour faire des achats dans le magasin du coin. A la découverte du pot aux roses, et toute honte bue, les autorités russes ont donc diligenté une enquête qui a permis de retrouver l'auteur du tour de passe-passe. On peut bien sûr invoquer le besoin qui aurait poussé le fonctionnaire à la faute. Un soldat ou un policier fait comme tout le monde quand le portefeuille ne contient pas assez pour effectuer les emplettes. Il en est des individus comme des Etats, et les crédits, avec ou sans carte, sont faits pour vivre au dessus de ses moyens. En Russie et ailleurs, les avions sont parfois obligés de faire du rase-mottes et les individus présenter leur écuelle pour être ratiboisés. Les infos disent que pour les soldats russes voleurs de cartes, la justice tranchera. Sans circonstances atténuantes. Tout le monde n'a pas le droit de jouer au sauveteur menteur et de dépouiller les victimes des mauvais temps. Par contre, les Etats peuvent le faire. Les traders et les spéculateurs en bourse aussi. Il y a une différence de classe entre les vols organisés par les décideurs et les vols misérablement crapuleux des naufragés de fins de mois. Ni les uns ni les autres ne peuvent se prévaloir de circonstances atténuantes. Seules les sommes engagés peuvent faire la différence. Le vol à la tire tient bien entendu de l'escroquerie pendable. Le haut vol des seigneurs de l'argent facile a un petit air de noblesse. Mais petit quand même.