Un respectable chanteur et musicien tunisien nous disait il y a seulement quelques jours, que Najet Attia chante beaucoup mieux que les stars libanaises et arabes invitées quasi régulièrement à Carthage. Nous sommes personnellement convaincus par la très belle voix de cette chanteuse qui néanmoins ne parvient pas à récolter le succès populaire qu'elle mérite aussi bien chez nous qu'à l'étranger. Vendredi dernier, la frustration s'est encore confirmée lors du concert artistiquement honorable que Najet Attia a donné sur la prestigieuse scène de Carthage devant moins de 5000 spectateurs. Pour reconquérir le statut de vedette Programmé le lendemain de la Hadhra 2010 de Fadhel Jaziri, qui avait rempli les gradins de l'amphithéâtre sans toutefois contenter son public, le spectacle de Najet Attia a réussi la gageure inverse. Durant un peu plus de deux heures, celle-ci régala ses fans et les adeptes du chant authentique avec ses plus récentes chansons et ses tubes des années 80. C'est assurément une artiste à part entière qui reprend goût, après plus de dix ans d'absence, à la création musicale digne de son talent et des mélomanes véritables. Que lui manque-t-il pour s'imposer de nouveau d'abord localement ? Presque rien, sinon peut-être une promotion intelligente et efficace des nouveaux albums et des concerts. La soirée de vendredi fut assez bien préparée en tout cas et, sur scène, l'orchestre et la chanteuse furent pratiquement irréprochables. Le public joua le jeu et ne lésina pas, loin s'en faut, sur les encouragements adressés à la vedette revenante. Najet donnait même le sentiment d'être ou de se retrouver parmi les siens. Un air de famille régnait en effet aux quatre coins de l'amphithéâtre ; les amis de l'artiste (Mohamed Jebali, Slah Mosbah, Oussama Farhat, Raouf Ben Amor, Houcine Affrit, Hédi Guella, Mohamed Ali Ben Jomâa, Walid Tlili et les autres) étaient également là pour la soutenir et l'applaudir. Jebali fut même invité sur scène pour accompagner Najet dans leur duetto à succès « Khallini bjanbek ». Une mise en scène qui n'a échappé à personne parmi l'assistance mais la « surprise » n'était pas pour déplaire au public qui s'en donna à cœur joie en reprenant le tube avec deux de ses chanteurs préférés. Pour Mohamed Jebali, c'était sans doute sa façon à lui de narguer la direction du festival de Carthage qui l'avait « écarté » de l'actuelle édition. Najet, elle, avait un autre souci : reconquérir sa place dans le cœur de tous les Tunisiens. Ce sera, certainement, chose faite au terme de l'actuelle saison! Badreddine BEN HENDA ----------------------- Les à-côtés *Le concert commença à l'heure et s'acheva vers minuit et quart. Il comporta en tout, une dizaine de chansons dont un air célèbre d'Om Kolthoum et le fameux « Yamma ya ghaliyya » repris désormais par tous nos chanteurs dans leurs galas respectifs. On remarqua néanmoins que la chanson qui donne au spectacle son titre, en l'occurrence « Yastadou », ne figura pas dans le programme de la soirée. *Pendant les courtes pauses dont Najet ponctua son concert, l'artiste s'adressait à son public ou à certaines personnalités pour les remercier. Son émotion était telle pendant ces moments qu'elle bafouilla en prononçant le nom du ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine. *Sur les gradins, des spectateurs et spectatrices totalement acquis à Najet arborèrent plus d'une fois des posters de l'artiste et lancèrent à son adresse des bravos nourris et des compliments fort généreux. *Après le numéro exécuté sur scène, Mohamed Jebali, venu en famille, quitta l'amphithéâtre bien avant la fin du spectacle. Mission accomplie et message transmis, diriez-vous !