Grand maître du Tarab, Sabah Fakhri, ce grand monument de la musique arabe, est encore une fois parmi nous. Il a tenu ce lundi 26 juillet, une conférence de presse à Gammarth où un grand nombre de journalistes était à sa rencontre. Sabah Fakhri s'est montré encore bien portant et toujours pimpant malgré ses 77 ans. Dès sa rentrée en salle de conférence, il ne cessait d'égayer son entretien avec les journalistes de plaisanteries fines et de bon goût. S'adressant d'abord aux médias tunisiens, il a exprimé son grand respect pour leur mission exécutée avec fidélité et sans complaisance envers les artistes qui se produisent en Tunisie. Il a ensuite rendu hommage au festival de Carthage et au public tunisien qu'il a considéré comme un public très averti et d'un goût très raffiné et qui sait distinguer le bon grain de l'ivraie. Sabah Fakhri a ensuite répondu aux questions des journalistes qui tournaient autour de sa musique en général et de son concert à Carthage en particulier. Recordman inscrit dans le Guiness Book pour avoir tenu plus de dix heures consécutives à chanter sur scène à Venezuela, Sabah Fakhri a assuré qu'il le ferait encore volontiers : « D'ailleurs, a-t-il ajouté, il y a quelques mois, j'ai chanté à Alep du soir jusqu'au matin ! » A une question s'il compte se retirer prochainement de la scène musicale, l'artiste a répondu qu'une telle retraite n'était pas son souci pour le moment ; mais il ajouta : « Le jour où je n'aurai plus de voix, je mettrai fin à ma carrière, par respect à mon public qui m'a applaudi depuis des décennies ! » Concernant le répertoire de la soirée de Carthage, l'artiste a indiqué qu'il s'agissait du répertoire classique auquel il avait ajouté des touches de modernité. De plus, le public aura droit à deux nouvelles chansons : la première est celle du compositeur tunisien Salah El Mehdi, la seconde est écrite par un poète tunisien glorifiant les deux villes Tunis et Alep dont il a déclamé quelques vers devant l'assistance. Par ailleurs, Sabah Fakhri a parlé de ses grands projets en vue de conserver le patrimoine musical arabe : il s'agit d'un livre traitant de son parcours artistique et de l'histoire des différents genres musicaux arabes, de leur apparition et de leur évolution à travers le temps (Mouwachahat, mawawil, makamet…) « C'est un travail qui m'a coûté dix ans de recherche dans les archives du monde arabe. Ce livre comporte aussi des fragments de ma vie artistique et un inventaire de toutes les chansons que j'ai produites dans tous les genres ! Ce livre paraîtra incessamment ! » Le deuxième projet consiste en la fondation d'un grand centre de musique à Alep, sa ville natale, qui a pour tâche l'apprentissage aux jeunes et moins jeunes de la musique classique arabe. « Je suis constamment présent dans ce centre pour venir en aide à tout ce public d'apprenants qui peuvent profiter beaucoup de mon expérience. A la fin de leur formation, ils recevront un diplôme reconnu. », a-t-il expliqué. Sabah Fakhri a souligné l'amitié qui le lie avec la Tunisie et qui remonte aux années 70 ; une amitié qui s'est consolidée depuis, par une sorte de complicité entre l'artiste et le public tunisien.