La contrefaçon constitue aujourd'hui un véritable fléau. Elle touche plusieurs secteurs. Les médicaments vétérinaires ne sont pas épargnés. Ce commerce de médicaments vétérinaires contrefaits remplit les poches de certains commerçants mais le client risque de payer cher. A nous de réagir contre ce marché parallèle et illégal ! Un « produit médical contrefait » est défini comme un « produit médical faisant l'objet d'une présentation trompeuse quant à son identité et/ou à sa source ». Cette définition s'inspire de la définition de travail la plus récente adoptée par l'OMS lors de sa réunion à Hammamet (Tunisie) du 3 au 5 décembre 2008. Les contrefaçons de médicaments vétérinaires ne cessent de se multiplier. Ces contre façonniers ne sont pas seulement des individus isolés qui osent mais aussi des nébuleuses bien organisées qui pratiquent du commerce international, transitent par les ports et les aéroports et inondent les marchés. Ces médicaments vétérinaires se trouvent en vente libre dans les marchés et écoulés par des acteurs qui ne sont pas de la profession. Il suffit de sillonner certains points de vente durant les souks hebdomadaires pour vérifier la présence de médicaments vétérinaires de qualité douteuse. On distingue en général les contrefaçons, les génériques non-conformes et les malfaçons. Ces médicaments sont non conformes parce qu'ils ne répondent pas aux normes de qualité requises ou à la qualité décrite par leurs fabricants. Selon l'OMS « Un médicament vétérinaire contrefait est la reproduction frauduleuse d'un autre médicament vétérinaire produit légalement par un laboratoire. Une étiquette y est collée n'indiquant pas son identité et/ou son origine. Il ne s'agit pas de la copie servile d'un produit, mais de la reprise d'un ou de plusieurs éléments qui peuvent porter à confusion l'acheteur. Quant aux génériques non-conformes, ce sont des produits qui ne respectent pas les spécifications qualitatives et/ou quantitatives du produit de référence. Le plus souvent, la tricherie est volontaire pour produire à bas prix et maximiser sur les bénéfices « Ces médicaments vendus de façon anarchique et illégale dans certains marchés constituent indirectement de véritables " poisons " pour l'être humain, vu que tout médicament non autorisé comporte indirectement des risques pour la santé humaine En effet, dans le marché de la contrefaçon, il y a une intention frauduleuse de fabriquer, de distribuer, de fournir et de vendre délibérément et sciemment des médicaments de mauvaise qualité pour en retirer des bénéfices illicites. » nous a précisé le Dr Abderahmane Hmidi Président du syndicat national des médecins vétérinaires de libre pratique de Tunis. Fléau Le non-respect des dispositions en matière de conservation, de délivrance et de distribution des médicaments vétérinaires pose problème. Cela entraîne des risques sur la santé publique. La contrefaçon est un acte criminel : des médicaments sur-dosés, sous-dosés, sans principe actif, voire toxiques, circulent sans se soucier de la santé du citoyen. L'utilisation régulière de médicaments de qualité inférieure ou contrefaits entraîne un échec thérapeutique où favorise l'apparition d'une résistance ; mais, dans bien des cas, elle peut être mortelle. C'est pourquoi, la garantie de la qualité des médicaments vétérinaires est indispensable pour ne pas compromettre la santé des consommateurs et pour s'assurer de l'efficacité du médicament ainsi que la protection de l'environnement. Le conditionnement et l'étiquetage sont les deux éléments qui donnent la première impression du médicament. L'étiquetage doit présenter de manière bien lisible le nom de la spécialité, sa composition qualitative et quantitative, le nom du fabricant, son pays d'origine, le numéro de lot, la date de fabrication, la date d'expiration et les principales indications. Il s'agit aussi de réprimer les pratiques qui portent préjudice aux titulaires de droits de propriété industrielle enregistrés à l'Institut National de la Propriété Industrielle. Les producteurs agricoles devraient être extrêmement prudents lors de la sélection et l'achat du produit. Ils ne devront pas acheter ces produits auprès de vendeurs occasionnels. Ils doivent consulter les vétérinaires surtout et avant tout vérifier la sécurité et l'étiquetage utilisé par le fabricant. Le syndicat national des médecins vétérinaires de libre pratique de Tunis avait dénoncé les responsables, et même, fourni des noms depuis trois ans au ministère de la Santé Publique. Il s'agit, là, de véritable encouragement des éleveurs à l'automédication en utilisant toutes sortes de médicaments vétérinaires. Pour réagir contre ce fléau nous a précisé le Dr Abderahmane Hmidi « nous appelons les services de contrôle des différents ministères concernés à redoubler de vigilance pour freiner les marchés parallèles et là nous devrons contrôler les médicaments à délai d'attente non nul et de revaloriser le rôle du vétérinaire qui a un rôle déterminant dans la pharmacovigilance, la prescription et la délivrance et les performances technico-économiques en lui rapprochant le médicament (l'approvisionnement devra entre autres se faire à partir des grossistes répartis sur tout le territoire du pays. La loi 75/1992 du 3 août 1992 accorde la pratique de la pharmacie vétérinaire aux vétérinaires et que le fait de l'appliquer aiderait à contrôler le marché illicite. Le vétérinaire peut ainsi jouer son rôle d'éducateur et de vulgarisateur auprès des éleveurs et gérer convenablement le problème des résidus conformément aux normes des pays développés. » Il est impératif, comme l'a souligné le Dr Hmidi, de continuer à garantir l'origine et la qualité des médicaments disponibles. Le médicament est un produit de santé, il oblige par définition les entreprises qui le découvrent et le fabriquent à une culture de rigueur. Par conséquent le rôle des vétérinaires est primordial pour sensibiliser les éleveurs à la nécessité de n'acheter leurs médicaments qu'à travers le réseau reconnu et légal.