L'été au gré du vent rend paresseux, mais il faut quand même recharger les batteries avant d'affronter les « rentrées » de septembre et combler quelque peu les « sorties » des vacances et du Ramadan qui pointent à l'horizon ! Quelques petites et bonnes lectures ne feront de mal à personne, bien au contraire, elles sont conseillées pour limiter l'ennui, encore que l'ennui comme le silence a aussi ses mérites. J'ai entre les mains le n°45 de la revue « Diplomatie » de juillet – août 2010, éditée en France, et consacrée aux « nouvelles puissances mondiales avec un bel éclairage et une très bonne documentation sur les forces et les faiblesses de ces pays émergents. On compte parmi ces nouvelles puissances la Chine évidemment, l'Inde, le Brésil et la Russie qu'on nomme déjà le groupe du « BRIC », appréciez la métaphore la « brique » c'est déjà bien solide… auxquels il faut ajouter le Mexique, la Turquie et sans oublier le Japon qui confirme. L'Afrique n'est représentée malheureusement que par la seule Afrique du Sud de ce nouvel ordre planétaire émergent. Quant au monde arabe… il est bien sûre abonnés « absents » ! Cet ensemble va bientôt développer plus de 55% de la richesse mondiale et reléguer les Etats-Unis d'Amérique et l'Europe, en deuxième pôle-position. Du coup l'univers unipolaire constitué par l'Occident avec pour leader incontesté, l'Amérique du Nord, depuis la fin de la 2ème guerre mondiale, s'en trouve ébranlé ! Certains experts occidentaux en matière d'analyses stratégiques, pensent déjà que la nouvelle primauté économique est « consommée » par la Chine. Elle dispose à elle seule de la plus grande réserve mondiale de devises surtout en dollars, ce qui lui permet, d'acheter et d'investir partout dans le monde, multipliant ses actifs à une vitesse vertigineuse et troublant quelque peu la puissance américaine dont elle est devenue le 1er créditeur ! Cette croissance économique, sans pareille, fluctuant entre 5 et 10% l'an permet-elle pour autant à ses pays d'exercer leur puissance politique comme ce fut le cas pour les Etats-Unis, ou la Grande-Bretagne au siècle dernier. Rien n'est acquis ! Les critères de la puissance géo-stratégique ne sont pas le fait de la seule prospérité économique. Il faut plus ! Une corrélation « dynamique » entre l'économie, le militaire, la démographie et même la culture, le tout embaumé par le « Will », l'être et la volonté de puissance… et d'ordonner le monde selon un modèle et des intérêts bien précis ! C'est ce qu'on appelle « la prédisposition au leadership ». Or pour le moment et malgré la montée des « nouvelles puissances » précitées, les Etats-Unis d'Amérique gardent, pour combien de temps…, une longueur d'avance ! Le Professeur et Stratège C. Layne dans son étude « The unipolar illusion… revisted » publiée déjà en 2006, précise les éléments essentiels qui font ce qu'il appelle « l'Hégémon » ou l'hégémonie américaine et qui sont : 1°) La capacité militaire qu'aucun autre Etat ne peut défaire, 2°) La suprématie économique dans le système international, 3°) Sa volonté d'agir selon ses intérêts sécuritaires et stratégiques et d'imposer un « ordre » qui sera « l'ordre mondial ». Il reste entendu qu'à force d'en faire mauvais usage, l'auteur et beaucoup d'autres, pensent que le système hégémonique mondial est bel et bien fissuré et le sera de plus en plus à l'avenir ! Nos craintes, devant tout cela, ce sont les réactions d'orgueil des nostalgiques de la puissance qui voudront rattraper le temps perdu sans remettre en cause leurs mauvais choix. Ce qui se passe dans le monde est bien dangereux et risque des retombées douloureuses à l'image des courses pathétiques des athlètes du 1500 ou 5000 mètres où les bousculades sont bien réelles ! La Chine qui est le candidat potentiel au nouveau podium, a bien raison de cultiver la sagesse, et de faire semblant de « dormir » encore ! La force c'est aussi la patience !