A chaque saison son lot de réclame, mais les saisons se succédant, le flux de la publicité ne s'arrête pas. On peut prendre ça pour un gage de dynamisme de l'activité en général, sinon de réussite pour les entreprises engagées dans une compétition sans répit et donc bien obligées de créer les besoins qui font rentrer de l'argent dans les caisses. En plus il n'est pas interdit de penser que la publicité puisse servir à véhiculer des informations utiles au sujet des produits et des services, au profit du consommateur. Le concept, celui qui consiste à chercher à se rapprocher encore plus du client potentiel peut toujours se défendre, tant que l'excès n'en fait pas une forme d'intrusion intempestive dans la vie privée du commun des mortels. Comment en effet faut-il comprendre l'invasion actuelle d'offres de services par le biais de la messagerie gérée par des institutions de télécommunications qui possèdent finalement la clef d'accès à tout un chacun. Le tout un chacun en question reçoit des avis de promotion (?), des offres de vacances à l'hôtel, les affaires de la vie, bref. Beaucoup se sont fait ainsi piéger par des perspectives de gain, au moment où ils sont en train de tirer le diable par la queue pour joindre les deux bouts, les plus naïfs y mettant leurs derniers sous dans une vaine opération d'enrichissement illusoire. Le fait que cela se reproduise aussi souvent est le signe que les résultats financiers des auteurs de publicité sont derrière. Le droit de choisir Il n'en reste pas moins que le destinataire n'a rien demandé, en tout cas rien permis au gestionnaire de sa ligne téléphonique. Le publicitaire n'est pas supposé être dépositaire d'un carnet d'adresses et de numéros, et le destinataire ne sait pas au juste quoi faire pour éviter, surtout en cette période, le véritable harcèlement qui fait de lui une cible bien obligée. En gros, tout le monde fait ce qu'il a envie de faire, dans le vide juridique qui entoure certains des recours de plus en plus créatifs aux nouveaux médias. La pratique n'offusque pratiquement plus personne quand il s'agit d'internet. Un déferlement incontrôlable de bienfaiteurs de l'humanité nous promet, tous les jours que le bon Dieu fait, des bonheurs incalculables et toutes les richesses, juste au bout d'un clic, geste devenu un piège planétaire. Renseignement pris, on ne peut rien faire contre, sauf continuer à effacer les promesses qu'on vous fait chez vous, parfois pour mettre en passant à l'épave votre outil de travail. Mais là n'est pas la question. De chez nous débarquent les réclames les plus mirobolantes proposées par des philanthropes qui n'en veulent qu'à votre argent, quand vous en avez, bien entendu. On pourra toujours rétorquer qu'il est possible d'ignorer ces manifestes publicitaires intrus. Mais ça ne suffit pas, puisqu'il y a maldonne. N'importe qui est libre de ne pas vouloir s'exposer à ces véritables machines d'incitation à la consommation débridée. Ainsi, pour peu que vous consentiez à jouir d'une carte de fidélité à l'un des mastodontes de la consommation, vous avez droit à tous les raids de marketing. Personne ne vous a demandé votre accord à ce sujet, mais le vendeur y va à la hussarde, pour des raisons qu'on appelle le gain de parts de marché. La pratique de plus en plus courante consiste donc à individualiser les formules d'annonces publicitaires sans que les individus concernés aient eu à exprimer un quelconque point de vue. Ce n'est pas encore de l'arnaque, mais il n'y a qu'un pas que franchissent les vrais arnaqueurs promettant de vous faire gagner, à votre corps défendant, des sommes mirobolantes gagnées dans une mystérieuse tombola dont on deviendrait, comme par magie, l'heureux bénéficiaire. Le flou Comme pour l'Internet des manipulateurs internationaux sur les comptes mails, tous ne se font pas prendre, mais beaucoup de naïfs y ont laissé des plumes. Par ailleurs, l'incitation débridée à la consommation à crédit a suffisamment fait des dégâts chez nous il n'y a pas si longtemps pour inciter plutôt à la prudence en matière d'endettement sans fin des ménages. La fuite en avant peut être bien plutôt source d'effondrement que de réussite. Dans ces cas là, et le mal fait, la justice ne peut que constater l'étendue des dégâts. Autant les créanciers que les débiteurs sont piégés soit par leur crédulité soit par leur rapacité et méritant donc quelque part leur sort. Dire que c'est de bonne guerre ne suffit vraiment pas. Les lois du commerce ne peuvent pas être assimilées aux lois de la jungle. Il est même de plus en plus admis, dans le commerce régulier avec pignon sur rue, que le client a le droit, dans des délais significatifs, de contester la qualité ou la validité de ses achats. L'idée est que la rhétorique utilisée pour la vente ne doit pas occulter les fondamentaux de l'échange commercial. Quand j'achète une chemise ayant un défaut de fabrication, je dois ou le savoir au moment de l'achat ou avoir le droit d'annuler l'opération. Les termes de ce contrat doivent être clairs, et applicables sans nécessité aux recours, en particulier s'agissant d'individus souvent incapables financièrement d'aller en justice pour leurs achats du quotidien. Ce qui n'est pas à l'évidence le type de commerce démarché par téléphone ou par messagerie, sans consentement préalable. Tout n'est certainement pas à rejeter, mais chacun doit garder ses droits. La messagerie ne doit pas se transformer en entreprise de détournement des lois auxquelles le commerce régulier est soumis, et taxé. Par Bourguiba BEN REJEB -------------------------- Pour une législation simple Le Temps vient de faire état dans sa livraison du Mardi 29 juin de la mise en place d'un site pour la défense des consommateurs spécialement conçu pour aider à contenir le flux publicitaire envahissant. Cela va dans la bonne direction, dans l'exacte mesure de la capacité citoyenne à consulter le site en question. Pour poursuivre dans le bon sens, une législation simple et accessible à tous devrait compléter utilement le dispositif.