La fin du XXe siècle fut marquée par la recrudescence des conflits interethniques qui ont fait des centaines de milliers de victimes. Aucun des trois vieux continents n'était à l'abri de ce phénomène qui ne date certes pas d'aujourd'hui, mais qui a tout de même pris une dimension qui fait peser une réelle menace sur l'existence même des certains Etats. La primauté de l'ethnie sur l'Etat national est de plus en affirmée et revendiquée par plusieurs groupes ethniques partageant un même espace géographique avec d'autres groupes. Les événements sanglants du Kirghizstan viennent en effet jeter la lumière sur la gravité d'un phénomène qui peut surgir à tout moment dans plusieurs pays à la faveur d'une crise économique ou institutionnelle ou d'un simple malentendu tribal. L'Afrique subsaharienne était et est encore, le théâtre de guerres ethniques qui ont fait des centaines de milliers voire des millions de victimes et contraint des populations entières à l'exode dans les pays voisins. Les plaies du conflit entre Tutsis et Hutus sont encore béantes au Rwanda comme au Burundi et d'autres pays frontaliers. Un véritable génocide fut perpétré en cette partie du Continent où pourtant les prémices annonciatrices de l'éclatement de la violence étaient visibles. La communauté internationale n'avait réagi que très tardivement, alors qu'elle avait la possibilité de le faire plus tôt pour ainsi éviter un véritable massacre. Au Darfour, comme au Sud Soudan, aux rivalités tribales séculaires se sont greffées les convoitises pour les richesses du sous-sol dont regorgent ces régions, pour en faire de véritables foyers de tension permanents entre les habitants et le pouvoir central et les tribus entre-elles, encouragées souvent par des ingérences étrangères qui ne s'en cachent pas d'ailleurs et pour des raisons bien évidentes. En Europe l'ex-Yougoslavie fut pendant des années un champ de bataille des plus sanglants entre les populations des différents Etats constituant la fédération qui finit par éclater en six entités ennemies et l'amputation de la Serbie d'un Kosovo tourné vers l'Albanie. Le bilan des guerres des Balkans fut l'un des plus lourds de l'histoire de l'Europe où les Bosniaques ont payé le gros de la facture. Et une fois de plus la communauté internationale a mis du temps pour juger de la gravité de la situation humanitaire avant d'intervenir et mettre un terme au génocide. L'Etat fédéral Yougoslave éclaté, les blessures restent grandes ouvertes entre des populations dont la haine reste le seul point commun et dont le legs sera sans doute transmis aux générations futures. Le Soudan faute d'une solution fédérale acceptée par tous, risque de connaître le même sort que la Yougoslavie dès janvier 2011, date du référendum sur l'indépendance du Sud. Et l'Histoire risque d'être un éternel recommencement avec ce qui se passe de nos jours dans la basse - Asie - centrale où les minorités ethniques vivant dans les six pays faisant partie de l'ex-URSS sont exposées à la vindicte des ethnies majoritaires. Aujourd'hui ce sont les Ouzbeks qui subissent la colère des Kirghizes, demain ça sera peut-être autour des Kazakhs ou des Tadjiks d'être la cible de telle ou telle ethnie. Les événements du Kirghizstan sont un véritable défi lancé à la communauté internationale qui se doit de réagir pour trouver des solutions à même de satisfaire tout le monde et de créer les conditions favorables pour une vie commune entre les différents groupes ethniques d'un même pays, pour éviter ainsi cette menace d'éclatement des Etats qui a déjà fait beaucoup de dégâts.