« Ija Wahdek », c'était le titre du one woman show présenté mardi 20 juillet sur les planches du théâtre de plein air à Boukornine. Cette invitation est plutôt adressée aux femmes (« Viens seule »), sans leurs maris, histoire de laver le linge sale en famille et décharger leur colère contre ces hommes qui, en fait, affichent un total désengagement envers leurs devoirs conjugaux, familaux et sociaux, laissant leurs femmes se démener toutes seules, tant bien que mal, et souvent contre vents et marées, pour accomplir les tâches domestiques à côté de leurs devoirs professionnels en dehors du foyer. Dans « Ija Wahdek », Rim Zribi, s'érige en porte-parole de toutes les femmes travailleuses, au foyer et à l'extérieur, en suant sang et eau, pour soi-disant confirmer leur personnalité et jouir de leurs droits assurés par la législation et, partant, consacrer leur liberté et leur égalité avec l'homme. Or, la réalité est toute autre, car il s'avère que la femme se charge de toutes les affaires de la famille jusqu'aux moindres détails, en l'absence quasiment totale du conjoint qui passe son temps en dehors de la maison ou devant le téléviseur sans souci. Rim Zribi relate entre-temps la condition de la femme dans une société patriarcale à travers son parcours de vie. Fillette, elle n'a connu qu'une série d'interdictions auprès des parents trop autoritaires qui accordent des privilèges aux enfants de sexe masculin. Jeune fille, elle n'était pas libre de s'habiller à sa guise, de sortir avec n'importe qui et n'importe quand. Mariée, elle était victime de toutes les médisances de la part de la famille de son mari dès la première nuit des noces et devait subvenir aux besoins d'un époux capricieux, égoïste et non-coopératif. Mère, elle se trouvait obligée d'accomplir les tâches ménagères et de prodiguer les soins nécessaires et de l'encadrement scolaire des enfants. Travailleuse, elle subissait les contretemps survenus quotidiennement dans la rue et au travail (problèmes de transport, tracasseries du patron…). Toutes les préoccupations d'une femme tunisienne moderne sont présentées avec un grand humour dans cette pièce qui passe pour un réquisitoire contre les hommes mariés qui gardent encore une certaine mentalité machiste, laquelle mentalité n'a pas suivi les changements survenus dans la société tunisienne qui exigent que homme et femme doivent s'aider en tout pour sortir avec le minimum de dégâts dans un monde qui devient de plus en plus difficile à vivre. Rim Zribi s'est également emportée contre une certaine catégorie de femmes qui se rassemblent chez le coiffeur et qui ont l'art d'adopter de fausses apparences pour se vanter devant les autres clientes, alors qu'en réalité ; ce n'est que de la fanfaronnade de femmes connues pour être trop bavardes et dont les conditions de vie ne sont pas à envier. Rim Zribi, s'est montré, tout au long de la représentation, une actrice de talent qui fait rire tout en transmettant son message : elle a lancé un cri de détresse qui fait appel à tous les hommes mariés pour qu'ils mettent un peu la main à la pâte. Autrement, c'est l'avenir de la famille qui est en jeu. La comédienne a réussi à émouvoir un public fait des deux sexes, hommes et femmes, par son discours de femme militante, prototype de la femme tunisienne actuelle, qui est souvent obligée de se battre sur tous les fronts en accomplissant ses tâches et celles du conjoint.