Offrir une voiture à son enfant qui vient d'avoir son bachot est devenu chose courante chez nous. Ce n'est pas l'apanage des familles riches, mêmes les parents aux revenus modestes se permettent le luxe d'offrir à leur chérubin à peine âgé de 18 ou 19 ans une bagnole comme récompense à sa réussite au bac. «Tu auras comme cadeau une bagnole, si tu réussis au bac ! » Cette promesse faite au début de l'année scolaire est souvent tenue par les parents dès que leur enfant (fille ou garçon) déclenche son bac et aussitôt le nouveau bachelier se met au volant, ayant déjà obtenu son permis de conduire entre-temps, juste à l'âge de 18 ans selon la législation en vigueur. Ceux qui ne l'ont pas encore eu, ils ont le temps de le faire pendant les vacances scolaires. Ainsi, il (elle) se rendra à la faculté en voiture personnelle ! Pourquoi donc le jeune Tunisien qui vient d'avoir son bac pense-t-il à se mettre au volant immédiatement ? La réussite au bac serait-elle un signe d'autonomie et de prise de responsabilité aux yeux de ces jeunes ? Et la conduite automobile permettrait-elle à ces jeunes de se confirmer dans la société et d'affirmer leur personnalité au sein de la famille et de l'entourage ? Ou tout simplement, avoir la possession d'une voiture à cet âge précoce (18 ans) serait-elle attachée à un fait de prestige et de rayonnement dans une société où les gens sont souvent jugés à leurs apparences ? C'est toutes ces choses à la fois, faut-il dire ! Sauf que la plupart des parents, en offrant en cadeau une voiture à leurs enfants ne pensent pas souvent aux risques encourus par leurs rejetons une fois au volant, d'autant plus qu'ils sont encore dans une période d'essai et qu'ils sont encore loin de maîtriser la conduite automobile et peu ou non sensibilisés aux dangers de la circulation. En effet, qu'on le veuille ou non, un jeune au volant n'est pas aussi réfléchi qu'un adulte. La jeunesse est caractérisée par le désir d'assouvir sa curiosité, l'amour de l'aventure et par cette propension à prendre les risques et relever les défis. Le risque est double lorsque le jeune conducteur est accompagné de ses copains lors d'une sortie nocturne à l'un des centres de loisirs ou des boites de nuit situés à plusieurs kilomètres de son domicile. L'ambiance chaleureuse et les distractions offertes par ces lieux de loisirs où les jeunes pourraient céder à plusieurs tentations amplifient les sensations et attisent les sentiments d'invincibilité et d'héroïsme chez ces jeunes une fois sur le chemin de retour ; et là, on peut s'attendre au pire à cause de l'excès de vitesse et la conduite en état d'ébriété. Souvent, les accidents survenus sur nos routes pendant la période estivale sont mortels chez ces jeunes conducteurs. Nul n'ignore que la Tunisie est classée mondialement parmi les pays à grand taux de mortalité du aux accidents de la route. En 2003, les accidents enregistrés révèlent que les jeunes entre 15 et 29 ans représentent 33% des victimes. En 2006, les statistiques de la sécurité routière faisaient état de 10980 accidents de circulation ayant entraîné 1516 décès et 15147 blessés. Ces accidents de la circulation ont tendance d'augmenter pendant la saison estivale. Ils sont causés en grande partie par des jeunes. On enregistre chaque été une augmentation du nombre des accidents mortels parmi les jeunes conducteurs surtout sur les routes des villes côtières qui accaparent plus de 70% de l'ensemble des victimes durant la saison estivale, c'est que ces villes sont les lieux de prédilection pour ces jeunes qui s'y rendent pour l'ambiance et le défoulement. L'on sait que l'octroi du permis de conduire à l'âge de 18 ans est autorisé en Tunisie par la loi depuis 2001. Parmi les objectifs de cette loi, c'est de réduire le nombre de conducteurs circulant sans permis, ce qui pourrait être à l'origine de pas mal d'accidents de la circulation. Aujourd'hui, (modernité oblige!), un jeune de 18 ans pourrait avoir à la fois le permis de conduire et la voiture offerte par ses parents en cadeau de bac. Que reste-t-il donc pour inviter les copains du quartier à une promenade ou une sortie en voiture ? Faute de voiture personnelle, le jeune bachelier a toujours la chance d'user de la voiture parentale pour effectuer sa sortie. Si le père refuse, c'est la mère qui consent et inversement. On ne peut rien refuser à un enfant qui vient de réussir au bac (une telle réussite étant toujours considérée dans les familles tunisiennes comme une grande prouesse réalisée par l'enfant !), quitte à lui céder la voiture paternelle ou maternelle chaque fois qu'il (elle) en a besoin, et ce serait toujours mieux d'en user en cachette ou en l'absence des parents ! Mais avant de le laisser prendre la route, ces parents pensent-ils à le sensibiliser à sa propre sécurité, pensent-ils à le mettre en garde contre les dangers de la route ? Un jeune de 18 ans qui vient d'obtenir son permis de conduire et qui devient propriétaire d'une voiture qu'il conduit à sa guise a toujours besoin de conseils avant de se mettre en route. L'intervention des parents est indispensable surtout en cette saison estivale où les jeunes, sans être bien expérimentés en conduite automobile, accumulent les sorties et les veillées jusqu'aux petites heures du matin surtout durant les week-ends.