Tous les arguments sont bons pour les nostalgiques de l'ancien ordre social répressif, revenus, récemment, à la charge, à l'occasion de l'examen du projet d'amendement de l'article 319 du Code pénal tendant à rendre punissable par la loi « la correction infligée à l'enfant par des personnes ayant autorité sur lui », soit les parents, les éducateurs et les tuteurs. L'autre jour, un jeune homme marié, très représentatif de la classe moyenne tunisienne, a cru bien défendre « les droits inaliénables de l'autorité parentale », en se faisant l'écho « d'humiliations cinglantes contraires à l'ordre naturel des choses, subies par des parents tunisiens installés en France, pour avoir osé réprimandé un peu violemment leur enfant. » La maîtresse d'école de cet enfant, dans l'une des villes françaises, a donné aux élèves un cours sur les droits de l'enfant, leur enseignant que l'usage de la violence à l'encontre des enfants est interdit même de la part de leurs parents, et a donné aux élèves le numéro vert de l'assistante sociale de l'école, pour l'appeler, à tout moment, le cas échéant. Sans être apparemment de caractère violent, le père tunisien de l'enfant signalé a eu la maladresse de le gifler pour une affaire banale, et alors, sans crier gare, le garçon a téléphoné à l'assistante sociale de son école qui arriva rapidement sur les lieux, blâma le père à propos de son comportement à l'égard de son fils, et fit un rapport, en avertissant le père de conséquences fâcheuses s'il s'avise de récidiver. Et elle continua de suivre l'affaire, en rendant, de temps en temps, visite à la demeure de l'enfant. La violence engendre la violence Justement, pour beaucoup de commentateurs et citoyens ouverts, l'idéal, en Tunisie, serait d'arriver à instaurer un pareil état de choses où les éducateurs seraient les premiers à s'interdire l'usage de la violence à l'encontre des enfants, à s'y opposer et à diffuser la culture de la bonne éducation. « Ce ne sont pas ces soit disant humiliations infligées aux parents violents, qui sont contraires à l'ordre naturel des choses, mais c'est le comportement violent sous toutes les formes, qui n'a aucune justification, dans notre époque fondée sur les valeurs du progrès matériel, moral et intellectuel, a fait remarquer un citoyen. A cet égard, un commentateur a dit s'étonner que les hommes oublient, toujours, que la violence engendre la violence et qu'un enfant maltraité devient violent, en grandissant. « La violence à l'encontre de l'enfant génère la violence chez les enfants, a-t-il dit, proposant que des études plus poussées sur la violence chez l'enfant et ses causes soient réalisées en Tunisie. Le même commentateur relève que les gens sont portés à accuser, à tort ou à raison, à ce sujet, les commodités de la vie moderne, à l'instar de la télévision, de l'Internet et des jeux vidéo. Cependant, comme l'a bien dit l'auteur canadien Richard Tremblay, « l'homme n'a pas attendu la télé pour tuer. » Il est vrai que ces moyens banalisent les scènes de violence réelles ou romanesques, mais il se peut que l'agressivité soit une pulsion naturelle et nécessite une éducation appropriée tenant compte de cette donnée, comme le soutiennent beaucoup de grands savants, a-t-il dit. Il s'est félicité de la décision gouvernementale visant à renforcer l'encadrement social de la population en Tunisie, de manière à porter le taux d'encadrement à un expert sociologique pour 7 mille habitants. Toutefois, d'autres interlocuteurs ont dit refuser cette thèse réductrice de l'origine naturelle de la violence et de l'agressivité, soulignant que « la vulnérabilité est souvent associée à la pauvreté et aux difficultés d'ordre social et matériel. » A signaler dans ce contexte, que la mise en œuvre des volets sociaux du programme présidentiel pour la période à venir a été, mercredi 21 juillet, au centre d'un Conseil ministériel. Il a été décidé, notamment, la mise en place d'un plan national d'encadrement de l'enfance à besoins spécifiques et des catégories vulnérables, comportant le renforcement du réseau des établissements de protection et d'encadrement sociaux.