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Les hommes mettent la main à la pâte
Ménages
Publié dans Le Temps le 13 - 03 - 2010

La tradition chez nous veut que la charge des travaux ménagers revienne en grande partie aux femmes. Ce sont elles qui font la vaisselle et la lessive, cuisinent et font les courses. Aujourd'hui, la situation a un peu changé suite à une évolution dans les mentalités : les hommes se mettent de plus en plus à l'ouvrage en réservant un peu de leur temps libre aux tâches domestiques.
Pourtant le déséquilibre persiste encore dans pas mal de ménages où les femmes continuent à se consacrer toutes seules aux travaux domestiques malgré leurs obligations à l'extérieur du foyer.
Les hommes sont-ils de bons “ménagers” ?
Une petite enquête menée auprès de quelques hommes a révélé que ces derniers s'imposent de plus en plus dans les achats des produits ménagers, soit par solidarité à leur conjointe, soit pour des raisons financières, sachant que certains hommes interrogés croient que les femmes sont dépensières quand il s'agit d'achats quotidiens, essentiellement des denrées alimentaires. « Franchement, nous explique un chef de famille, je préfère faire moi-même les courses au marché des légumes et des fruits ; j'ai toujours l' impression que les femmes sont plus tentées par les produits exposés que les hommes ; elles achètent sans compter et dépassent parfois le budget mensuel réservé aux produits alimentaires. »
Au marché municipal, dans les souks hebdomadaires, dans les grandes surfaces, on peut souvent remarquer ces couples qui font conjointement leurs courses. Mais il est rare de les voir ensemble le dimanche. En ce jour de repos, c'est généralement l'homme qui s'occupe du marché ! Il faut voir chaque dimanche ces marchés de fruits et de légumes ainsi que celui des poissons pour constater cette multitude d'hommes en jeans ou en survêtements et chaussures de sport en train de remplir leur couffin, étant les seuls responsables ce jour-là du choix des quantités et des qualités des achats effectués et des marques de denrées qu'ils achètent à leur guise et au gré de leurs caprices !
A ce propos, Mongi, rencontré en train de faire des courses, dimanche dernier au marché municipal, s'est déclaré très satisfait de consacrer son jour de repos à aider dans les travaux ménagers : « Mais, j'avoue que les achats que j'effectue ne plaisent pas toujours à ma femme, il y a toujours quelque chose de plus ou de moins dans mon couffin et elle me reproche parfois mon gaspillage d'argent dans des produits jugés trop chers. » C'est qu'en matière d'achat alimentaire, certains hommes, peu habitués aux courses et n'ayant pas une idée sur le cours des prix, se font prendre par d'éventuels commerçants sans scrupules. « Mon mari qui ne fait le marché que le dimanche, a confié une femme, n'a aucune idée sur les tarifs et puis, il n'a pas la notion de la quantité : il achète tout avec excès ; cela excède parfois nos besoins et parfois je suis obligée de me débarrasser de certaines denrées devenues avariées au bout de quelques jours ! A sa place, je n'achèterais que le nécessaire ! Il n'y a que la femme qui peut estimer au juste les besoins ménagers. Les femmes sont souvent accusées de gaspillage, mais pas pour les produits ménagers où les hommes achètent parfois des produits superflus et à prix élevés ! D'ailleurs, les marchands préfèrent les clients hommes car les femmes sont souvent trop exigeantes !»
Au foyer, les hommes s'impliquent davantage
L'évolution de la famille due aux changements survenus dans la société tunisienne a établi de nouveaux rapports dans le couple : une division de travail s'impose de plus en plus au sein des familles quant à l'accomplissement des tâches domestiques, surtout quand les deux conjoints ont des obligations professionnelles en dehors du foyer. La présence des enfants poussent certains parents à partager les travaux ménagers pour sortir avec le moins de dégâts. C'est pour cette raison qu'on assiste à un changement au niveau de la mentalité des hommes, surtout ceux appartenant aux nouvelles générations. Nécessité oblige ! Si certains hommes acceptent volontiers de mettre la main à la pâte, d'autres sont obligés de le faire, histoire d'éviter les scènes de ménage qui pourraient se déclencher à tout moment par une femme débordée et exténuée par les tâches ménagères qu'elle exécute toute seule. Ils sont appelés à donner un coup de main à leurs femmes qui, à vrai dire, méritent d'être assistées surtout en présence d'enfants en bas âge. « Aujourd'hui, le rythme de notre vie familiale a changé, nous a déclaré Hassan, un homme marié, surtout avec l'arrivée des gémeaux ; avant, je trouvais le temps d'aller juste à la sortie du travail dans un café avec des amis avant de rentrer. Aujourd'hui, ces sorties deviennent de plus en plus rares, je dois passer mes jours de repos à la maison ; il y a toujours quelque chose à faire pour les gosses. On doit tout sacrifier pour leur santé et leur éducation ! Je me trouve souvent dans la cuisine à préparer le repas, ou dans les chambres à nettoyer des vitres ou à balayer le parterre, ou dans le balcon à étendre le linge, alors que ma femme s'occupe des enfants et inversement ! Nous n'avons pas une aide ménagère et nous devons nous démener pour que les choses marchent !»
Le cas de Hassan n'est pas unique ; plusieurs couples vivent au même rythme. Au foyer, il n'y a pas de places réservées strictement aux femmes et d'autres considérées comme la chasse gardée des hommes : tout se partage, même les travaux domestiques ! En effet, les évolutions survenues dans la vie familiale, sociale et professionnelle du couple et le changement des mentalités qui a suivi impliquent forcément des adaptations dans la répartition des tâches ménagères. « Une nouvelle vision de la famille s'est peu à peu établie, nous a affirmé un enseignant retraité, tout change dans la vie. Le rôle de l'homme est primordial au foyer. Le temps est révolu de « ma mère est dans la cuisine pendant que le père lit son journal au salon », cette fameuse phrase souvent présente dans les anciens manuels scolaires qui a été ancrée dans les esprits des vieilles générations doit tout simplement s'effacer à jamais pour donner lieu à une autre qui appelle à l'entraide et à la division du travail domestique pour le bonheur de tous, le couple et les enfants !»
Donnez-leur une chance
Cependant, certaines femmes ne sont pas toujours satisfaites des prestations de leurs conjoints concernant les tâches ménagères, jugeant toujours insuffisants ou incomplets les services offerts par les hommes, c'est qu'ils ne sont pas aussi méticuleux et organisés que les femmes en matière de travaux ménagers. « C'est vraiment généreux de leur part de participer aux travaux ménagers, mais souvent, ils ne font les choses qu'à moitié ; il y a toujours quelque chose qui manque dans le couvert, une assiette cassée pendant la vaisselle ou encore des verres mal essuyés ! Parfois, je suis obligée de refaire le même travail que mon mari vient d'effectuer, ce travail qu'il croyait avoir fait à merveille ! Mais, je reconnais qu'il est plus utile dans le bricolage : une réparation par-ci, un dépannage par-là, il en est capable ! De plus, il m'aide toujours aux révisions scolaires de nos deux enfants encore à l'école primaire. C'est déjà assez suffisant ; je m'estime heureuse ; s'il n'était pas aussi serviable, je ne l'aurais pas épousé ! »
Cependant, il existe bien des maris qui excellent dans les travaux domestiques et qui passent leurs heures de repos au foyer entre le four et le moulin s'employant à satisfaire leur femme en tout sans jamais se lamenter, le travail ménager étant un devoir qu'il faut accomplir : « Je ne me lasse jamais des travaux ménagers, avoue Chaker, marié et père de trois enfants, c'est mon devoir ! D'ailleurs, mon père s'est toujours occupé des tâches ménagères : la lessive, la vaisselle, le jardin et même les courses. Ma mère ne s'occupait que des enfants et du repas et ils s'entendaient très bien ! Je ne vois pas pourquoi certains hommes refusent d'aider leurs femmes au foyer ! C'est inconcevable dans le monde où nous vivons qui demande beaucoup de sacrifices pour survivre ! » C'est donc une question d'habitude pour les uns et de mentalité pour les autres : quand les jeunes d'aujourd'hui, qui viennent de bâtir un foyer, se mettent à aider leurs épouses, leurs enfants le feront de même dans l'avenir et sans complexe.


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